HOMÉLIE DU 19 DÉCEMBRE 2004
Avent IV

SOCIÉTÉ DES MISSIONS ÉTRANGÈRES
Montréal (Québec)

Président de l'assemblée:
Jean Gaboury, prêtre

 

Isaïe (7, 10-16)
Romains (1, 1-7)
Saint Matthieu (1, 18-24)

Quand je relis l'histoire de Marie et Joseph, j'aime à la regarder non pas tant de son côté mystérieux, mais d'un aspect plus humain, celui de deux jeunes qui, tout en portant un projet rempli d'espérance, doivent se poser des questions. Quel avenir pour notre enfant? Dans quel monde vivra-t-il? Le monde qui s'offre à eux et à leur enfant: un pays occupé par les Romains, une société de violence et d'insécurité, un envahisseur dont la civilisation bouleverse les habitudes politiques, culturelles et religieuses.

Devant les options possibles face à un choix, Acaz le roi de Juda succombe à la séduction de la puissance de l'empereur de l'Assyrie. Et c'est là qu'Isaïe lui rappelle que Dieu est le seul secours, l'unique et vraie protection. En cela, Acaz a un réflexe tout à fait compréhensible: comme nous, essayer de trouver la seule sécurité auprès de secours humains lorsque quelque chose nous déstabilise.

Ce miroitement qu'offre une grande puissance, une société bien organisée, je l'ai expérimenté au Japon. Une telle société ne répond pas à toutes les attentes. Un jour, je reçois la visite d'un jeune universitaire. D'entrée de jeu, il me dit qu'il est non chrétien et qu'il ne sait rien de la religion. Après un bon moment de conversation, j'apprends qu'il réussit bien et qu'il aime les sports, la musique et la fête comme beaucoup de ses compagnons universitaires. Que veut-il? Je continue d'écouter car je sais que dans cette culture il faut mettre le temps pour arriver au vif du sujet. C'est alors qu'il commence à exprimer ses inquiétudes, inquiétudes qui le montrent passablement désemparé devant son avenir.

Compétition, consommation, argent et rang dans l'échelle sociale sont des valeurs qui le laissent vide. Les évasions artificielles ne lui disent rien. Par contre le Jésus, présenté par un des grands romanciers du Japon, Endo Shuzaku, le rejoint. C'est un Jésus faible et partageant en tout point le quotidien des humains; il n'a fait qu'un seul miracle, celui de l'amour. Ce fut le signe, le moment où Dieu s'est inséré dans sa vie, dit-il.

La présence de Dieu s'est fait sentir dans cette voix intérieure. Pour Joseph et Marie elle a pris la forme d'un ange.

Son expérience, comme celle de Joseph et Marie, sont significatives. Se peut-il que le chemin par lequel Dieu veut nous procurer le bonheur soit celui de l'intériorité, d'une intériorité qui donne la lucidité à notre espérance, la véracité à nos engagements et la beauté à nos célébrations?

Le Dieu-avec-nous, ne serait-ce pas, contrairement à Acaz, faire une confiance totale au Dieu qui veut notre bonheur, l'accueillir dans tout ce que nous vivons: questionnements et espoirs, échecs et succès; ne serait-ce pas comme Marie et Joseph s'unir ensemble pour faire naître des espaces plus humains, espaces de bonté, de solidarité, ici et ailleurs; ne serait-ce pas vivre nos célébrations comme une visite intime et fraternelle du Dieu-avec-nous?


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