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La FMOQ « tend la main » à Québec... et menace de poursuivre Christian Dubé

La mise en demeure envoyée au ministre de la Santé est un « appel à la discussion et à la collaboration », selon le président de la Fédération des omnipraticiens du Québec.

Le ministre Christian Dubé à la Tribune de la presse du Parlement de Québec.

Le ministre Christian Dubé veut forcer les médecins de famille à prendre en charge 13 000 patients jugés vulnérables.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

En voulant les forcer à prendre en charge 13 000 patients jugés vulnérables, le ministre de la Santé Christian Dubé s'est attiré les foudres des médecins de famille. Résultat : la Fédération des omnipraticiens du Québec (FMOQ) a fait parvenir une mise en demeure au ministre mercredi.

Cette menace de poursuite, dont l'existence a d'abord été révélée vendredi par le 98.5 FM, se veut avant tout un appel à la discussion et à la collaboration, a affirmé le président de FMOQ, Marc-André Amyot, en entrevue à Radio-Canada.

Le Dr Amyot en a contre la volonté du ministre de faire adopter un règlement qui forcerait ses membres à s'occuper prioritairement de 13 000 patients dont l'état de santé est jugé préoccupant et qui sont toujours en attente qu'un médecin de famille leur soit attitré.

D'autant plus que, selon lui, cette exigence du ministre de la Santé est floue. Le ministre a fait référence à 13 000 patients vulnérables [...]. On ne comprend pas c'est qui, ces patients-là. On essaie de lui demander où ils sont, [on lui dit] qu'on va les prendre en charge et c'est toujours une fin de non-recevoir, a-t-il déploré.

On ne veut pas la guerre. On veut traiter les patients les plus malades. C'est ce que les médecins de famille font tous les jours.

Une citation de Marc-André Amyot, président de la Fédération des omnipraticiens du Québec

Cependant, la FMOQ en a surtout contre l'attitude du gouvernement Legault, qui veut forcer les médecins de famille à en faire davantage plutôt que de discuter avec eux des meilleurs moyens pour arriver au même résultat. Ce n'est pas la façon de faire, déposer un règlement et dire après "venez discuter", a-t-il ajouté.

On n'a pas besoin de règlement, a martelé le Dr Amyot. On est capables de s'entendre. [...] En ce moment, on détourne l'attention des vrais problèmes sur le terrain.

Un homme devant son écran d'ordinateur.

Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)

Photo : Radio-Canada

Questionné au sujet de la mise en demeure, le cabinet du ministre Dubé s'est fait avare de commentaires. Une chose est certaine, nous ne ferons pas de compromis sur notre objectif : renforcer la première ligne pour améliorer l’accès [aux soins de santé] pour les Québécois, a-t-on précisé dans une déclaration écrite.

Nous avons le devoir de soigner en priorité les gens les plus vulnérables, c’est une question de responsabilité sociale des médecins.

Une citation de Déclaration écrite du cabinet du ministre de la Santé

La Fédération ira-t-elle jusqu'à mettre sa menace à exécution et à poursuivre le ministre de la Santé devant les tribunaux? C'est une main tendue, a insisté le Dr Amyot.

Cet appel à l'ouverture par la menace n'a pas semblé plaire au premier ministre du Québec. De passage dans sa circonscription à L'Assomption pour inaugurer une maison des aînés, François Legault a plaidé pour une meilleure prise en charge de ces 13 000 personnes qui sont des cas plus lourds et qui devraient, selon lui, être une priorité.

Je pense qu'on a assez de médecins de famille au Québec pour prendre en charge ces 13 000 personnes. On ne parle pas de millions, là, a lancé le premier ministre, qui a écorché au passage la FMOQ, la qualifiant de syndicat qui veut le moins de contraintes possible.

Un nouveau bras de fer qui ne sert pas les citoyens

Tant Québec solidaire que le Parti québécois se sont dits en faveur des objectifs poursuivis par le ministre de la Santé. Or, ils ont tour à tour dénoncé les moyens employés par Christian Dubé pour y arriver.

Ce n'est pas la première fois que [M. Dubé] joue avec le bâton et la carotte de façon alternative, a lancé le député péquiste Joël Arseneau lors d'un point de presse vendredi matin. Selon lui, le ministre souffle le chaud et le froid en menaçant les médecins d'un règlement tout en les invitant à négocier avec lui.

Joël Arseneau en point de presse.

Le péquiste Joël Arseneau a déploré ce nouveau bras de fer entre les médecins omnipraticiens et le gouvernement du Québec.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Il s'est toutefois désolé de la mauvaise foi des deux parties en cause. De part et d'autre, ce n'est pas la meilleure façon de s'entendre, a-t-il ajouté.

Ce bras de fer, ça ne sert pas les citoyens, ça, c'est sûr.

Une citation de Joël Arseneau, député du Parti québécois pour les Îles-de-la-Madeleine

La solidaire Christine Labrie a pour sa part affirmé qu'il serait souhaitable de prioriser l'attribution [d'un médecin de famille] aux citoyens qui ont un dossier médical complexe, ajoutant comprendre l'intention du ministre.

Toutefois, la tâche ne devrait pas entièrement reposer, selon elle, sur les épaules des médecins. On gagnerait à élargir la liste des professionnels avec lesquels on peut avoir une consultation, a-t-elle ajouté, citant en exemple les pharmaciens, les physiothérapeutes et les infirmières praticiennes.

Cela permettrait, selon Mme Labrie, de s'assurer qu'on répond aux besoins sans mettre de la pression sur un seul titre professionnel.

Les données, le nerf de la guerre

Christian Dubé ne s'en est jamais caché : il souhaite avoir accès à davantage de données sur la prise en charge des patients par les groupes de médecine familiale (GMF) au Québec. Le projet de règlement, qui devrait être déposé mercredi prochain, pourrait permettre à son ministère d'avoir accès aux plages horaires des médecins pour s'assurer qu'elles sont occupées à bon escient.

Les données, on est tout à fait d'accord [pour] en avoir, parce que nous aussi, on en veut, a affirmé le Dr Amyot. Maintenant, ce qu'il ne faut pas faire avec ces données, c'est faire une chasse aux sorcières.

Le président de la FMOQ n'a toujours pas digéré la sortie du premier ministre François Legault en octobre 2021, qui avait affirmé avoir en main la liste des médecins qui « devraient travailler plus ».

Attention, ces docteurs qu'on trouve non performants [...], ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas au bureau, en consultation, qu'ils ne travaillent pas, s'est défendu le Dr Amyot.

Avec des informations de Mathieu Gohier

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