HOMÉLIE DU 5 AOÛT 2007
18e dimanche du temps ordinaire

PAROISSE SAINTE-VALÉRIE
Boileau, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Marcel Wolfe, P.H.

Ecclésiaste (1, 2; 2, 21-23)
Colossiens (3, 1-5.9-11)
Saint Luc (12, 13-21)

Nous sommes au coeur de l'été. C'est le temps des vacances. Plusieurs d'entre vous en profitent pour fuir la routine quotidienne trop souvent stressante, pour changer de rythme de vie et trouver la détente, le repos, le silence. Un moment nécessaire pour refaire ses forces, prendre du recul et des moments de réflexion. Un moment nécessaire pour faire le point dans ma vie, réfléchir sur les valeurs qui fondent le sens de ma vie et qui orientent ma foi de croyant et de croyante.

La Parole de Dieu proclamée aujourd'hui est une invitation à réfléchir sur notre condition d'être humain : sa fragilité, sa finitude dans ses rapports avec le travail et la richesse.

« Tout est vanité. Rien ne reste à l'homme de son travail, rien du désir de son coeur sous le soleil, tout est vain. »

L'auteur de cet extrait, en contemplant le monde de son temps, en prononçant des propos, pour le moins désabusés, sur ce qu'il voit, rejoint-il, sans doute, des sentiments humains les plus souvent exprimés par des hommes et des femmes d'aujourd'hui, concernant le monde dans lequel ils vivent : le désenchantement, la lourdeur de la condition humaine, l'apparente absurdité de la vie ainsi que de la mort.

Ce texte décrit un aspect négatif de la réalité humaine, de quoi tomber dans le défaitisme. Mais il y a l'autre côté de la médaille, là où la Parole de Dieu vient donner un sens à la vie. Dieu a créé l'être humain à son image. Il fait appel à sa créativité, à ses qualités humaines, à son sens des responsabilités pour gérer la création, pour gérer la terre, afin que tous aient leur part de richesse.

Par son travail il s'épanouit, il crée de la richesse; avec d'autres, Dieu l'appelle à construire le monde sur des valeurs qui reflètent la justice, la solidarité, la paix, le respect et la dignité de la personne. Ce n'est plus travailler pour travailler, mais c'est conférer au travail une autre finalité, celle de construire un chemin d'espérance, celle de construire le Royaume de Dieu.

Mais cela ne va pas de soi. Il y a en nous un fort instinct de possession : nous désirons toujours davantage de biens, de richesses, incapables que nous sommes de nous contenter de ce que nous avons. Nous appréhendons que la richesse confère un pouvoir, de la notoriété, de l'autorité, mais ne contribue pas à satisfaire complètement notre soif de bonheur, notre quête de sens. On peut comprendre alors le désenchantement actuellement de nombreuses personnes quand elles constatent que dans l'économie actuelle tout est évalué en fonction de l'efficacité et la rentabilité, comme si l'être humain était un instrument au service de l'argent, de la richesse et de l'égoïsme des possédants. L'Évangile nous invite à porter un regard radicalement différent sur ce comportement.

Dans un premier temps, Jésus d'intervenir, d'être le juge dans une querelle d'héritage entre deux frères : Il renvoie chacun à sa responsabilité, à sa conscience, pour un problème qui relève de leur compétence.

Dans un deuxième temps, Jésus profite de l'occasion pour se situer clairement quant aux biens matériels, quant à l'accumulation de la richesse. Dans la parabole qu'il utilise pour se faire bien comprendre, il met dans la bouche d'un riche propriétaire terrien, des propos qu'on pourrait entendre aujourd'hui : je vais acheter... je vais démolir... je vais reconstruire... je vais revendre... j'enverrai mes profits dans des paradis fiscaux... je jouirai de mon argent... ce sera ma sécurité... ce sera mon bonheur parce que je pourrai me permettre tous les plaisirs.

Ces propos sont ceux d'un homme qui veut être le seul maître de sa vie, qui entretient l'illusion que tout s'achète, qu'il y a un lien entre l'accumulation des richesses, la sécurité et le bonheur. Mais Dieu lui dit : « idiot, insensé, cette nuit même, on te réclamera ta vie. Alors qui sera propriétaire de toutes ces choses que tu as ramassées? » Ainsi en est-il de celui qui fait des réserves pour son profit mais qui pour autant n'est pas bon riche selon Dieu.

Le message de Jésus est clair : il dénonce l'accumulation de richesses à des fins personnelles et égoïstes, sans penser nullement aux autres. La richesse n'est pas une fin en soi, mais un outil au service de la personne.

Cette parabole de Jésus nous invite à réfléchir, à revoir notre attitude à l'égard des biens que nous possédons. Demandons-nous si nous sommes suffisamment libres pour en partager avec les autres en vue de nous rendre riches en vue du Royaume.


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