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Vaste enquête de la GRC sur des allégations d'abus sexuels dans un ancien pensionnat

Une vieille photo en noir et blanc montre le bâtiment de trois étages.

Le pensionnat pour Autochtones de Fort Alexander a été ouvert de 1904 à 1970. La GRC a enquêté pendant 10 ans sur des allégations d'agressions sexuelles qui s'y seraient produites.

Photo : Fonds George Harris /Archives du Manitoba

  • Sylviane Lanthier

La Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui mène depuis plus de 10 ans une vaste enquête sur des allégations de violences sexuelles dans un ancien pensionnat pour Autochtones au Manitoba, vient de transmettre son dossier au service des poursuites de la province.

L’enquête de la GRC porte sur des événements survenus dans le pensionnat de Fort Alexander, qui a ouvert en 1904 sur le territoire de la Première Nation de Sagkeeng, située 100 kilomètres au nord-ouest de Winnipeg. Le pensionnat a fermé ses portes en 1970 pour devenir une école de jour.

L’enquête criminelle, qui a débuté en 2011, a permis d’obtenir 75 déclarations officielles de la part de victimes et de témoins, indique la GRC dans un communiqué mardi.

Cette enquête est la seule menée par la GRC du Manitoba sur les pensionnats pour Autochtones en ce moment, précise-t-elle.

Selon la GRC, le service des poursuites, qui examine le dossier, lui fournira des conseils sur les accusations qui pourraient être portées.

Le destin tragique des victimes de pensionnats pour Autochtones

Consulter le dossier complet

Une femme autochtone se recueille près de souliers d'enfants déposés sur des marches en ciment.

Une vaste enquête à caractère historique

La GRC a d'abord lancé, en février 2010, une enquête visant à recueillir des renseignements pour déterminer la nature et l'envergure des événements qui se seraient produits dans le pensionnat.

Les enquêteurs cherchaient alors à retrouver toutes les personnes concernées et à recueillir des renseignements historiques pertinents.

Ils ont consulté des archives à Ottawa ainsi que des milliers d’autres documents aux Archives du Manitoba, dont des listes d'élèves et d'employés et des relevés trimestriels.

Dans le cadre de l'enquête criminelle qui a suivi, ils ont interrogé les personnes dont les noms figuraient dans ces documents ainsi que les résidents de la région où le pensionnat était situé. Ils ont ainsi communiqué avec plus de 700 personnes en Amérique du Nord pour trouver toutes les victimes et tous les témoins potentiels.

Plus de 80 enquêteurs ont participé à cette enquête, précise le communiqué. Ces derniers ont collaboré avec les dirigeants des Premières Nations du Manitoba et rencontré le chef et le conseil de bande de la Première Nation de Sagkeeng.

Alors qu’il participait à une conférence de presse, mardi, le ministre de la Justice du Manitoba, Cameron Friesen, a réagi en affirmant qu’il s’agissait d’une enquête extrêmement importante de la GRC et que le travail continue.

Les procureurs de la Couronne doivent maintenant déterminer quel sera le plan d’action, a-t-il dit.

Le ministre a reconnu que la journée sera difficile pour les témoins et les victimes qui doivent revivre des événements douloureux et rappelé l’importance des démarches de réconciliation. Nos pensées et nos prières vont vers la communauté qui souffre profondément, a-t-il ajouté. J’ai beaucoup de respect pour le chef de la Première Nation de Sagkeeng quand il parle des dégâts considérables subis par les personnes et par la communauté elle-même. Le fait que cette enquête soit rendue publique aura un impact aujourd’hui, et nous devons être attentifs envers la communauté.

Un dossier sensible

La GRC a dérogé à sa pratique habituelle de ne pas discuter des enquêtes en cours, estimant qu’il était dans l'intérêt public de fournir le plus de renseignements possible dans ce cas-ci, étant donné ses implications sociales et le nombre de personnes touchées.

La GRC demande en même temps au public de respecter la vie privée des personnes concernées. Aucune accusation n’a encore été portée, et l’enquête fait resurgir des événements douloureux et traumatisants pour les survivants, explique le communiqué.

Nous vous demandons de respecter le traumatisme que notre communauté a vécu et continue de vivre tous les jours et de respecter la vie privée de toutes les personnes touchées, déclare Derrick Henderson, le chef de la Première Nation de Sagkeeng, dans le communiqué de la GRC.

La semaine dernière, Derrick Henderson a rappelé que les aînés et les survivants de la Première Nation de Sagkeeng ont déjà témoigné publiquement des violences et des disparitions d’enfants en lien avec ce pensionnat, notamment pendant les travaux de la Commission de vérité et réconciliation.

En 1990, Phil Fontaine, qui était alors président de l’Assemblée des chefs du Manitoba, avait, le premier, parlé publiquement des agressions qu’il avait subies et demandé une enquête publique sur les pensionnats.

La Première Nation de Sagkeeng mène une campagne de financement pour couvrir les coûts des recherches menées à l'aide d'un géoradar, afin de trouver d’éventuelles tombes anonymes près de l’ancien pensionnat.

Ligne bilingue d'appui pour les survivants des pensionnats pour Autochtones : 1 866 925-4419

  • Sylviane Lanthier

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