HOMÉLIE DU 24 OCTOBRE 2010
30e dimanche du temps ordinaire (Année « C »)
Dimanche missionnaire mondial

ÉGLISE SACRÉ-COEUR
Diocèse d'Ottawa

Président de l'assemblée :
Pierre-Olivier Tremblay

Lecture biblique Siracide (35,12-14.16-18)
Psaume 33 (34)
Seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée (4,6)
Évangile selon saint Luc (18,9)

« Je suis comme les autres »

La plupart des grandes injustices en ce monde commencent au moment où je dis : « je ne suis pas comme eux! » Pensons au racisme, aux guerres ethniques et aux exterminations. Pensons au sexisme ou encore aux inégalités entre riches et pauvres. « Je ne suis pas comme ces personnes-là! » C'est la racine de ce que j'appelle l'anti-solidarité. Je vais aujourd'hui vous proposer un chemin d'Évangile, celui de la solidarité. Il commence par cette conviction : « Je suis comme les autres ».

L'Évangile que nous venons d'entendre nous présente deux personnages dans le Temple. Eh bien! On raconte que dans ce même Temple, un autre jour, il y avait beaucoup de pharisiens qui priaient à l'avant, ainsi que beaucoup de publicains, cachés derrière les colonnes, qui priaient sans lever les yeux au ciel. Ce jours-là, les pharisiens ont fait bien plus de prières que les publicains... Comment le sait-on? Parce qu'il y avait bien plus de pharisiens! Cette histoire montre combien il est ridicule de tenter de se comparer avec les autres pour savoir qui prie le plus ou bien qui prie mieux.

Mais il est difficile de sortir de la comparaison. J'ai entendu dire qu'un jour, une catéchète parlait de la parabole du pharisien et du publicain à des enfants. En terminant la rencontre, elle leur fit faire cette prière : « Merci mon Dieu de nous avoir fait différents de ce méchant pharisien! » En vous le racontant, je me dis : « Merci Seigneur de m'avoir fait différent de cette catéchète! » Et peut-être que vous qui m'écoutez prêcher au « Jour du Seigneur », vous vous dites : « Merci mon Dieu de me faire différent de ce prêtre qui prêche en ce moment! » Comme vous voyez, dès que l'on embarque dans la comparaison, on entre dans une chaîne dont on peut difficilement se libérer. Juger le pharisien, c'est devenir comme lui!

Le publicain, ne se compare pas aux autres humains, mais seulement à Dieu. Son attitude l'amène à l'humilité. Selon Jésus, c'est lui qui est vraiment justifié. Devant la grandeur de Dieu, il prend conscience de sa fragilité et de sa petitesse. Pas question pour lui de se penser supérieur ou différent d'un autre. Il sait lui que « le Seigneur ne fait pas de différence entre les hommes », comme le disait Ben Sirac dans la première lecture.

Le problème du pharisien, c'est qu'il croit que pour s'approcher de Dieu, il doit se séparer des humains. C'est d'ailleurs le sens même du mot « pharisien » : celui qui est séparé. Dans la deuxième lecture, nous pouvons voir que Paul, au contraire du pharisien, découvre la présence de Dieu dans sa mission qui l'amène à se rapprocher des humains. Le Seigneur l'a assisté lorsqu'il annonce la Bonne Nouvelle en ce faisant proche des païens. Jésus lui-même a réalisé sa mission divine en devenant un humain comme nous. Il a même porté toutes nos passions à travers la sienne : il a en vérité fait oeuvre de compassion. Donc, ne pensons pas vivre notre spiritualité en nous séparant des autres. Nous sommes appelés au contraire à découvrir Dieu lorsque nous nous faisons proche des autres.

La comparaison m'amène à prier comme le pharisien : « Merci mon Dieu de ne pas être comme les autres humains » et ainsi à m'en séparer. Au contraire, la compassion fera prier à la manière de Jésus : « Je suis comme les autres humains », ou encore « Ils sont comme moi ». Ainsi, toutes ces personnes qui vivent tout près de nous ou bien éloignés dans les pays du Tiers Monde, nous prenons conscience qu'ils sont vraiment nos frères et nos soeurs. Nous sommes invités, en ce dimanche missionnaire mondial, à ouvrir des chemins d'Évangile, à bâtir des ponts entre les peuples, à tisser la solidarité. Que le Seigneur nous donne de devenir des personnes, non de comparaison et de séparation, mais bien de compassion et de solidarité!

<<  | index des homélies |  >>