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Prolongement de l’A-20 : Guilbault chahutée lors de sa visite

La ministre des Transports a présenté une mise à jour du projet de prolongement de l’autoroute 20 jeudi sous les invectives d’une trentaine de manifestants et avec une imposante présence policière.

Des médias devant la vice-première ministre.

La vice-première ministre Geneviève Guilbault a été accueillie à Trois-Pistoles par les manifestants.

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

La ministre des Transports était attendue de pied ferme au Bas-Saint-Laurent, lors de sa visite éclair pour aborder la question du prolongement de l’autoroute 20. Tant à Saint-Fabien qu’à Trois-Pistoles et Notre-Dame-des-Neiges, les manifestants pour et contre le projet ont accueilli Geneviève Guilbault à chaque arrêt, alors qu’elle annonçait la création de deux comités, d’ici la fin de l’année, pour la suite du projet.

Dans l’ensemble, on sent une grande volonté d’avoir le prolongement de l’autoroute 20, a assuré la ministre des Transports, parlant du projet comme étant stratégique et important pour le développement du Bas-Saint-Laurent.

Ironiquement, ses paroles ont pour la plupart été noyées par les propos contestataires de la trentaine de citoyens qui l’attendaient à Trois-Pistoles. Pancartes à la main, ils ont conspué la ministre tout au long de la mêlée de presse, l’accusant de vouloir saccager la rivière des Trois Pistoles et d’ignorer la crise climatique.

Des manifestants contre le prolongement de la 20 à la rencontre des élues caquistes en visite à Trois-Pistoles.

Un militant de longue date opposé au prolongement de la 20 à Trois-Pistoles, Mikaël Rioux, interpelle la députée Maïté Blanchette Vézina.

Photo : Radio-Canada / Edouard Beaudoin

Sécurisez la 132 maintenant! La rivière! La rivière!, ont-ils scandé en plus de nombreuses insultes pendant le point de presse, qui n’aura duré que quelques minutes, sous les regards d’une vingtaine de policiers. La ministre responsable du Bas-Saint-Laurent et députée de Rimouski, Maïté Blanchette Vézina, a aussi été interpellée personnellement par Mikaël Rioux, l’une des principales voix du mouvement s’opposant au prolongement de l’autoroute.

L'autoroute 20 au Bas-Saint-Laurent, un chantier sinueux

Consulter le dossier complet

Fin de l'autoroute 20 à Notre-Dame-des-Neiges. Un panneau indicateur annonce la route 132 vers Trois-Pistoles et Rimouski.

Les protestataires ont également suivi les trois élues jusqu’à Notre-Dame-des-Neiges, où elles rencontraient des maires de la région, touchés de près ou de loin par le projet. Certains se sont mis à frapper les murs du bâtiment pour perturber la réunion, à laquelle prenaient part entre autres le préfet de la MRC des Basques et les maires de Trois-Pistoles, de Notre-Dame-des-Neiges et de Rimouski.

Des manifestants encerclent un bâtiment et tapent dessus avec leurs mains.

Une trentaine de manifestants ont tenté de déranger la rencontre entre Geneviève Guilbault et les élus touchés par le projet de prolongement de l'autoroute 20.

Photo : Radio-Canada / Marie-Christine Rioux

Deux comités créés d’ici la fin de l’année

Même si la première pelletée de terre est encore loin, la ministre Guilbault, également accompagnée de la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata, Amélie Dionne, n’est pas arrivée les mains vides. Elle a annoncé la formation de deux comités qui superviseront les étapes du prolongement de l’autoroute.

Un premier groupe de suivi composé d’élus des municipalités concernées par le projet routier sera mis sur pied. Des membres de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk y participeront également.

Le second groupe constitue le comité de suivi et de vigilance environnementale, qui regroupera des élus des Basques, des citoyens et des experts pour surveiller toutes les étapes d’ici la construction du pont qui enjambera la rivière des Trois-Pistoles, à Notre-Dame-des-Neiges.

Un pont enjambant une rivière, l'automne.

Le pont de la route 132 qui enjambe la rivière Trois-Pistoles, à Notre-Dame-des-Neiges

Photo : Radio-Canada / Édouard Beaudoin

Cette étape, banale en apparence, est pourtant essentielle à l’avancement du projet, à en croire le ministère des Transports du Québec (MTQ). La formation d’un tel comité est prescrite par décret environnemental par le gouvernement.

Ça prend des forums, ça prend des tables où les gens peuvent s’exprimer, qu’on soit pour ou contre, a affirmé Geneviève Guilbault, quand elle a été questionnée sur l’acceptabilité sociale du projet.

Au-delà de la création de ces groupes, la visite avait pour objectif de rappeler que de prolonger l’A-20 est toujours d’actualité, près de deux ans après le retour du projet au Plan québécois des infrastructures (PQI). Même si aucun chantier n’est encore en vue dans les parages, le travail se poursuit en coulisses, tout comme les études, qui doivent être actualisées. C’est notamment le cas pour la phase entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski, longue de 47 kilomètres.

Une carte montrant les différents tronçons livrés et prévus de l'autoroute 20, au Bas-Saint-Laurent

C'est la phase 2B de 6 kilomètres qui débutera en premier, en raison des études qui sont plus avancées. La phase 3 du prolongement, longue de 47 kilomètres, doit relier Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski.

Photo : Capture d'écran / Ministère des Transports et de la Mobilité durable

Pour ce qui est de l’éventuel pont au-dessus de la rivière des Trois-Pistoles, le ministère précise être rendu à l’analyse conceptuelle de la structure. Quel est le meilleur pont que l’on pourrait faire aujourd’hui, en 2023, en tenant compte des facteurs environnementaux, des besoins du milieu et des coûts?, a formulé la vice-première ministre, faisant allusion aux prix des matériaux qui ont explosé.

Pour l’heure, le MTQ ne se prononce toujours pas sur un échéancier ni sur une facture totale, que ce soit pour l’une ou l’autre des phases du parachèvement de l’autoroute. Les deux phases avancent, s’est contentée de dire Mme Guilbault.

Bonifier l’A-20 entre Rimouski et Mont-Joli, pas une option sur la table pour l’instant

La ministre a d’abord pris la parole à Saint-Fabien, aux abords de la route 132, quelques heures seulement après un accident mortel sur l’autoroute 20 quelques dizaines de kilomètres plus loin, à Saint-Anaclet-de-Lessard, qui compte deux voies sur ce tronçon. Selon toute vraisemblance, c’est une collision frontale qui se serait produite jeudi matin.

       Des voitures accidentées et des véhicules d'urgence.

L'accident mortel a forcé la fermeture de l'autoroute 20 à la hauteur de Saint-Anaclet-de-Lessard pendant quelques heures.

Photo : Radio-Canada

Une triste coïncidence, alors qu’une pétition a été lancée récemment pour que le tronçon passe de deux à quatre voies entre Mont-Joli et Rimouski. Le secteur est bien plus achalandé que la route 175, qui traverse la réserve faunique des Laurentides, pourtant une artère à quatre voies.

La ministre Guilbault a pour le moment écarté la possibilité d’élargir le tronçon le plus à l’est de l’autoroute 20, expliquant qu’un tel projet doit être appuyé par des données et des recommandations émanant de coroners.

Il n’y a pas, à ce jour, de recommandations de coroners sur l’élargissement de l’autoroute 20 entre Mont-Joli et Le Bic. [...] Il ne faut jamais dire jamais, mais actuellement, ce n’est pas une option sur la table.

Une citation de Geneviève Guilbault, ministre des Transports et vice-première ministre du Québec
Des voitures circulent sur la route 132.

Selon le ministère, en été, environ 4600 véhicules de plus circulent en moyenne chaque jour sur le tronçon fabiennois par rapport à il y a 20 ans. Le trafic journalier moyen est passé de 7400 en 2002 à plus de 12 000 véhicules en 2022 pendant la période estivale. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet

Quant à la question de la sécurisation de la route 132, demandée par des résidents habitant aux abords de l’artère, des démarches seraient en cours pour évaluer les effets de certaines améliorations déjà apportées sur l’axe, notamment à la hauteur de Saint-Fabien. Plus récemment, le conseil municipal fabiennois a demandé au ministère d’abaisser la limite de vitesse sur la 132, entre autres.

S’il y a des demandes des municipalités, on y va de façon ponctuelle, on fait une étude et s’il y a des améliorations à faire, on va les apporter, a expliqué Christian D’Amours, directeur de la planification et de la gestion des infrastructures pour le bureau régional du MTQ, présent pour accompagner le gratin politique sur place.

Autour de la mêlée de presse, un plus petit groupe de manifestants observait attentivement l’allocution des députées, non sans injures.

Ce projet-là, c’est pas viable en 2023 ni dans les prochaines années à venir, et si on veut atteindre nos objectifs de réduction de GES, il faut s’opposer à un tel projet, a fait valoir Alexis Cimon, un étudiant venu protester contre le prolongement de l’autoroute 20.

Le pont passerait juste au-dessus de ma maison! ajoute le jeune homme, craignant que l’éventuelle structure enjambant la rivière des Trois Pistoles ne gâche sa tranquillité.

Contrairement au comité d’accueil de Trois-Pistoles, un contingent en faveur du parachèvement de l’autoroute 20 a fait acte de présence à Saint-Fabien. Du nombre, Blandine Michaud, une résidente de Saint-Fabien qui en a assez du trafic incessant sur la route 132 qui circule devant chez elle, tenait dans ses mains une banderole jaune sur laquelle on pouvait lire On veut l’autoroute 20.

Deux petits groupes de manifestants brandissent des banderoles et des pancartes.

Deux groupes, l'un en faveur et l'autre opposé au projet, attendaient la venue de la ministre Guilbault à Saint-Fabien.

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Il faut que [la ministre Guilbault] voie qu’il y a des gens qui habitent sur la 132, a-t-elle plaidé, évoquant le bruit qu’occasionne le passage quotidien des poids lourds sur l’artère.

Je veux qu’elle comprenne le caractère urgent qu’il y a présentement, a poursuivi la dame, la gorge nouée. Qu’ils respectent les étapes, mais qu’ils comprennent qu’il y a des gens qui vivent l’enfer et que c’est pas sécuritaire du tout.

Le branle-bas de combat à Trois-Pistoles aura écourté la visite de Geneviève Guilbault dans la région. La visite prévue de l’éventuel chantier de l’autoroute 20 à Notre-Dame-des-Neiges n’a jamais eu lieu. La ministre s’est plutôt directement rendue à sa rencontre avec les élus des Basques.

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