HOMÉLIE DU 20 SEPTEMBRE 2009
25e dimanche du temps ordinaire B

CHAPELLE DU SÉMINAIRE UNIVERSITAIRE SAINT-PAUL
Ottawa, Ontario

Président de l'assemblée :
Luc Tardif, OMI

Livre de la Sagesse (2,12.17-20)
Saint Jacques (3, 16-4, 5)
Saint Marc (9, 30-37)

Bien chers amis,

Septembre est le mois de la rentrée : rentrée au travail, rentrée à l'école, rentrée académique, rentrée parlementaire... rentrée pastorale.... Même le soleil semble rentrer chez lui et l'obscurité gagne du terrain chaque jour... Et c'est comme si, dans toutes les rentrées, le rythme rapidement s'accélère : tout semble se précipiter...

Dans la liturgie dominicale cet automne, nous sommes invités à rentrer dans l'Évangile de Marc...

Là aussi l'entrée de Jésus en scène est plutôt rapide : après avoir annoncé publiquement son projet : « Le royaume des cieux est tout proche : convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle... »

Jésus débute son ministère, sa mission : Dieu est proche, les signes de sa présence sont multiples en Jésus... Or, rapidement, Jésus annonce qu'il donne sa vie d'une part mais que sa vie lui est enlevée... Le Fils de l'Homme va être livré aux mains des pécheurs mais il ressuscitera... C'est d'ailleurs la deuxième annonce de sa mort et de sa résurrection dans ce passage : La crise s'accélère... Mauvaise et bonne nouvelle donc à la fois et en même temps : affronter la mort, aller jusqu'au bout de son projet... consentir à ce qu'on lui enlève sa vie ne conduira pas à une impasse, Dieu le ressuscite... Devant l'imminence de la crise, Jésus ne recule pas mais au contraire va à l'essentiel, conscient, confiant et convaincu que la vie triomphera... que Dieu est le Dieu de la vie, que la victoire est du côté de la vie quand on a le courage d'affronter les forces de la mort et des ténèbres...

Ultimement, la vie triomphe quand on a le courage d'affronter la réalité dans ses mauvaises comme dans les bonnes nouvelles. C'est le coeur du mystère pascal et de notre foi comme disciples...

D'une certaine manière, saint Jacques, dans la deuxième lecture, offre à ses interlocuteurs une intuition cohérente avec la pratique de Jésus : la sagesse qui vient de Dieu n'est pas d'abord une connaissance spécialisée ni une question d'avoir les bonnes réponses.

La sagesse qui vient de Dieu est d'abord et avant tout une manière d'être, un style de vie empreint d'intégrité, de compassion, de miséricorde et de promotion de la paix. En d'autres mots, la sagesse que Dieu nous communique nous rend capable d'affronter les situations, si pénibles soient-elles, avec courage, dignité et espérance dans la victoire de la vie sur toutes formes de morts.

Au coeur de toutes nos rentrées, nous sommes peut-être comme les disciples : dans l'Évangile de ce dimanche, ils préfèrent ne pas traiter et prendre au sérieux cette nouvelle à la fois bonne et mauvaise : ils changent de sujet... Ils préfèrent parler de compétition, de pouvoir et d'intérêt personnel, de concurrence et de gloire...

Dans les périodes de crise, devant la souffrance, devant la perspective des difficultés, nous sommes tous tentés par la négation, la démission et les distractions, par la méfiance et même par le cynisme. Et pourtant, la vie est du côté du courage d'affronter la réalité, de la nommer, de la partager et de résister...

La foi, la confiance, si chère à Jésus dans Marc, est déjà notre victoire. Paradoxalement, la vie triomphe quand on a le courage de la donner et même de se la faire enlever... que ce soit par les autres, par la maladie, la souffrance, les échecs...

En célébrant l'Eucharistie, nous renouvelons notre foi dans la victoire de la vie... Nous consentons à rentrer nous aussi avec Jésus pleinement dans la réalité... Nous entrons dans un mouvement de don pour la vie du monde, conscients d'une part qu'on pourra aussi nous enlever notre vie mais confiants d'autre part que jamais la souffrance et la mort n'auront le dernier mot car la résurrection est à l'oeuvre partout dans le monde.

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