HOMÉLIE DU 19 SEPTEMBRE 2004
25e dimanche du temps ordinaire

PAROISSE STE-THÉRÈSE-D'AVILA
Marionville (Ontario)

Président de l'assemblée:
Mgr Marcel Gervais, évêque

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Isaïe (63, 7-9
Colossiens (3, 12-17)
Saint Jean (15, 9-17)

Alors que nous célébrons ensemble le centenaire de cette paroisse, il est bon de nous rappeler les bienfaits du Seigneur et d'en rendre grâce. Les gens d'ici ont accompli beaucoup au cours du dernier siècle. Bien avant l'établissement de cette paroisse, ils travaillaient la terre, construisaient leurs résidences et voyaient à la mise-en place des services nécessaires pour la vie de la nouvelle communauté. Au tout début, ces gens de foi devaient se rendre à Embrun pour les célébrations liturgiques. Cette distance nous apparaît bien courte aujourd'hui, mais il y a plus de cent ans, ce trajet n'était pas très facile.

Désireux de vivre leur foi au sein de leur communauté et de célébrer ainsi toutes les merveilles du Seigneur, ils ont voulu établir leur propre paroisse, requête que Mgr Duhamel reçu favorablement. Ces braves gens ont donc construit l'église de leurs propres mains et depuis ce temps, à travers les décennies leurs descendants ont pris la relève et voilà que cette communauté a grandi et s'est donnée plusieurs institutions, services communautaires et regroupements qui font de cette paroisse tout ce qu'elle est aujourd'hui.

Rendons-en grâce au Seigneur. La reconnaissance, la gratitude, le sentiment d'appréciation ne sont pas toujours évidents dans notre société actuelle. Notre monde moderne et sa société de consommation nous gardent toujours en attente de quelque chose. Il semble que nous ne sommes jamais satisfaits de notre sort et que nous cherchons toujours plus; plus de biens, plus de richesse, plus et toujours plus.

Pourtant, la générosité du Seigneur à notre égard est incalculable et notre situation collective et individuelle devrait faire surgir en nous quotidiennement des sentiments de reconnaissance sans fin.

J'ai un livre merveilleux sur l'appréciation sans limites (Radical Gratitude) de Mary Jo Leddy. Je vous livre ici une citation de ce livre:

«J'ai entendu parler de l'appréciation sans limites par une jeune femme que j'ai rencontrée au moment où elle se préparait à faire une entrevue télévisée. Il était évident que cette femme souffrait de paralysie cérébrale; elle tremblait et avait beaucoup de difficulté à communiquer. Il nous était toutefois possible de la comprendre et impossible de ne pas être touchés par ce qu'elle avait à nous dire.»

«J'ai subi de graves brûlures, disait-elle, mon lit avait pris feu. On m'a conduite à l'hôpital où j'ai été recouverte de pansements de la tête au pieds. J'ai entendu les infirmières et les médecins autour de moi dire, comme si je n'étais pas là: "Il aurait mieux fallu qu'elle ne soit pas née".»

«Je me suis dit en moi-même: "mieux fallu que je ne sois pas née!" Ne réalisent-ils pas que ça vaut la peine? Ne réalisent-ils pas que ça vaut la peine d'avoir vécu ne fut-ce que pour cette journée, cette expérience d'être dans un lit avec des draps propres.»

Appréciations sans limites!

Il y a une femme qui vient à la cathédrale en fauteuil roulant. Il y a déjà quelques mois, j'ai remarqué qu'elle venait à la messe avec un jeune homme qui est lui aussi en fauteuil roulant. Ils semblaient bien se connaître. J'ai l'habitude de souhaiter la bienvenue à ces personnes en entrant dans l'église. Un jour, cette dame m'a invité à prendre un repas chez-elle. J'ai accepté et j'ai informé ma secrétaire. Une date à été fixée. J'y suis allé. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Ils vivent au rez-de-chaussée, appartement facile d'accès pour les fauteuils roulants.

Je suis entré, la table était mise et les deux personnes étaient là dans leurs fauteuils roulants. Je me suis dit que quelqu'un devait les aider. Il n'était pas nécessaire de se présenter mais je leur ai demandé comment ils étaient arrivés à être en fauteuils roulants et quelle était la relation entre eux. Ils m'ont raconté une histoire extraordinaire.

Denise est l'aînée d'une famille de neuf enfants et a été élevée sur une ferme, de parents pauvres mais bons. Elle s'est mariée, a eu trois enfants et s'est retrouvée handicapée suite à un accident de voiture. Elle avait 33 ans. Son époux est décédé quelques années plus tard la laissant seule avec ses enfants et son handicap. Elle a rencontré un autre homme. Il était bon pour elle mais il est aussi décédé.

On lui a annoncé, quelques années plus tard qu'elle souffrait de sclérose en plaques. Elle ne voyait plus que d'un oeil. Ses enfants, devenus adultes, vivaient aux quatre coins du pays. Un jour, se rendant à ses traitements pour améliorer sa condition, elle a rencontré ce jeune homme. Jacob a environ trente ans. Il a toujours été plein de vie et en santé mais lui aussi s'est retrouvé un jour atteint de la sclérose en plaques. En un an, il était presque complètement aveugle, sans force dans ses jambes, ayant de la difficulté à bouger.

Denise a offert sa vie à Dieu. «Je prendrai soin de lui seulement si tu lui permets de vivre et que tu améliores sa condition pour que je puisse l'aider.» Sa condition s'est améliorée suffisamment et il peut s'occuper de lui-même, se laver, s'habiller etc. Alors, elle l'a accueilli chez-elle.

Les deux aiment rire. Voici une personne âgée dans un fauteuil roulant se déplaçant en douceur dans la pièce, servant la nourriture sur la table, ouvrant une bouteille de vin - pour moi - parce qu'ils n'en boivent pas. Heureux comme j'ai rarement vu!

Jacob m'a répété plusieurs fois que Dieu était bon et je pouvais voir qu'il était sincère. Denise était pleine de reconnaissance parce que Dieu lui a envoyé Jacob. «Il est mon 4e enfant. C'est merveilleux de l'avoir avec moi.»

La mère naturelle de Jacob divorcée de son mari, vivant confortablement dans une région riche aux États-Unis lui a téléphoné l'an dernier disant qu'elle n'avait que trois minute sur sa carte d'appel et... comment vas-tu?... et qu'il devrait aller la visiter un jour et au revoir...

Ces deux personnes, pauvres dans leur corps, sont heureuses comme les journées ensoleillées, pauvres comme des souris d'églises, et heureuses pour chaque respiration qu'elles prennent.

Puissions-nous développer en nous et autour de nous une culture de reconnaissance plutôt qu'une culture d'attentes et de demandes. Le Seigneur nous a comblés de ses multiples merveilles et continuent de le faire. Il nous revient, donc, de poursuivre notre route en donnant tout le fruit que le Seigneur a raison d'attendre de nous. C'est la grâce que je nous souhaite à tous!

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