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Stéphane Ingo, le « leader silencieux » qui inspire la jeunesse burundaise

Stéphane Ingo est debout devant des élèves assis sur une estrade.

Stéphane Ingo retourne régulièrement dans son école secondaire de Sainte-Famille, à Mississauga, pour parler avec les élèves.

Photo : Radio-Canada / Pelin Sidki

Du haut de ses 2,06 m (6 pieds 9), Stéphane Ingo impressionne autant par ses facultés athlétiques que par son parcours. Sa vie rythmée par le basketball a pris un premier tournant lorsqu'il a quitté le Burundi avec sa famille, à 6 ans. Les proches du joueur des Sea Bears de Winnipeg estiment qu'il est un modèle pour les jeunes qui rêvent d’une carrière professionnelle.

La carte de Bujumbura, l'ex-capitale du Burundi, est accrochée au mur du salon familial et rappelle que c'est à cet endroit qu'est née la passion du petit Stéphane pour le basketball.

Une carte de Bujumbura accrochée au mur.

Stéphane Ingo est né à Bujumbura le 8 juin 1999.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

À l'époque, sa sœur Laura Marvela Intungane tentait encore de rivaliser avec lui. Il me battait tout le temps. Il m'a dépassée en taille tellement vite que je n'ai pas vraiment eu la chance de m'améliorer, raconte-t-elle.

Le pays, qui était à l'époque en pleine guerre civile, demeure un vague souvenir pour Stéphane Ingo. Je me rappelle juste être avec la famille et mes sœurs, de jouer dehors et d’être un enfant sans stress, raconte-t-il.

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Un dessin de personnes noires dans une prairie

Il n'a réalisé la gravité de la guerre qu’en grandissant. Mes parents parlaient un peu de cela. J'ai réalisé plus tard ce qui s’était passé. Je pense que j'étais trop trop jeune pour vraiment comprendre.

Stéphane Ingo regarde des photos avec sa mère et sa sœur.

De gauche à droite, Laura Marvela Intungane (la sœur de Stéphane Ingo), Espérance Kamangaza (sa mère) et Stéphane Ingo.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

Les parents de Stéphane Ingo ont finalement décidé de quitter le Burundi en compagnie de leurs trois enfants. Ils se sont installés à Montréal dans un premier temps et ils sont ensuite allés vivre à Toronto en 2006.

Dans plusieurs photos prises à cette époque, Stéphane Ingo portait souvent les maillots de la défunte vedette du basketball Kobe Bryant.

Stéphane Ingo porte un maillot de Kobe Bryant sur une photo datant de son enfance.

Stéphane Ingo (en bas à droite de la photo), avait plusieurs maillots à l’effigie de la vedette du basketball Kobe Bryant.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

Lorsque nous sommes arrivés au Canada, j'ai commencé à regarder la NBA avec les Raptors. Ça, c'est quand Kobe était vraiment à son niveau le plus haut, affirme-t-il. J'aimais vraiment son style. C'est quelqu'un qui ne se laissait pas défaire même en face de plusieurs défis. Il a toujours été plus fort.

Le sport : une langue et une culture universelle

Que ce soit à l’école ou dans le voisinage, Laura Marvela Intungane se souvient d’avoir passé une grande partie de son enfance sur des terrains de sport en compagnie de son frère.

Que ce soit le soccer ou le basket, on était toujours dehors. Quand tu as déjà grandi dans un environnement complètement différent et quand tu changes de milieu, ça peut être un peu difficile de s'intégrer. Et pour nous, c'était le sport, pour rencontrer les voisins, rencontrer les autres enfants dans notre voisinage.

Une citation de Laura Marvela Intungane, sœur de Stéphane Ingo
Stéphane Ingo est sur un banc au bord du terrain de basket avec ses coéquipiers.

Stéphane Ingo et son ami d'enfance et ex-coéquipier Mathieu Surnois (à sa gauche) ont évolué plusieurs années dans la même équipe.

Photo : Fourni par Stéphane Ingo

C’est donc avec le basketball que Stéphane Ingo se fait ses meilleurs amis au monde, comme Mathieu Surnois, qui était alors nouveau dans l’école.

Stéphane, c'est quelqu'un qui attire beaucoup de gens, souligne-t-il. Naturellement, ils s'intéressent à lui. C'est comme un aimant. Je pense que c'est juste un de ses talents.

L'âme d’un grand du basketball

Stéphane Ingo a commencé à faire ses preuves en basketball à l’école francophone Sainte-Famille de Mississauga, en Ontario.

Lorsque le jeune joueur a participé à une journée d'initiation en 4e année, l'entraîneur, Derron Croteau, a immédiatement perçu beaucoup de confiance exprimée de façon silencieuse.

C'était la première fois que je voyais quelqu'un d’environ 8 ou 9 ans, mais qui avait une grande confiance personnelle. En rentrant dans le gymnase, il a pris un ballon et a commencé déjà à dribler, à prendre des lancées. Il a un talent caché.

Une citation de Derron Croteau, entraîneur de basketball au secondaire

Depuis, Stéphane Ingo revient chaque année ou presque sur les parquets de son école secondaire pour rencontrer la nouvelle génération.

Stéphane Ingo est devant des élèves dans un gymnase.

Stéphane Ingo répond aux questions des élèves qui le plus souvent demandent comment faire pour devenir basketteur professionnel.

Photo : Radio-Canada / Pelin Sidki

Même en rentrant dans l'école ce matin, il y a plusieurs yeux qui se sont tournés. Ils se sont dit : "Oh là là, c'est qui, ça?" Et c'est l'effet que procure tout ancien élève qui rentre dans l’école, raconte l’entraîneur, admiratif du parcours de [s]on jeune.

Aux États-Unis, ça commençait à être sérieux

À 17 ans, Stéphane Ingo s’est envolé pour les États-Unis lorsque les Black Bears de l’Université du Maine l’ont intégré à leur effectif.

Stéphane Ingo a la balle lors d'un match de basketball.

Stéphane Ingo a joué pour les Black Bears de l'Université du Maine de 2019 à 2022.

Photo : Sea Bears de Winnipeg

Pour moi, c'était une opportunité de continuer à jouer, mais aussi d'avoir mes études gratuites [grâce à des bourses]. Mais je savais aussi qu'il y avait beaucoup de travail à faire, mais c'était excitant. Ça commençait à être sérieux.

Son ami d’enfance Travis Kazadi s’en souvient. C’est à ce moment que les regards sur Stéphane ont changé.

Ce qui est normal parce qu'on est tous à la même école. On veut savoir ce qu'il fait. On veut faire partie de tout ce qui est en train de se passer, affirme-t-il.

Toute la communauté burundaise connaît Stéphane

Sa mère, Espérance Kamangaza, se rappelle de son transfert aux États-Unis comme d’un moment charnière.

Les Burundais qui sont ici [à Toronto], il y en a plusieurs qui sont venus nous voir pour nous demander comment il a fait pour aller loin, comment il a pu faire pour devenir un joueur professionnel.

Une citation de Espérance Kamangaza, mère de Stéphane Ingo

Elle assure que, si toute la communauté connaît le parcours de Stéphane, tous ne réalisent pas l’ampleur des sacrifices pour accéder au haut niveau. Elle rappelle que, pour allier l’école et le basketball, son fils pouvait travailler jusqu’à 3 h du matin pour terminer ses devoirs.

Elle évoque aussi un enchevêtrement de circonstances favorables, des rencontres avec les bons coachs, et des ressources financières suffisantes. Il faut payer les inscriptions et, des fois, c'est quand même un grand montant d'argent.

Laisser sa marque

À tout juste 24 ans, Stéphane Ingo est encore loin de penser à l'héritage qu'il laissera dans son sport.

Stéphane Ingo regarde un match de basketball depuis des gradins.

Stéphane Ingo a pour but d'aider la jeunesse à réussir dans le basketball, en particulier ceux qui, comme lui, sont originaires du Burundi.

Photo : Radio-Canada / Hugo Levesque

Je pense que je vais laisser une bonne marque, mais ce n'est pas vraiment une chose à laquelle je pense constamment, indique l'athlète qui joue avec les Sea Bears de Winnipeg depuis avril 2023.

Yoosrie Salhia, l’entraîneur qui le suit depuis plus de 10 ans, est convaincu que ce premier pas dans la Ligue élite canadienne de Basketball va réussir au joueur. Pour faire des contres, c’est probablement le meilleur que j'ai jamais entraîné, affirme-t-il.

Stéphane Ingo en plein saut pour contrer son adversaire.

Stéphane Ingo réalise un contre en plein match.

Photo : Fourni par Stéphane Ingo

C’est qu’il est un excellent exemple pour beaucoup d'élèves athlètes parce que, bien souvent, ces étudiants oublient un peu le côté académique, ajoute l'entraîneur.

Stéphane Ingo tient à se concentrer sur les jeunes de la communauté burundaise qui aspirent à rejoindre les rangs des équipes professionnelles.

Je sais qu'au Burundi il n'y a pas autant de ressources et autant d'opportunités pour ces jeunes. Si je peux leur donner une direction, leur éviter des erreurs, ça peut les aider. Mais la réalité, c’est qu’ils vont devoir vraiment travailler fort, affirme-t-il.

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