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AnalyseLa métamorphose annoncée du hockey féminin à l’international

Trois joueuses de hockey.

Andrea Braendli, Laura Stacey et Nicole Vallario

Photo : The Canadian Press / Nathan Denette

Le hockey féminin vit son heure de gloire avec la création de la LPHF, un franc succès. Cette réussite va bien au-delà de la nouvelle ligue, puisque le Championnat du monde de 2024 pourrait offrir le meilleur niveau de jeu jamais présenté dans cette compétition.

La LPHF a certainement eu des effets négatifs. On n’a qu’à penser à cette blessure subie par Marie-Philip Poulin le 8 mars dernier et qui rend la présence de la capitaine incertaine. Du moins, pour le début du tournoi.

De façon générale, force est d’admettre que la création de cette nouvelle ligue professionnelle a un impact positif sur la croissance du hockey international.

Les meilleures ont plus que jamais l’occasion de s’améliorer. Parlez-en aux gardiennes de but canadiennes Emerance Maschmeyer et Kristen Campbell, qui devaient se contenter d’un rôle de substitut derrière Ann-Renée Desbiens en équipe nationale. Aujourd’hui, elles sont les gardiennes no 1 avec Ottawa et Toronto.

Un autre excellent exemple est celui de Laura Stacey, qui avait plus des responsabilités défensives avec le Canada, mais qui est utilisée à toutes les sauces avec Montréal dans la LPHF. Les résultats de leur progression sont évidents et l’équipe canadienne ne peut qu’en sortir gagnante pour les futures compétitions internationales.

Il n’était pas rare de voir des pointages de 10-0 au tour préliminaire dans des matchs du Canada ou des États-Unis au Championnat du monde ou aux Jeux olympiques, au grand plaisir des détracteurs du hockey féminin. Si ce n’est pas impossible de voir de telles situations encore aujourd'hui, le début de la phase de groupe montre plus que jamais que l’écart se rétrécit entre ces deux équipes et les autres nations.

La Tchéquie est peut-être le pays qui illustre le mieux cette tendance. Gagnante de la médaille de bronze lors des deux derniers mondiaux, elle a vu plusieurs de ses joueuses être repêchées dans la LPHF.

L’entraîneuse Carla MacLeod n’est certainement pas étrangère au succès de cette équipe. Gagnante de deux médailles d’or olympiques quand elle représentait le Canada comme joueuse, elle a par la suite obtenu le poste à la tête de la nouvelle équipe de la LPHF à Ottawa. Ce n’est donc pas surprenant que Katerina Mrazova, Aneta Tejralova, puis Tereza Vanisova, au moyen d’un échange avec Montréal, se retrouvent aujourd’hui sous ses ordres dans la capitale nationale.

Ce Championnat du monde, présenté à Utica, dans l'État de New York, est l’occasion pour les Tchèques de confirmer qu’elles ont leur place parmi l’élite mondiale.

À leur premier match, elles ont facilement vaincu 4-0 la Finlande, une nation qui était pourtant l’une des meilleures du monde il n’y a pas si longtemps. Même privée de Katerina Mrazova, blessée, la Tchéquie prouve qu’elle a le potentiel pour affronter n’importe quelle puissance. Et ce n’est que le début si l’on se fie à une joueuse comme Adela Sapovalivova, 17 ans seulement, qui a trouvé le fond du filet lors du premier match.

La réalité, c’est que le temps passé dans la LPHF, autant pour les joueuses que pour l’entraîneuse, ne peut qu’avoir un effet positif. Avoir l’occasion de s’entraîner quotidiennement avec les meilleures joueuses du monde est en train de faire éclore des talents qui passaient en quelque sorte sous le radar.

Akane Shiga en action sur la patinoire.

La Japonaise Akane Shiga a réussi à se tailler une place avec l'équipe d'Ottawa à 22 ans.

Photo : Getty Images / Minas Panagiotakis

Akane Shiga, qui joue aussi à Ottawa, est la seule Japonaise dans la LPHF. Après un début de saison timide, la joueuse de 23 ans semble prendre confiance. Si elle avait déjà fait sa marque sur la scène internationale, sa progression, au cours des derniers mois, est fulgurante.

Après un mondial décevant en 2023, elle s’est distinguée dès le premier match du Japon cette année, marquant un but de toute beauté en plus d’ajouter une passe. Il ne faudrait pas se surprendre de voir d’autres joueuses asiatiques faire le saut dans la LPHF au cours des prochaines années.

La Française Chloé Aurard (New York), l’Autrichienne Theresa Schaflazl (Boston) et la Hongroise Fanni Garat-Gasparics (Ottawa) servent aussi d’inspiration comme seules joueuses de leur pays à avoir obtenu un contrat dans la nouvelle ligue.

On n’a qu’à faire le tour des formations de la NCAA, le circuit universitaire américain, pour réaliser que le hockey féminin de haut niveau n’est plus réservé aux Américaines et aux Canadiennes. La Suisse Andrea Brändli fait partie de ces joueuses auxquelles on prédit une brillante carrière. La gardienne de but de l’Université de l’Ohio a réalisé une performance spectaculaire de 51 arrêts dans la défaite contre les États-Unis lors du premier match à Utica.

Un talent qui rappelle celui de la gardienne Florence Schelling, qui avait permis à la Suisse d’arracher la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sotchi. La plus grosse différence, c’est que les options de Schelling pour la suite des choses étaient plutôt limitées.

Les images de Nela Lopusanova, 16 ans seulement, ont fait le tour de la planète. La Slovaque impressionne par son talent, même si son pays joue en deuxième division.

La Chine effectue pour sa part un retour en première division pour la première fois en 15 ans. On se souviendra que beaucoup d'investissements avaient été faits en prévision des Jeux olympiques de Pékin afin de faire progresser plusieurs sports dans le pays, dont le hockey féminin. On avait fait appel à des joueuses comme Leah Lum (Montréal) ou Hannah Miller (Toronto) pour le tournoi olympique.

Pour le mondial de 2024, on a misé uniquement sur des joueuses qui sont nées en Chine et, pour le moment, ça semble fonctionner. L'équipe a gagné en tirs de barrage contre le Japon en ouverture de tournoi. Si cette stratégie peut ne pas plaire à certains, ça signifie tout de même que les efforts ont porté leurs fruits et que le hockey féminin est réellement en progression en Chine.

L'Italie mise quelque peu sur un plan similaire à l'approche des Jeux olympiques de Milan-Cortina. Avec l'aide de Danièle Sauvageau, on a embauché un personnel technique majoritairement québécois, et c'est Stéphanie Poirier qui agit à titre d'entraîneuse-chef. Même si l'équipe italienne semble encore bien loin de l'élite mondiale, la volonté de faire grandir le hockey féminin est bien réelle.

Des pays comme la Grande-Bretagne ou la Slovénie continuent aussi de se développer, avec des gains significatifs chaque année. La rapidité de croissance ou le bassin de talents va différer d'un pays à l'autre, mais on a l'impression que le hockey féminin prend de l'ampleur aux quatre coins de la planète.

Imaginez que même la Thaïlande peut se vanter d'avoir complètement dominé son groupe à sa première participation à un Championnat du monde et obtiendra donc une promotion dans le groupe A de la quatrième division mondiale.

Il y a fort à parier que les États-Unis affronteront encore une fois le Canada en grande finale du mondial, mais qui remportera la médaille de bronze? Même si les deux puissances demeurent pour le moment dominantes, elles devront continuer à se renouveler si elles ne veulent pas se faire rattraper par la concurrence.

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