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AnalyseLe spectacle Brad Marchand

Il lève les bras devant une foule torontoise déçue.

Brad Marchand compte 6 points en 3 matchs depuis le début de la série contre Toronto.

Photo : Getty Images / Claus Andersen

TORONTO – Difficile de croire Morgan Rielly lorsqu’il affirme que Brad Marchand n’est qu’un joueur parmi d’autres chez les Bruins. Mercredi soir, il était surtout un joueur au-dessus des autres.

C’est toute une kyrielle de jeux, de petits instants ici et là que s’approprie le capitaine des Bruins, toujours au détriment des Maple Leafs, qui lui ont permis de dominer ce troisième match de la série remporté par Boston, maintenant aux commandes du duel 2-1.

De tous les combats, de la plupart des jeux clés, Brad Marchand a marqué de son sceau de Néo-Écossais cette rencontre dans la capitale ontarienne. Deux buts, dont celui de la victoire, une passe, et le voilà avec six points en trois matchs au sommet des marqueurs des séries.

Mais c’est plus que ça. Marchand, comme chacun sait, surtout les Montréalais, sait se faire détester. Détesté de l’adversaire et de ses partisans et adoré par ses coéquipiers.

Devant le premier trio des Leafs, celui d’Auston Matthews, Marchand et ses deux comparses ont complètement éteint l’as marqueur torontois qui n’a obtenu que deux tentatives de tir à cinq contre cinq pendant le match. D’une part grâce à du jeu défensif d’une belle qualité, d’autre part parce que Max Domi et Tyler Bertuzzi, les ailiers de Matthews, ont passé la soirée à se demander comment nuire au numéro 63 et le dompter une bonne fois pour toutes.

Au risque de divulgâcher une bonne fin, ils n’y sont pas arrivés.

Qui d’un coup de coude discret au visage de Bertuzzi, qui d’un bâton derrière les rotules de Domi ou d’un croc-en-jambe d’une telle évidence, Marchand a eu le don d’agacer ses rivaux, voire de leur faire perdre la tête, si bien que l’entraîneur des Leafs, Sheldon Keefe, a dit tout haut ce que ses joueurs pensent probablement tout bas.

Aux déclarations assez convenues de Rielly, qui a précisé qu’on ne s’attarde pas à un joueur en particulier plus que les autres, et de Matthew Knies, selon qui Marchand essaie de leur jouer dans la tête et d’influer sur les arbitres, Keefe a offert une autre lecture.

Il est dans la ligue depuis longtemps et, comme vous pouvez voir, il y a bien des décisions des arbitres qui tournent en sa faveur. C’est incroyable en fait. On doit en faire abstraction, a-t-il dit.

Je ne pense pas qu’il y ait un seul autre joueur dans cette série qui pourrait s’en tirer en faisant trébucher des adversaires comme il le fait, mais lui oui. C’est un art et il le maîtrise à la perfection.

Une citation de Sheldon Keefe, entraîneur des Maple Leafs

Il n’a pas tort. Cette année, seul Matthew Tkachuk a forcé l’ennemi à pécher (50 fois) plus souvent que Marchand (46).

À en croire le pilote des Torontois, le capitaine des Bruins jouit maintenant d’un préjugé favorable lui permettant d’altérer le cours des choses. Comme un superpouvoir. Celui qui a longtemps eu la réputation d’un joueur sanguin prompt à perdre le contrôle et à placer son équipe dans le pétrin serait devenu une espèce de vieux sage sachant jongler parfaitement avec le jugement des arbitres.

Et Keefe ne fabule pas.

Sur la séquence d’une grande confusion qui a mené au premier but des Bruins, créant alors l’égalité 1-1, Marchand a fait sauter les patins de Bertuzzi en toute impunité. Depuis le début de la série, les Leafs ont commis deux infractions à son endroit et lui-même ne s’est jamais retrouvé au cachot. D’accord, mais l’an dernier, qu’en était-il, demandez-vous? Une punition mineure en sept rencontres en éliminatoires. C’est peu. Bien en deçà de son rythme en saison et de ses premières expériences dans les séries.

C’est l’âge, nul doute, il assagit même les plus vitrioliques d’entre nous.

C’est nouveau, s’en est amusé l’entraîneur des Bruins, Jim Montgomery.

Tout le monde dans les séries cible les meilleurs joueurs adverses. Il est ciblé. Il réussit quand même à déranger les adversaires sans franchir la limite. C’est tout à son honneur, ça démontre qu’il a pris de la maturité, a enchaîné le Montréalais d’origine.

Il fallait en faire abstraction, a dit Keefe. Son groupe n’en a pas été capable.

Mener par l’exemple

L’entraînement n’avait pas encore officiellement commencé mercredi matin que Marchand bondissait d’un pied sur l’autre, impatient.

Il s’est mis à aboyer pour qu’on commence le premier exercice. J’ai dit : "On est trois minutes à l’avance." Et il a dit : "Allez on y va." J’ai adoré ça, a raconté Montgomery.

C’est sûrement facile à dire après coup, mais l’entraîneur de Boston a confié avoir eu une bonne impression pendant la séance matinale. L’énergie y était, l’ambiance bon enfant aussi, un contraste avec la cadence plus rigide des Leafs.

Je savais qu’on aurait un bon match. Je ne savais pas qu’on gagnerait parce que les Leafs forment une bonne équipe, mais je savais qu’on venait pour jouer, a-t-il lancé après la victoire.

Alors que tout semble si sérieux pour Toronto, il y a une légèreté dans l’air du côté des Bruins, peut-être incarnée par le capitaine. Les contextes sont évidemment différents. Advenant une défaite, le poste de Keefe pourrait être en jeu, l’intégrité du noyau des Leafs aussi, qui sait.

Marchand, lui, profite plus de son privilège qu’il ressent la pression. C’est un jeu après tout, faut-il le rappeler. Est-ce la retraite de son bon ami Patrice Bergeron, la perspective conférée par le temps qui passe? La paternité, peut-être, qui apporte souvent un recul bienvenu.

Ce n’est pas donné de pouvoir jouer en séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Je me suis réveillé [mercredi matin] en ressentant de la gratitude, en comprenant que c’est un cadeau de la vie de pouvoir jouer dans cette ligue en séries. On en rêve enfant et j’en parle aux miens. Ils rêvent de pouvoir jouer à ce niveau. De réaliser qu’on le vit, j’étais reconnaissant. Il faut en profiter au maximum, a-t-il conclu.

Amen.

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