HOMÉLIE DU 14 JUIN 2009
Le Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ B

ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS-D'ASSISE
Ottawa, Ontario

Président de l'assemblée :
Louis Cinq-Mars, o.f.m.cap.

Exode (24, 3-8)
Hébreux (9, 11-15)
Saint Marc (14, 12-16.22-26)

On voit Jésus envoyer quelques amis trouver une grande salle pour y préparer un repas, et pas n'importe quel repas : son repas de communion. On n'a jamais oublié ce repas de Jésus et on le célèbre sans cesse partout sur la terre encore aujourd'hui.

Savez-vous à quoi j'ai pensé en entendant Jésus nous parler de son repas de communion? J'ai pensé à nos repas du soir dans les foyers, ces repas qui sont notre rendez-vous quotidien de communion.

Je me souviens des repas du soir au foyer La Caravane où j'ai travaillé comme assistant : Pierre qui râpe le fromage ou les carottes, Olivette qui met la table, Francine qui aide à la vaisselle, Bobby qui nettoie la table, Laurie qui place les verres... Préparer les aliments, mettre la table, allumer les bougies et prier ensemble chaque soir est une expérience sacrée de communion.

Parfois c'est la fête et les fous-rires, parfois on est plus calmes ou fatigué de la journée, parfois on est triste parce que quelqu'un est malade ou parce qu'il y a eu de la chicane dans le foyer, mais toujours le repas demeure une expérience sacrée de communion parce que nous avons choisi de partager notre vie dans la communauté et que nous sommes fidèles à ce choix, jour après jour.

Le souper dans les foyers est aussi un repas de communion parce que nous cherchons à être présents les uns aux autres; personne ne doit être autour de la table comme s'il n'était pas là. Certaines personnes parlent beaucoup, d'autres sont plus discrètes ou même renfermées sur elles-mêmes. Le repas est alors l'occasion de nous redire que nous voulons être ensemble, en relation, pas juste assis un à côté de l'autre.

Ce n'est pas toujours par les paroles que se fait la communion... au contraire, les paroles brisent parfois l'amitié. La communion se fait en aidant l'autre à couper sa nourriture, en versant de l'eau dans son verre, en passant le bol à salade. D'autres fois c'est plus difficile et il faut être créatif pour s'assurer que personne ne se sente seul.

Je me souviens d'un jeu que nous faisions souvent avec Pierre qui ne parle presque pas : on lui demandait de nommer chaque personne autour de la table. Après on l'applaudissait et il se mettait à rire. Ouf! La communion était sauvée!

À l'Arche, l'amitié et l'appartenance sont notre pain quotidien. Quand on se sent aimé et apprécié tel qu'on est, quand on sent la confiance et l'amour, on est nourri au plus profond du coeur.

Le quotidien nous nourrit seulement quand on a découvert la sagesse de l'instant présent et la présence de Dieu dans les petites choses, dit Jean Vanier.

À l'Arche la vie de communauté est un beau cadeau! La communauté ne se vit pas en additionnant nos forces et nos idéaux mais en partageant notre vulnérabilité. C'est une communauté qui se construit par la mise en commun de notre humanité.

En parlant de la communauté, Jean Vanier écrit : « Le partage de nos faiblesses et de nos difficultés construit davantage la communion que le partage de nos réussites et de nos qualités! Quand on découvre qu'on est tous embarqué dans le même bateau, qu'on a tous les mêmes peurs et les mêmes fatigues à l'intérieur de soi, cela nous donne de l'espérance. C'est l'humilité d'une personne qui nourrit les autres ».

Aujourd'hui, comme chaque dimanche, Jésus nous invite à son repas de communion. C'est son humilité qui nous nourrit. Son repas est un repas très simple qui lui ressemble beaucoup.

Jésus nous nourrit de sa vie, de son amitié, de sa confiance en chacun de nous, de son espérance. Il n'a pas peur de nos faiblesses. Comme Pierre, Jésus connaît chaque personne autour de la table par son nom et il aime chaque personne autour de la table.

Dans la messe il nous dit : « Ce petit morceau de pain c'est tout moi, pour toi, parce que je te connais, que je t'aime et que j'ai confiance en toi. C'est tout moi pour toi. Et je voudrais que toi aussi tu deviennes pain quotidien pour les autres, surtout ceux qui souffrent, ceux qui ne trouvent pas leur place dans cette société si compliquée, si exigeante, si rapide... Toi aussi nourris-les de ta vie! »

Quand tu viens à la messe comme aujourd'hui, Jésus te dit : « Toi aussi nourris les autres de ton amitié, de ta présence, de ton sourire, de ta prière... Deviens pain quotidien pour les membres de ton foyer, pour la communauté, pour tes amis de l'atelier, les gens de ton quartier. N'aie pas peur de partager surtout ta vulnérabilité ou ton handicap. Notre société a besoin de ce pain d'humilité. Et si tu penses que ton panier est vide, fais confiance à Jésus qui peut multiplier même ta pauvreté. »

Amen

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