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D’origine diverse, les Noirs sont présents en Saskatchewan depuis le 19e siècle

La famille Lewis William LaFayette, l'une des premières familles arrivée en Saskatchewan en 1906 de Oskaloosa, Iowa aux Etats Unis.

La famille Lewis William LaFayette, l'une des premières familles arrivées en Saskatchewan en 1906 en provenance d'Oskaloosa, en Iowa, aux États-Unis.

Photo : Site internet du Saskatchewan African Canadian Heritage Museum Inc.

Selon Statistiques Canada, il y a environ 22 570 personnes noires en Saskatchewan et elles représentent 2 % de la population provinciale. Elles font partie intégrante de l'histoire de la Saskatchewan, car leur présence dans la province remonte au 19e siècle.

Ils sont aussi le troisième groupe racisé dans la province après les personnes qui sont originaires d’Asie du Sud et des Philippines.

Selon le professeur d'histoire à l'Université Laurentienne Amadou Ba, la première vague migratoire des Noirs en Saskatchewan remonte à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.

Amadou Ba, historien, avec un visage souriant.

Selon le professeur d'histoire et sciences politiques à l'Université Nipissing et à l'Université Laurentienne Amadou Ba, la première vague migratoire des Noirs en Saskatchewan remonte à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.

Photo : Amadou Ba

Il indique que, à cette époque, le gouvernement fédéral canadien encourageait fortement l’immigration vers les Prairies canadiennes.

Le Mois de l'histoire des Noirs dans l'Ouest canadien

Consulter le dossier complet

Un dessin de personnes noires dans une prairie

Même si beaucoup de ces populations venaient d'Europe, beaucoup de Noirs fuyaient le racisme. Après la fin de l’esclavage et après la guerre civile [durant la seconde moitié du 19e siècle aux États-Unis, un conflit éclate entre le nord abolitionniste et le sud esclavagiste] il s’en est suivi un racisme très violent accompagné de lynchage, explique l’historien.

De 1905 à 1912, entre 1000 et 1500 Afro-Américains ont fui le racisme dans le sud des États-Unis et se sont installés à Amber Valley, à Campsie, à Wildwood et à Breton, en Alberta, ainsi qu'à Maidstone, en Saskatchewan.

[Cette migration] est en retard par rapport à l’est canadien où, dès le début du 17e siècle, on voit des Noirs au Canada avec l’esclavage, affirme Amadou Ba.

Une communauté résiliente

M. Ba souligne que ces personnes étaient surtout à la recherche de terres fertiles et venaient des États-Unis, principalement de Georgie, d’Oklahoma, du Kansas ou encore des environs de Chicago.

Ça a été une communauté très résiliente. Ils sont venus en petit nombre, et une fois dans les Prairies, ils devaient faire face au climat rigoureux, ensuite trouver des terrains, se loger, construire. Et c’est au plus fort de ces défis qu’ils ont tiré leurs forces, affirme Amadou Ba.

Ils ont créé des communautés agricoles et même des institutions religieuses, sociales et éducatives. Ils ont habité dans des communautés séparées et ne se sont pas mélangés avec les Euro-Canadiens.

Une citation de Amadou Ba, professeur d'histoire à l'Université Laurentienne
Carol LaFayette-Boyd, une aAfro-cCanadienne née en Saskatchewan.

Carol LaFayette-Boyd, Afro-Canadienne née en Saskatchewan.

Photo : Radio-Canada / Clara Fortin

Carol LaFayette-Boyd est née en Saskatchewan. Sa famille est arrivée dans la province en provenance de l'Oklahoma et de l'Iowa au début du 20e siècle.

Je suis descendante de deux groupes venus en Saskatchewan. Le côté de mon père est arrivé en 1906 et celui de mon arrière-grand-mère est venu en 1910 à Maidstone, avec la colonie de l'Alberta et d’Amber Valley, explique-t-elle.

Carol LaFayette-Boyd ajoute que la première personne documentée comme étant le premier Noir en Saskatchewan se nomme Alfred Schmitz Shadd. Il est arrivé dans la province comme enseignant en 1896.

À cette époque, d'autres personnes sont venues de différents endroits pour travailler sur le chemin de fer. Nous reconnaissons qu'il y en a probablement d'autres, car je vois dans les Territoires du Nord-Ouest qu'il y avait un cuisinier pour la police de Northwest Manor, probablement dans les années 1800, en tout cas avant que la Saskatchewan ne devienne une province, ajoute-t-elle.

Cette migration a été rapidement étouffée par un décret en 1911, sous le gouvernement du premier ministre Wilfrid Laurier, qui restreignait la migration des Noirs vers le Canada.

Ce décret du Conseil privé adopté le 12 août 1911 visait à interdire à toute personne noire d’entrer au Canada pour une période d’un an parce que la race noire [...] est considérée comme inadaptée au climat et aux exigences du Canada.

Amadou Ba précise qu'il a fallu attendre les changements apportés au système d'immigration du Canada avec le gouvernement du premier ministre Louis S-Laurent, dans les années 1950, pour déclencher une autre grande vague de migration des Noirs.

Il explique qu'à l'époque le Canada cherchait à accueillir des travailleurs pour favoriser la croissance économique après la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi que plusieurs Noirs originaires des Caraïbes, d'Afrique et des Amériques se sont installés au Canada.

Faire face à la discrimination et au problème de l’emploi

Selon Statistique Canada, le niveau d'éducation des populations noires varie considérablement.

À titre d’exemple, 46,3 % des enfants noirs d'immigrants africains ont obtenu une licence ou un diplôme supérieur, comparativement à 15,8 % des enfants noirs de parents nés au Canada, indique l’agence fédérale

Selon le recensement de 2021, près d'un tiers (32,4 %) de la population noire âgée de 25 à 64 ans détient une licence ou d'un diplôme supérieur, comparativement à 27 % en 2016 et 19,9 % en 2006.

Ce chiffre est similaire à la moyenne de 2021 pour l'ensemble de la population âgée de 25 à 64 ans (32,9 %).

Cependant, les Noirs font toujours face à des difficultés en matière d’emploi.

Le président de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAF-SK), Jean Népo Murwanashyaka, estime que les Noirs font toujours face à la discrimination et au racisme.

Le président de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAF-SK), Jean Népo Murwanashyaka.

Selon le président de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAF-SK), Jean Népo Murwanashyaka, les Noirs font toujours face au racisme et à la discrimination.

Photo : Radio-Canada / Clara Fortin

Selon lui, les Noirs francophones qui habitent dans des milieux majoritairement anglophones sont les plus vulnérables.

Parfois tu postules à des emplois et on voit ton nom et on dit que ton accent n’est pas bon. Parfois, on va te demander de répéter et même si on le dit, c’est de la discrimination, car on a déjà des idées préconçues. Mais, avec le temps, on s’y habitue et on essaie de communiquer, déplore Jean Népo Murwanashyaka.

Il ajoute que beaucoup d'immigrants noirs ont du mal à faire reconnaître leurs diplômes et leur expérience professionnelle.

Si on vient et qu'on est éduqué, la reconnaissance des diplômes n' est pas vraiment automatique, qu'on soit médecin, ingénieur, comptable, ou journaliste, ce n'est pas toujours facile d’entrer dans le métier alors qu’on est qualifié, dit-il.

Jean Népo Murwanashyaka affirme cependant que, même si certains migrants peinent à s'intégrer, les nouvelles générations et les enfants issus de familles noires qui naissent au Canada s’adaptent plus facilement.

La plupart des immigrants africains sont seuls, il n’y a pas de soutien familial, il n'y a pas de grands-parents, les enfants nées ou ayant grandi ici ont moins de défis. Ils grandissent avec la communauté fransaskoise et saskatchewanaise et, donc, ils s'adaptent plus facilement et ils ont les parents qui les soutiennent, précise-t-il.

De son côté, Carol LaFayette-Boyd évoque le racisme que continuent de vivre les Noirs un peu partout.

Il y a beaucoup de choses qui vont mieux de nos jours. Mais mes enfants et mes petits-enfants sont victimes de racisme, tout comme mes neveux et mes nièces, ce que je n'ai jamais connu. Je pensais que c'était fini, déplore-t-elle. Je pense que le plus important, c'est d'avoir conscience que l'on est un être humain et que l'on ne mérite pas d'être traité de la sorte. Et pour moi, c'est ma foi, comme si Dieu m'aimait et que c'était suffisant.

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