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Véhicules électriques : une pénurie de matières premières « imminente », selon une étude

Des ouvriers assemblent des voitures sur une chaîne de montage.

Des ouvriers assemblent des voitures électriques Volkswagen dans une usine située à Dresde, en Allemagne.

Photo : Getty Images / Sean Gallup

Radio-Canada

Les constructeurs automobiles ne suffiront pas à la demande pour des véhicules électriques si les gouvernements et l’industrie ne s’attaquent pas à une série de problèmes majeurs, à commencer par la disponibilité des ressources nécessaires à la construction de batteries et de matériel électronique, prévient une vaste étude américaine sur la mobilité.

Dans le document intitulé The Moving World Report  2023 Macro and Micro Trends in Mobility, publié par la société d’investissement en transport UP.Partners [disponible à la fin de cet article], les auteurs anticipent une pénurie imminente de matières premières pour les batteries. Ces pièces cruciales nécessitent de grandes quantités de minéraux, dont la demande est déjà en explosion dans le monde.

Parmi ces minéraux qu'on dit critiques ou stratégiques se trouvent le cuivre, le graphite, le niobium, le zinc, le cobalt, le nickel, le lanthane, le titane, le lithium, le platine et plusieurs autres métaux raffinés qui entrent dans la composition notamment de batteries, de piles à combustible et de cellules photovoltaïques. Des technologies indispensables pour soutenir la transition énergétique.

La demande multipliée par dix

Les auteurs du rapport estiment que la demande de batteries pour les véhicules électriques devrait être multipliée par 10 ou plus d'ici 2030, mais qu'une dislocation massive entre la demande et l'offre de matériaux clés tels que le lithium, le cobalt et le nickel est susceptible de faire flamber le coût des véhicules électriques pour les consommateurs.

Au Canada, cette flambée de la demande a incité le gouvernement fédéral à donner un coup de fouet dans le secteur minier afin de développer et, surtout, d'accélérer l'extraction des métaux dits critiques dont une partie de la production et la transformation sont contrôlées par la Chine et la Russie.

Des batteries empilées sont en voie d'être recyclées.

Le recyclage des batteries de véhicules électriques est encore peu développé en comparaison de la production actuelle de batteries.

Photo : Soumis par Lithion Recycling

Outre la disponibilité des ressources nécessaires à la fabrication de ces millions, voire ces milliards, de batteries de voitures et de camions, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale sont un autre facteur qui laisse croire aux experts que la demande des consommateurs pour ces VE pourrait ne pas se matérialiser aussi rapidement que prévu.

C’est déjà le cas dans la mesure où il faut parfois attendre plus de deux ans pour prendre livraison d’un véhicule électrique neuf chez les concessionnaires. Cette situation devrait inciter les consommateurs à conserver des véhicules à essence encore un bon moment, indique-t-on.

Et les pétrolières le savent. Le géant britannique des hydrocarbures British Petroleum, qui a doublé ses bénéfices l’an dernier – à 27,7 milliards de dollars – a d’ailleurs annoncé mardi qu’il ralentissait sa transition vers les énergies propres et qu’il continuera d’investir des milliards de dollars dans le pétrole et le gaz d’ici 2030.

L’avenir de la mobilité zéro émission demeurera une fantaisie, à moins que des innovations radicales soient déployées.

Une citation de Extrait de The Moving World Report – 2023 Macro and Micro Trends in Mobility

D’un point de vue plus pratico-pratique, l’insuffisance des infrastructures de recharge et leur faible rendement constituent également un obstacle de taille à la croissance soutenue du parc automobile électrique à brève et moyenne échéance, soulignent les auteurs de l’étude.

L'étude The Moving World Report publiée par UP.Partners (Nouvelle fenêtre) se fonde sur des dizaines d'entretiens et des données techniques et financières provenant d'études de l'Agence internationale de l'énergie, de l'Administration américaine d'information sur l'énergie, de McKinsey, de la Silicon Valley Bank, de l'Université Carnegie Mellon et d'autres organismes.

Aura-t-on assez d'électricité?

L’arrivée sur le marché en quelques années de millions de véhicules qui nécessiteront de l’électricité pour se recharger représentera également une charge supplémentaire importante pour les réseaux électriques existants, indique le rapport de 125 pages. Et il n’y a pas que les voitures qui se tournent vers l’électricité. L’industrie aéronautique et navale de même que l'industrie manufacturière en général font de même.

Un problème auquel on réfléchit intensément au Québec.

Dans un mémoire déposé la semaine dernière par Hydro-Québec, la société d’État estimait qu’il lui faudrait construire pas moins de 13 barrages supplémentaires – l'équivalent de 23 000 mégawatts – pour répondre à toutes les demandes d’alimentation des entreprises attirées au Québec par le faible coût de l’électricité.

Un paysage désertique avec, au centre, une centrale camouflée dans une épaisse fumée blanche

De la vapeur s’échappe des cheminées de la centrale thermique au charbon Jim Bridger à Rock Springs, au Wyoming. Le charbon est encore utilisé pour produire 20 % de l'électricité consommée aux États-Unis.

Photo : Reuters / Jim Urquhart

Les capacités de production électrique constituent en effet l’un des plus importants obstacles à la croissance des véhicules électriques qui doivent être rechargés à partir du réseau, surtout dans les régions où l’électricité est produite par des sources polluantes comme le charbon, le gaz ou encore le nucléaire.

En 2022, la production d’électricité aux États-Unis était responsable de 31 % des émissions de GES alors que le transport en générait 37 %. En définitive, une transition massive vers des véhicules électriques rechargeables pourrait faire sensiblement augmenter la production de GES aux États-Unis, plutôt que la réduire, si la production électrique demeure aussi polluante.

Sans compter que le chemin vers la transition énergétique verte demeure semé d'embûches aux États-Unis. En juin dernier, la Cour suprême des États-Unis a en effet statué que l'Agence pour la protection de l'environnement (EPA) ne pouvait pas édicter de règles générales pour réguler les émissions de GES des centrales au charbon, qui produisent actuellement près de 20 % de l'électricité aux États-Unis.

Sans pratiques d'innovation agressives, et une action décisive des gouvernements en matière de changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre liées au transport devraient encore augmenter de 11 % d'ici la fin de la décennie, prévoient les auteurs de l’étude.

Une citation de Extrait de The Moving World Report  2023 Macro and Micro Trends in Mobility

Un tel scénario contraste fortement avec la nécessaire réduction d’au moins 20 % dont le monde a besoin pour avoir une chance réaliste d'atteindre le niveau net zéro d'ici 2050, ajoutent les auteurs de l'étude.

L'hydrogène constitue l'avenir de l'aviation

Au-delà des transports terrestres, Up.Partners s’est également penché sur l’électrification de l’aviation où il a noté une augmentation spectaculaire des livraisons de marchandises par drone en 2022 et une pénurie potentiellement paralysante de pilotes d'ici 2030 si l'engouement pour ces appareils légers pilotés à distance se poursuit.

Un taxi Cora, le taxi volant développé par Kitty Hawk dans un ciel bleu.

Plusieurs entreprises souhaitent exploiter des transports en taxi volant au cours des prochaines années.

Photo : Kitty Hawk

L’électrification des avions présente également un défi technique de taille dans la mesure où les batteries conventionnelles sont trop lourdes pour représenter une option énergétique viable pour des appareils qui doivent voler sans polluer.

C’est pourquoi on se tourne davantage vers l’hydrogène pour alimenter les futurs avions électriques. Selon Cyrus Sigari, reconnu comme l’un des experts mondiaux en matière de mobilité aérienne, l’hydrogène constitue la seule voie rationnelle pour réduire les émissions de carbone de l’industrie de l'aviation au cours des 20 prochaines années.

The Moving World Report – 2023 Macro and Micro Trends in Mobility by Radio-Canada on Scribd

Avec les informations de Reuters

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