Transition énergétique : l’offre de minéraux critiques sera insuffisante, estime l’AIE
Des bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM dans le désert d'Atacama, au Chili. (Photo d'archives)
Photo : AFP / MARTIN BERNETTI
La popularité des véhicules électriques augmente, ceux-ci étant présentés comme un des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de limiter le réchauffement climatique. Cependant, l'offre de minéraux et de métaux essentiels à la fabrication de batteries ne pourra pas suivre ce bond de la demande, prévient l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son deuxième rapport annuel à ce sujet, publié vendredi.
L'AIE projette que d'ici 2035, un écart considérable
apparaîtra entre l'offre et la demande potentielles pour des minéraux et des métaux critiques. Plus précisément, l'offre ne couvrira que 70 % des besoins en cuivre et 50 % des besoins en lithium, précise le rapport.
Le marché bien approvisionné d'aujourd'hui n'est peut-être pas un bon guide pour l'avenir. L'expansion du déploiement des énergies propres s'accompagne d'une augmentation de la demande en minéraux critiques
, prévient l'AIE.
Augmentation exponentielle de la demande
En 2023, les besoins en lithium ont connu une hausse de 30 % (il s'agit du minerai dont la demande croît le plus rapidement). La demande en nickel, en cobalt et en graphite a quant à elle connu des augmentations allant de 8 % à 15 %.
Selon l'AIE, cette augmentation est en partie attribuable aux près de 14 millions de véhicules électriques vendus dans le monde en 2023, soit une augmentation de 35 % en un an. De plus, le déploiement de panneaux solaires et d'éoliennes a affiché une croissance de 75 % dans le monde.
La mine de lignite d'Inden près d'Eschweiler, en Allemagne. (Photo d'archives)
Photo : Getty Images / Bernd Lauter
Les applications d'énergie propre sont devenues le principal moteur de la croissance de la demande pour plusieurs minéraux critiques.
Les experts prévoient d'ailleurs que la part des ventes de voitures électriques passera de 18 % aujourd'hui à 65 % en 2030, ce qui aura pour effet de multiplier par 7 la demande en batteries. D'ici 2050, cette demande devrait être multipliée par 14.
Le SUV compact Macan est le premier véhicule entièrement électrique à être produit dans l'usine Porsche de Leipzig, en Allemagne. (Photo d'archives)
Photo : AFP / RONNY HARTMANN
Diversification limitée de l'offre
Dans son rapport, l'AIE met également l'accent sur les besoins de diversification de l'approvisionnement face à l'hégémonie de la Chine, notamment en ce qui a trait à la fabrication de deux composants clés des batteries automobiles, soit les anodes (98 % de la production vient de ce pays) et les cathodes (90 %).
Plus de la moitié du processus de production du lithium et du cobalt se passe en Chine. Et ce pays domine l'intégralité de la chaîne de production du graphite
, utilisé aussi bien dans les batteries que dans l'industrie nucléaire, selon le rapport.
Une société minière chinoise a mis en service une usine de traitement du lithium au Zimbabwe, soit un des pays au monde qui possèdent parmi les plus grandes réserves de ce minerai. (Photo d'archives)
Photo : Associated Press / Tsvangirayi Mukwazhi
Selon l'AIE, cette concentration de l'offre rend les chaînes d'approvisionnement plus vulnérables aux perturbations, qu'elles soient dues à des conditions météorologiques extrêmes ou à des différends commerciaux ou géopolitiques.
La forte concentration du marché signifie qu'il existe un risque de pénurie importante de l'offre si, pour une raison quelconque, l'offre du plus grand pays producteur est interrompue.
De plus, l'AIE craint qu'il y ait des tensions
dans l'approvisionnement mondial en minéraux et en métaux critiques indispensables à la transition énergétique. Elle favorise donc une hausse des investissements miniers pour que la planète parvienne à limiter son réchauffement à 1,5 degré d'ici la fin du siècle.
La chute des cours des minéraux critiques
comme le cuivre, le lithium ou le nickel utilisés dans le transport de l'électricité ou dans les batteries des véhicules électriques, dans les éoliennes et dans les panneaux solaires masque le risque de tensions à venir dans l'approvisionnement
, indique l'organisation.
Elle estime notamment à 800 milliards de dollars américains le montant total des investissements miniers nécessaires dans le monde d'ici 2040 pour que la planète respecte l'objectif fixé par l'accord international de Paris sur le climat conclu en 2015.
L'entrée de la mine de cuivre-cobalt de Mutanda, propriété de la société anglo-suisse Glencore, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (Photo d'archives)
Photo : AFP / EMMET LIVINGSTONE
Cependant, du côté de certaines ONG, le développement des mines fait peser beaucoup de risques sociaux et environnementaux sur les communautés locales voisines.
La course aux minéraux et aux métaux critiques inflige des coûts sérieux
aux peuples autochtones et à leurs terres traditionnelles, a ainsi déclaré mardi Galina Angarova, de la tribu des Buryat, en Sibérie, qui dirige une coalition d'associations de défense des droits des peuples autochtones.
Si nous continuons à ce rythme, nous risquons d'obtenir une destruction de la nature, de la biodiversité et des droits de la personne
dans une économie décarbonée, sortie du pétrole, du gaz et du charbon, a-t-elle dit à la presse avant une réunion des pays de l'OCDE sur ce sujet à Paris.
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Avec les informations de Agence France-Presse
