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AnalyseLe Canadien s’approche d’un moment pivot de sa reconstruction

Les joueurs saluent la foule.

Le Canadien de Montréal a conclu sa saison contre les Red Wings de Détroit, mardi soir, au Centre Bell.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Le Canadien n’a récolté que huit points de plus par rapport à l’année dernière, il a même gagné un match de moins, ses unités spéciales ont vivoté et la cohésion en défense n’a pas toujours été au rendez-vous. En apparence, cette idée que l’équipe a progressé cette saison pourrait ressembler à de la poudre aux yeux.

Pourtant, tout le monde dans l’organisation, qu’il s’agisse des dirigeants, des entraîneurs ou des joueurs, s’entend pour dire que le CH a fait un grand pas en avant. C’est vrai qu’examinés les uns après les autres, les jeunes joueurs appelés à former le noyau d’une équipe compétitive – les Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Newhook, Matheson, Guhle, Montembault, etc. – se sont tous améliorés durant cette campagne.

Il s’agit de veiller à ce que le groupe devienne à compter de la saison prochaine la somme de toutes ses parties.

Nous sommes plus avancés que ce que les gens auraient imaginé à ce stade-ci, a soutenu le capitaine Nick Suzuki à l’occasion du bilan de fin de saison, mercredi.

Le Tricolore progresse suffisamment pour qu’on soit plus à l’aise d’exprimer à haute voix l’ambition de participer aux séries l’an prochain. Personne n’a fait de promesses, mais tout le monde est préparé à ce que les attentes soient ajustées à la hausse.

Le hic, c’est qu’on sait quand une reconstruction commence, mais on ne sait jamais quand elle finit. À l’intérieur même de la Division atlantique, les exemples d’équipes aux prises avec une interminable relance sont nombreux.

Détroit n'a pas réussi à se qualifier pour les séries depuis huit ans, Ottawa depuis un certain temps aussi (sept ans), et Buffalo (13 ans)..., a énuméré Suzuki. C'est évidemment une situation difficile de faire les séries avec les divisions et les équipes repêchées. Si vous aviez demandé à Détroit et à Ottawa au début de la saison, ils pensaient probablement qu'ils seraient dans les séries. Mais c'est une ligue compétitive, c'est ce qui la rend vraiment bonne.

Mais avec notre culture, avec Marty, la direction et le groupe de gars qu’on a, on peut surmonter ça assez facilement.

Assez facilement?

Voilà le ton d’un homme confiant.

Martin St-Louis, un argument de vente

Jusqu’à maintenant, l’administration de Jeff Gorton et de Kent Hughes a accéléré le processus de reconstruction en échangeant des choix au repêchage pour aller chercher des joueurs de 20 ou 21 ans, notamment Kirby Dach et Alex Newhook.

Il est difficile de dire si Gorton et Hughes entendent répéter cette recette ou s’ils procéderont à un autre type d’acquisition, mais les deux hommes admettent que ce sera leur été le plus important depuis qu’ils dirigent le Canadien.

Tu le sais quand c'est le bon moment d'agir et que la bonne occasion arrive sur ton bureau, que ce soit un échange ou une signature de joueur autonome, a dit Gorton, l’ancien DG des Rangers. On a fait certaines choses (à New York) qui, je pense, ont accéléré les choses, et ç'a plutôt bien fonctionné pour eux. C'est ce qu’on recherche ici. On en est au point où l’on a beaucoup d'atouts, beaucoup de bons joueurs. On va dans la bonne direction. Et c'est à Kent, à moi et à Marty de déterminer ce qu’il en est.

Le joueur autonome Artemi Panarin avait manifesté l’intention de se joindre aux Rangers, tandis que le super espoir Adam Fox avait manœuvré pour faire en sorte qu’il joue à New York, et nulle part ailleurs. Il va sans dire que deux ajouts de cet ordre requinquent une reconstruction, et c’est là où l’attrait de la Big Apple a grandement aidé les Rangers.

Le Bleu-blanc-rouge ne suscite pas le même engouement.

Ce n’est toutefois pas anodin que Gorton, qui a procédé à la venue de Panarin et de Fox avec les Rangers, ait souligné que Montréal était en voie de devenir une destination plus prisée pour les joueurs.

Le style de jeu qu’on pratique est motivant pour l’équipe. Ils aiment jouer du jeu offensif, et je pense que ça va nous aider à aller de l'avant dans le développement et dans l'acquisition de joueurs. Je pense que Montréal va être un endroit où les joueurs voudront jouer. On l'entend de plus en plus, et je pense que Marty y est pour beaucoup.

Un entraîneur de hockey, derrière le banc pendant un match, regarde quelque chose au loin.

Martin St-Louis sera derrière le banc pendant les trois prochaines saisons.

Photo : usa today sports / Matt Blewett

L'adhésion de tous

Le bilan de fin de saison a commencé avec l’annonce d’une option de deux ans additionnels dont l’organisation s’est prévalue au contrat de son entraîneur-chef. C’est donc dire que St-Louis, à qui il restait un an à l’entente, sera derrière le banc pour au moins trois autres saisons.

Il est un rouage central du plan de redressement du Canadien. Il est le visage de l’équipe, il en est le principal messager, tant auprès du public que de ses joueurs. Il n’est certes pas seul à mener à bien le développement des jeunes, mais son impact est tel que, malgré des résultats encore insuffisants, il est parvenu à mobiliser tout le monde derrière le processus qu’il a implanté et le genre de culture qu’il compte instaurer à Montréal.

C’est notre roc, a dit de façon imagée Caufield.

Combien d’entraîneurs jouissent d’une telle cote et sont plébiscités de la sorte malgré une fiche de ,438 en plus de 200 matchs à la tête de l’équipe?

Cela en dit long sur la valeur de l’homme.

Ce qu'il y a de bien avec lui, c'est qu'il prouve chaque jour quelque chose de nouveau, a noté Gorton. On ne sait même pas encore tout à fait qui il est. On a l'impression qu'il y a encore du nouveau à découvrir, et c'est difficile à faire dans ce métier-là.

St-Louis est en train de bonifier l’attrait de Montréal dans toute la ligue.

De la manière dont les troupes se sont données jusqu’en toute fin de saison, qu’elles sont demeurées unies malgré les difficultés, et que leur conviction demeure inébranlable au milieu de cette reconstruction, a quelque chose d’attrayant par rapport à d’autres équipes dont la reconstruction ne finit jamais et qui sont forcées de changer d’entraîneur comme on change de caleçon. Le cas des Sabres de Buffalo, qui seront à la recherche d’un huitième entraîneur-chef en 13 ans à la suite du congédiement de Don Granato, vient en tête.

J'ai l'impression que notre personnel a fait un très bon travail pour enseigner, expliquer et impliquer les joueurs dans la discussion, disait St-Louis après le dernier match de la saison. Je pense qu'ils sentent qu'ils font partie du processus, que ce n'est pas une dictature. Quand tu as un environnement comme ça, c’est plus facile d'y adhérer. Je suis fier de là où l’on en est avec notre groupe, autant sur la glace qu'en dehors.

Mais chaque année, il faut continuer à les convaincre.

Les amateurs et les médias aussi ont besoin d’être convaincus. Certes, il s’en trouve pour déplorer le peu de succès que le CH a récolté depuis son arrivée en poste, mais bon nombre d’amateurs comprennent ce qu’exige une reconstruction et adhèrent à cette démarche.

Lors du bilan, plusieurs joueurs ont d’ailleurs relevé à quel point le soutien des amateurs, à commencer par ceux qui gardent le Centre Bell rempli à craquer, a un effet positif sur eux.

Ça n’a pas toujours été ainsi.

Si le marché de Montréal cessait d’être perçu comme étant aussi impitoyable qu’il l’était autrefois, ce serait un autre élément pour en faire une destination plus prisée.

S’améliorer en repêchant bien et en développant soigneusement ses joueurs est une chose, mais le jour où l’équipe voudra mettre la main sur un joueur de premier plan évoluant pour une autre équipe, ce sera plus facile de l’attirer à Montréal si l’environnement apparaît invitant.

Panarin et Fox ont eu l’air de tomber du ciel pour les Rangers. Peut-on rêver d’un jour où le Tricolore sera perçu du même œil?

Un hockeyeur, sans casque, s'échauffe avant un match.

Le retour au jeu de Kirby Dach la saison prochaine changera la donne dans l'échiquier du Canadien.

Photo : The Canadian Press / Graham Hughes

L'équivalent d'un trio de plus

L’état-major devra saisir le bon moment pour passer à l’action. Il devra en outre déterminer si l’équipe a besoin de plus de vétérans – à l’image de ce qui a manqué aux Sénateurs d’Ottawa dans les dernières années – ou s’il doit miser sur un groupe d’âge bien circonscrit.

On sait qu’on a besoin d’ajouter du talent offensif, a toutefois martelé Hughes.

Ce n’est pas nouveau. Le constat avait été fait avant même le début de cette campagne et le déroulement de la saison n’a fait que le confirmer. Mais son capital de choix au repêchage et de jeunes défenseurs donne désormais au Canadien les munitions pour partir à la recherche d’un joueur d’impact qu’il ajouterait à ses deux premiers trios.

L’ambition de participer aux séries la saison prochaine n’est pas farfelue. Or, la direction de l'équipe ne fera pas d’acquisition dans le but d’atteindre cet objectif dès 2024-2025 si les nouveaux venus finissent par barrer la route aux meilleurs espoirs. En ce sens, le plan à long terme continue d’avoir préséance.

Cette idée est surtout vraie en défense, où l’on ne veut pas faire entrave à la progression de Logan Mailloux, David Reinbacher et Lane Hutson. En attaque, l’acquisition d’un talent de pointe viendrait combler un manque et ne bloquerait la voie à personne en particulier.

Pour peu que cet hypothétique attaquant n’entraîne pas l’échange d'un haut choix de premier tour du prochain repêchage, le visage de l’attaque pourrait changer rapidement en un an ou deux. Car il y a de bonnes chances qu’un attaquant de premier plan soit disponible au rang où repêchera le CH.

Avec le retour en santé de Kirby Dach, qui va être comme ajouter un centre de premier plan au début de la prochaine saison, a relevé Suzuki, et l’ajout éventuel d’un attaquant par voie d'échange, la donne serait autre l’an prochain. Et si l'on extrapole un peu, cet espoir repêché pourrait venir compléter l’équivalent d’un trio dans un avenir pas trop lointain.

La direction montréalaise ne tirera pas sur la fleur pour la faire pousser plus vite. À l’avant, il faut que cet attaquant de talent soit disponible, qu’il convienne au CH et que son prix d’acquisition lui convienne. Et en défense, on évitera de précipiter l’arrivée de jeunes prometteurs en les laissant mûrir dans la Ligue américaine si cela s’avère nécessaire.

Voilà pourquoi, malgré une trajectoire intéressante qui élèvera sans aucun doute les attentes, la prudence en vue de l’année prochaine reste de mise. Mais l’optimisme règne quant à l’avenir à long terme.

Un hockeyeur ajuste son casque.

Josh Anderson avait hâte que la saison se termine.

Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis

Anderson, du recul et une nouvelle chance

S’il y en a un dont l’humeur détonnait par rapport à ses coéquipiers, c’est Josh Anderson. Il nous a dit avoir la date de la fin de la saison encerclée à son calendrier depuis plusieurs semaines déjà, autant pour le sentiment de libération de voir cette saison en enfer finalement terminée que pour l’angoisse de devoir en faire l’autopsie devant les journalistes.

Il faut en parler, et je suis complètement honnête avec vous, a dit Anderson. J’ai été pourri cette année. Il n’y a pas d’autre façon de voir ça.

L'attaquant a mentionné qu’il allait prendre quelques semaines loin du hockey avant de jeter un nouveau regard sur cette saison qui l’a vu inscrire seulement 9 buts et 11 passes en 78 matchs. Il doit arriver à comprendre ce qui n’a pas fonctionné.

Anderson estime toutefois qu’il est tout à fait capable d'apporter sa contribution à une équipe dirigée par Martin St-Louis.

Je pense que je dois juste retrouver mon niveau de jeu, a-t-il indiqué. Je pense que Marty propose une excellente manière de jouer. C'est l'un des meilleurs entraîneurs que j'ai eus dans ma carrière. Quand j'aurai réglé les choses que j'ai besoin de régler pour revenir à l'ancien Josh Anderson, je pense que je vais très bien m'adapter à Marty.

L'épaule de Caufield a bien réagi

Malgré une récolte de huit buts dans les neuf derniers matchs de la saison, Caufield a conclu la campagne avec 28 buts, un total en deçà des objectifs qu’il s’était fixés.

La façon dont il a été capable de jouer en défense, de faire des jeux et de ne pas se concentrer uniquement sur le fait de marquer des buts, ç’a fait de lui un bien meilleur joueur, a affirmé Suzuki.

Le taux de conversion aux lancers de Caufield de 8,9 % a été le plus faible de sa carrière, tandis que son volume de tirs, à raison de 3,83 par match, a été le plus élevé. Il fallait donc demander : y a-t-il eu dans sa capacité à générer des tirs menaçants de quelconques relents de l’opération à l’épaule qui avait mis fin à sa saison 2022-2023?

J'ai eu l'impression que mon épaule était à 100 % tout au long de l'année, a assuré Caufield. Évidemment, il y a eu des questions de constance avec l’amplitude, et parfois elle a peut-être été fatiguée, mais je pense toujours à 100 % que c’était la chose à faire. Je me sens bien maintenant. Je ne dirais pas que c'est une excuse pour quoi que ce soit. Je fais entièrement confiance à mon épaule et elle ne devrait plus poser de problème à l'avenir.

Dossier réglé.

Inscriptions et désistements au mondial

Les dirigeants des équipes nationales canadienne et américaine ont mis une certaine pression sur la catégorie de joueurs qui, selon eux, ont encore des choses à prouver avant de décrocher un poste en vue des Jeux olympiques de 2026 et, d’ici là, pour le tournoi des Quatre nations qui sera organisé par la Ligue nationale l’an prochain.

Caufield a répondu à l’appel et a confirmé sa présence dans la sélection américaine pour le Championnat du monde en Tchéquie. Idem pour Kaiden Guhle, avec Équipe Canada. Suzuki, en revanche, se fait tirer l’oreille. La compétition sera pourtant vive pour un poste aux JO, et se rapprocher de la formation nationale ne lui ferait pas de tort.

Après avoir remporté l’or au mondial l’an dernier, le gardien Samuel Montembeault a pour sa part décliné l’offre d’Équipe Canada, à l’instar de Mike Matheson, dont l’épouse attend un enfant au mois de mai.

Juraj Slafkovsky sera la tête d’affiche de l’équipe slovaque, tandis qu’il ne serait pas surprenant de revoir Joel Armia dans l’uniforme de la Finlande.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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