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ChroniqueLa tour de Pise et le redressement du Canadien

Un homme se tient devant un micro durant un point de presse.

Kent Hughes

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Dans la Ligue nationale de hockey (LNH), la misère est un peu comme la tour de Pise, elle penche toujours du même côté.

Si reconstruire une équipe était chose facile, Steve Yzerman n’aurait pas vu ses Red Wings de Détroit rater les séries pour une huitième saison de suite mardi au Centre Bell.

Si redresser une équipe était un mandat aisément réalisable, les Sabres de Buffalo ne seraient pas en vacances pour une 13e année d'affilée.

Et les nouveaux dirigeants des Sénateurs d'Ottawa ne seraient pas en train de se demander pourquoi leur noyau, jadis tellement prometteur, est incapable de se qualifier depuis sept ans.

Puis, les Devils du New Jersey, qui se croyaient définitivement sortis du bois la saison dernière, ne seraient pas contraints de regarder les séries à la télévision pour la 10e fois au cours des 12 dernières années.

Toutes ces organisations ont ceci en commun : leurs dirigeants et leurs joueurs ont déjà cru que des jours meilleurs ou des succès durables se profilaient à l’horizon.

Le Canadien de Montréal fait partie de ces formations qui tirent le diable par la queue depuis longtemps. S’il n’y avait pas eu de pandémie, cette équipe viendrait tout juste de rater les séries pour une septième saison d’affilée.

Certains se souviennent peut-être qu’en avril 2019, assis à la même table qu’occupaient Jeff Gorton et Kent Hughes mercredi matin, Marc Bergevin soulignait dans son bilan de fin de saison à quel point l’avenir s’annonçait radieux. Le CH venait alors d’amasser 96 points et ses joueurs avaient appris la veille de leur 82e match qu’ils étaient exclus du tournoi printanier.

On a un bel avenir. On a beaucoup de jeunes qui cognent à la porte. On est parmi les 10 plus jeunes équipes de la LNH. On va dans la bonne direction, même si on est déçus d’avoir raté les séries. […] Le message que nous lancent les joueurs, c'est qu'on ne fait que commencer, avait dit l’ex-directeur général du Tricolore.

Mercredi matin, donc, au lendemain d’une saison de 76 points qui leur vaudra le 27e ou le 28e rang du classement général, Gorton et Hughes ont soulagé bien des partisans en affirmant qu’une participation aux séries est désormais envisageable dès la saison prochaine.

Et tout comme en 2019, le message que lancent les joueurs, c’est que le train est prêt à se mettre en marche. S’adressant aux journalistes quelques minutes après ses patrons, le capitaine Nick Suzuki a abondé dans le même sens.

Nous ne sommes assurément pas si loin d’être une équipe des séries et de nous battre pour la Coupe Stanley. Ce sera notre objectif au début de la prochaine saison, a-t-il affirmé.

Le business du sport professionnel consistant à vendre de l’espoir, la campagne de vente ou de renouvellement des abonnements de saison devrait bien aller au cours des prochaines semaines.

***

De toute évidence, même s’ils n’ont remporté que 2 de leurs 10 dernières rencontres, joueurs et dirigeants du CH sont ressortis ragaillardis de la dernière ligne droite du calendrier.

Au cours des dernières semaines, malgré une formation décimée, ils ont infligé deux défaites, dont une volée de 9-3, aux Flyers de Philadelphie, qui luttaient pour conserver leur place dans les séries. Le Bleu-blanc-rouge a aussi subi trois défaites en prolongation contre les Islanders de New York et les Red Wings, qui se battaient aussi férocement pour une participation à la grande danse du printemps.

Le raisonnement est simple : si nous sommes capables de tenir tête à des formations qui luttent jusqu’à la fin pour une place en séries, nous pouvons faire comme elles.

Je suis vraiment excité de la manière dont nous avons compétitionné jusqu’à la fin. Ce n’est pas facile. Vous échangez Sean Monahan et vous signalez (aux joueurs) que ce n’est peut-être pas notre année. […] J’ai vu d’autres organisations où, quand l’équipe n’est plus dans la course, vous voyez le niveau d’énergie baisser. Ça plonge. Nous, on a joué des matchs qui avaient de l’importance (au classement) dans le reste de la ligue, et notre équipe s’est bien battue dans ces matchs. Combien de matchs d’un point avons-nous joués? Nous avons aussi perdu nos quatre derniers matchs en prolongation, a fait valoir Gorton.

Les matchs serrés, ceux qui se sont soldés par une différence d’un but, sont effectivement devenus une source d’espoir en fin de calendrier. Surtout ceux qui ont été disputés face aux meilleures équipes de la LNH, comme les Panthers de la Floride, le Lightning de Tampa Bay, les Maple Leafs de Toronto, les Bruins de Boston, les Oilers d’Edmonton, l’Avalanche du Colorado, et alouette!

Les indicateurs de possession de rondelle de la plupart de ces rencontres ne témoignaient toutefois pas de duels serrés. Ils rendaient plutôt hommage au brio des gardiens.

Le Canadien a subi 27 défaites par la marge d’un but cette saison. Lorsqu’on découpe cette séquence en petites tranches, on se dit qu’un seul but aurait fait toute la différence et qu’un but, ce n’est presque rien. Mais lorsqu’on regarde l’ensemble de l’œuvre, c’est plutôt de 54 buts dont il est question. Il aurait fallu en accorder 27 de moins avant d’en marquer 27 de plus.

Dans la LNH, un tel revirement de situation s’avère toute une commande.

Martin St-Louis, dont le contrat a été prolongé jusqu’à la fin de la saison 2026-2027, rappelle souvent qu’une organisation doit se baser sur la vérité pour être en mesure de construire quelque chose de crédible et de solide.

Et Hughes ne fait pas de jovialisme lorsqu’il affirme que son équipe a besoin d’un ajout de talent offensif, que l’aspect physique de son jeu doit être rehaussé et que le rendement de ses unités spéciales doit s’améliorer.

Même pris isolément, chacun de ces trois souhaits n’est pas évident à réaliser.

***

Malgré tout ce qui précède, et même s’il n’est assurément pas facile de s’extirper du club des sempiternels exclus des séries, l’été des dirigeants montréalais s’annonce passionnant. Parce que le délicat virage qu’ils négocieront au cours des prochains mois est susceptible de changer la trame de l’histoire.

Premièrement, comme je le mentionnais dans la chronique précédente, le département de recrutement de l’organisation connaît l’une des plus fructueuses périodes de son histoire. Depuis 2019, année après année, les choix de premier tour de l'équipe décrochent (ou sont sur le point de décrocher) des rôles clés.

Les choix des tours subséquents génèrent aussi des joueurs de la LNH de grande qualité. Lane Hutson en est un bel exemple. Après seulement deux matchs, l’électrisant défenseur américain se profile comme un quart-arrière exceptionnel.

En regardant jouer Hutson cette semaine, nous blaguions sur le fait que la boutique du Tricolore devrait rapidement renouveler ses stocks de numéros 4 et 8, parce qu’il se vendra énormément de chandails arborant le numéro 48 au cours des prochaines années.

Surtout, à cause du travail exceptionnel de ses recruteurs, le Canadien se retrouve désormais en situation de surplus à la position de défenseur. Les arrivées imminentes de Hutson et de Logan Mailloux, ainsi que le fait de compter David Reinbacher dans la banque d’espoirs, offrent à Gorton et à Hughes la capacité de troquer un ou des défenseurs de talent pour mettre la main sur un ou de jeunes attaquants de talent.

La position avantageuse que détiendra le CH au prochain repêchage vaudra aussi son pesant d’or.

Si ce virage est bien négocié, c’est donc une formation nettement mieux équilibrée qui se présentera au prochain camp d’entraînement. Une formation qui pourra éventuellement rêver de quitter le camp des gueux pour rejoindre celui des nantis.

Vous le savez quand le temps est venu d’appuyer sur l’accélérateur. […] Nous avons atteint un point où nous avons beaucoup d’actifs. Nous avons beaucoup de bons joueurs qui vont dans la bonne direction. […] Notre équipe nous a démontré beaucoup de choses cette saison et on va regarder durant l’été comment la propulser vers l’avant, a indiqué Gorton.

Cet été sera mon plus important à date, reconnaît Hughes.

Le DG insiste sur le fait qu’il ne prendra pas de décisions précipitées et qu’il doit faire preuve d’une certaine patience. Par contre, il se retrouve un peu victime du succès de ses recruteurs et il ne peut pas se permettre d’accueillir 9 ou 10 défenseurs de la LNH au prochain camp d’entraînement.

Ce n’est vraiment pas facile de quitter la misère dans la LNH. Voyons comment il jouera ses cartes au cours des prochaines semaines.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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