À Paris, retraités et étudiants en renfort pour assurer la sécurité lors des JO
Sur les 20 000 à 25 000 agents nécessaires pour assurer la sécurité des sites, environ 8000 postes sont toujours à pourvoir.
Michaël dit ne jamais avoir été aussi occupé en tant que formateur d'agents de sécurité.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Dans une ancienne concession automobile de Noisy-le-Grand, en banlieue de Paris, les visiteurs doivent être fouillés avant d’entrer.
En fait, il s’agit d’un exercice auquel se soumettent des élèves du centre de formation Nouvel R sous l'œil attentif de Michaël, qui leur enseigne les rudiments du métier.
Palpation, fouille des bagages, aspects juridiques, extinction d’incendie : les futurs agents de sécurité disposent habituellement de cinq semaines pour acquérir ces connaissances.
Or, en vue des Jeux olympiques cet été, des formations plus courtes, d’une période de trois semaines, ont été créées.
C’est un défi pour nous en tant que formateurs parce qu’il faut qu’on forme un maximum de futurs agents de sécurité
, explique Michaël, qui admet ne jamais avoir été aussi occupé.
De futurs agents de sécurité en pleine formation dans un centre en banlieue parisienne.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Pour assurer la sécurité lors des Jeux olympiques de Paris, les besoins sont immenses. En plus de 45 000 gendarmes et policiers qui seront mobilisés dans l’espace public, on estime à 20 000 ou 25 000 le nombre d’agents nécessaires à la sécurisation de certains sites.
Selon les plus récentes données disponibles, environ 8000 de ces postes d’agents de sécurité sont encore à pourvoir.
La solution passe par l’innovation
Déjà aux prises avec une pénurie de main-d'œuvre, le secteur de la sécurité privée française mise sur la créativité pour surmonter le défi que représente cet événement hors norme.
Si on ne sort pas des sentiers battus, on n’y arrivera pas
, constate Pierre Brajeux, président de la Fédération française de sécurité privée.
Toutes les idées sont explorées et ça paraît extrêmement important d’innover.
Un appel a donc été lancé à des clientèles moins naturelles que celles qui rejoignent habituellement les rangs d’entreprises de sécurité, notamment les retraités et les étudiants.
Un formateur enseigne notamment aux futurs agents à manier différents types d'extincteurs.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Denis, ancien informaticien, a décidé de répondre à l’appel. Devenir temporairement agent de sécurité lui permettra de vivre les Jeux de l’intérieur
et de se raccrocher un peu à la vie active
.
Contacté par le gouvernement français pour sortir de sa retraite, Denis voit néanmoins dans son embauche des signes qui indiquent un problème de recrutement
.
Au centre de formation de Nouvel R, en banlieue parisienne, Florian, 23 ans, a été motivé par d’autres facteurs.
Je vous le dis très honnêtement, en tant qu'étudiant, il est nécessaire pour moi de vivre, de me nourrir, de pouvoir subvenir à mes besoins
, explique ce jeune homme qui touche déjà une rémunération pour suivre la formation de trois semaines.
Florian, un étudiant de 23 ans, deviendra agent de sécurité le temps d'un été, pendant les Jeux olympiques.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
La sécurité au cœur des préoccupations
Tous les futurs agents de sécurité voient leurs antécédents vérifiés, comme c’est le cas pour les autres personnes qui seront impliquées dans l’organisation des Jeux olympiques.
Les Français doivent savoir que nous contrôlons absolument tous ceux qui approchent les Jeux olympiques
, avait assuré sur la chaîne télévisée LCI, à la fin mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui avait précisé que sur 180 000 contrôles, 800 personnes ont été écartées.
En avril, un sondage de la firme Ipsos avançait que 55 % des Français se disaient confiants quant à la sécurité lors de la cérémonie d’ouverture, mais que cette proportion avait baissé de 13 points de pourcentage par rapport au dernier coup de sonde.
Des milliers d'agents de sécurité doivent encore être recrutés en vue des Jeux olympiques de Paris.
Photo : Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair
Chose certaine, avec cette cérémonie d’ouverture sans précédent sur la Seine et des compétitions à l'extérieur près de sites emblématiques de Paris, comme la tour Eiffel, le pont Alexandre III ou la place de la Concorde, le défi sécuritaire s’annonce colossal.
Toujours en quête d’agents pour garnir ses rangs, l’industrie assure qu’elle fera tout en son pouvoir pour surmonter les difficultés et pour assurer la sécurité du public sur les sites olympiques.
C'est un peu comme en athlétisme : c'est dans la dernière ligne droite qu'on sait si on gagne ou si on ne gagne pas la course. On est là pour la gagner
, conclut Pierre Brajeux, de la Fédération française de la sécurité publique.