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Sur fond de recul de leurs droits, des personnes LGBTQ+ se rassemblent à Fredericton

Le thème de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie est celui du recul des droits de la personne.

Des dizaines de personnes debout dehors devant l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. Un homme exhibe un écriteau sur lequel est écrit « Hands Off Policy 713 ».

Des personnes rassemblées samedi à Fredericton ont dénoncé les modifications à la politique 713.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

Radio-Canada

Un rassemblement en appui à la communauté LGBTQ+ du Nouveau-Brunswick s’est déroulé samedi après-midi dans la capitale provinciale.

Environ 125 personnes se sont réunies à Fredericton, au lendemain de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, que l’on souligne le 17 mai, la date où, en 1990, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) retira l'homosexualité de sa Classification internationale des maladies.

Un groupe de personnes de dos, debout dans l'herbe, faisant face à l'édifice de l'Assemblée législative. Une personne au centre agite un drapeau arc-en-ciel.

Le rassemblement de samedi a eu lieu devant l'édifice où se trouve l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, à Fredericton.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

Les participants voulaient célébrer les avancées en matière de droits et libertés des personnes, tout en dénonçant la montée en parallèle d'un discours intolérant et de démonstrations de violence envers les individus.

Ce qui est important de dire, c'est que depuis la dernière décennie, il y a eu clairement des avancées importantes sur le plan législatif, sur le plan de l'acceptation sociale des personnes LGBTQ+, sur le plan de l'inclusion. Il faut s'en féliciter, a déclaré Laurent Breault, le directeur général de la Fondation Émergence, en entrevue vendredi soir au Téléjournal Acadie.

Par contre, depuis les deux dernières années, en fait, on voit ce qu'on appelle le phénomène du ressac - ou en anglais, le phénomène du backlash, a-t-il dit.

Lors de la manifestation de samedi, les changements controversés à la politique 713, une directive sur la façon dont on ordonne aux écoles publiques de la province d’agir envers les élèves non-binaires ou transgenres, étaient justement sur les lèvres de la plupart des manifestants.

C'était le cas de la d'Émily Muckler, qui assure la présidence d'Alter Acadie.

On est ici pour rappeler au gouvernement que ces personnes-là [personnes homosexuelles, transgenres et bisexuelles] existent et qu’elles ont besoin d’être respectées, a déclaré Émily Muckler, qui dit croire que le gouvernement se sert de cet enjeu pour détourner l'attention de dossiers plus importants.

Une personne debout à l'extérieur, un drapeau autour des épaules, pose pour une photo en tenant une affiche sur laquelle est écrit « Protégez les enfants trans ».

Dominique Léger tenait à être à la manifestation samedi parce qu'iel est inquiet de l'impact de la politique 713 sur les jeunes trans de la province.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

Dominique Léger s'est iel aussi déplacé à la manifestation afin de dénoncer la rhétorique du gouvernement de Blaine Higgs à l'endroit des jeunes trans et queer de la province.

Le langage que notre gouvernement provincial utilise est très dangereux et inquiétant, on voit vraiment une influence de l’extrême droite américaine, chez-nous au Nouveau-Brunswick, et je trouve que c’est vraiment inquiétant pour la sécurité de nos jeunes dans nos écoles en ce moment, surtout avec la révision de la politique 713, ça fait peu honnêtement.

Dénoncer les idées dépassées

Émergence, un organisme à but non lucratif qui lutte contre l’homophobie à travers différentes actions, souhaite cette année attirer l’attention sur le recul des droits de la personne avec son thème Dénoncer les idées dépassées.

Plus les communautés LGBTQ+ s'affirment, prennent la place qui leur revient, gagnent en liberté, gagnent en droits et en protection, malheureusement cela crée une réaction négative chez certaines personnes et certains groupes, qui se traduit par de la violence physique ou des politiques publiques défavorables, a indiqué M. Breault.

Pourtant, en marge des politiques publiques mises en place par le gouvernement, les résidents des provinces de l’Atlantique ne sont pas particulièrement homophobes, souligne Laurent Breault.

Selon les données de nos sondages menés par Léger Marketing, ce qui est intéressant, c'est que c'est quand même des provinces [en Atlantique] où les gens sont plus susceptibles de connaître dans leur entourage des personnes LGBTQ+, où que les personnes LGBTQ+ se sentiraient plus acceptées par leurs proches, affirme-t-il.

Fait à noter par contre, pour les personnes trans, il y a encore énormément de difficultés. C'est 18 % des répondants et répondantes dans les provinces atlantiques qui disent qu'ils accepteraient difficilement qu'un proche fasse une transition de genre, note M. Breault.

Une personne debout à l'extérieur, coiffée d'une perruque fuchsia frisée, avec des manifestants derrière.

Matante Maboule était présente samedi lors de la manifestation à Fredericton.

Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Trozzo

Même si l'artiste drag Matante Maboule dit avoir été chanceuse de ne pas avoir vécu d'incidents malheureux par rapport à son identité, elle dit avoir été témoin de haine dans la province..

On a besoin de se faire entendre en ce moment, je veux qu’on sache qu’il y a une communauté queer vivante et vibrante ici, a-t-elle dit lors de la manifestation de samedi. Quand je vois d'autres drag queens qui essayent de faire des shows dans des places plus rurales et qu'elles reçoivent des menaces de mort, c'est sûr que ça continu. Je vois clairement la haine envers la communauté queer ici au Nouveau-Brunswick.

Un dossier loin d'être réglé

Les provinces de l’Atlantique suivent la tendance que l’on observe partout au pays, c’est-à-dire que les Canadiens semblent considérer que la question des droits et libertés des personnes LGBTQ+ est un dossier réglé, explique M. Breault.

C'est les provinces au Canada qui se sentent le moins concernées par les enjeux LGBT, dit M. Breault. C'est très représentatif de l'ensemble du Canada [...] On pense un petit peu que tout est réglé, tout est beau y'en a pas de problème, mais dans les faits ce n'est pas le cas.

D’où l’importance, insiste le représentant de la Fondation Émergence, d’attirer l’attention sur un recul des droits et une hausse des incidents discriminatoires ces deux dernières années.

Il y a une manière d'ouvrir la discussion, d'échanger, d'expliquer, puis vraiment de considérer que les personnes LGBTQ+ doivent être, elles-mêmes, consultées et au cœur des décisions publiques qui sont prises, conclut Laurent Breault.

D’après le reportage de Louis-Philippe Trozzo et les renseignements de Janic Godin

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