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Budget du Québec : le sport reste sur sa faim

Ils sont dans un gymnase.

Des jeunes jouent au basketball.

Photo : Radio-Canada / Jean-Marie Yambayamba

Il n’a pas fallu attendre longtemps pour connaître le degré de déception des dirigeants du sport à propos du budget déposé mardi par le ministre des Finances du Québec.

La Coalition pour l’avenir du sport et de l’activité physique du Québec (CASAPQ) déplore l’absence d’écoute quasi totale du gouvernement face à ses demandes et aux besoins criants de la population québécoise en la matière.

À la lecture du communiqué officiel de la CASAPQ publié mardi en fin d’après-midi, on comprend que l’exercice financier 2024-2025, tel que présenté par Eric Girard, n’offre guère d’espoir de voir les choses s’améliorer dans le paysage sportif provincial.

Malgré une proposition détaillée et chiffrée s’élevant à 243 M$ pour 2024-2025 pour catalyser une transformation positive au bénéfice de la santé de la population et le bien-être économique du Québec, les appels de la Coalition sont restés sans réponse, peut-on lire dès les premières lignes.

Rien non plus pour soutenir les besoins en capital humain des différentes fédérations et des organismes voués à l’encadrement, à la gestion et à la promotion du sport ou du loisir comme véhicule favorisant une meilleure santé.

Budget du Québec 2024

Consulter le dossier complet

Eric Girard prononce son discours du budget à l'Assemblée nationale.

Joints par Radio-Canada Sports, des responsables des fédérations de l’athlétisme, du judo et de l’âge d’or ont chacun souligné à quel point ils sont tous en manque de moyens pour jouer les rôles de plus en plus lourds que le gouvernement exige de leur part.

Faux départ

Robert Demers, directeur général d’Athlétisme Québec, vit déjà une situation difficile où le manque d’officiels qualifiés entraîne l’annulation de compétitions et même de rencontres entières un peu partout à l’échelle du territoire.

On espère toujours avoir un peu plus pour le sport parce que nos besoins augmentent sans cesse. Nos demandes en termes de régie et de gouvernance vont toujours en augmentant. Ne pas pouvoir suivre l’inflation rend le défi encore plus grand chaque année, a d’abord dit M. Demers.

Toute l’organisation du sport repose énormément sur le bénévolat. Les officiels représentent un groupe très important dans l’organisation du sport. Quand on pratique l’athlétisme, on se développe, on se dépasse. Mais sans officiels, il ne peut y avoir de compétitions. Et nous faisons déjà face à des défis énormes de ce point de vue.

Une citation de Robert Demers, directeur général de la Fédération québécoise d'athlétisme

La formation d’officiels entraîne des coûts : organiser la formation, trouver et payer le formateur, payer un per diem, défrayer les déplacements, louer des salles pour y tenir cette formation. Tout ça prend de l’argent, et c’est un cheminement qui peut s’étendre sur plusieurs années pour atteindre les plus hauts niveaux, a renchéri M. Demers.

Rappelons que le Québec ne compte qu’une centaine d’officiels pleinement qualifiés et qu’il faudrait en former une cinquantaine de plus par année d'ici 2027, voire 2028, juste pour maintenir le niveau.

Athlétisme Québec n’a pas encore de système comme ceux en place à Hockey Québec ou à Soccer Québec pour rémunérer minimalement ses officiels. De l’aveu de Robert Demers, on craint que cela ne vienne augmenter sensiblement la facture de la pratique pour les adeptes de ce sport.

Pas encore au tapis

Pour Patrick Kearney, président de Judo Québec, il est primordial de donner un sérieux coup de barre pour empêcher ce qui a toutes les allures d’un naufrage annoncé.

Je pense que le gouvernement n’a pas encore compris qu’en investissant dans le sport et ses infrastructures, cela lui permettrait de sauver beaucoup de sous. On remet encore de l’argent dans le système de santé. Une portion couvre la hausse des salaires que je ne remets pas en question. Mais au bout de la ligne, les professionnels de la santé n’auront pas plus de moyens pour répondre aux besoins des usagers.

Une citation de Patrick Kearney, président de Judo Québec

On ne perçoit pas le sport comme une piste de solution et un investissement économique. On serait gagnant en réduisant les coûts de santé et en ayant une meilleure productivité de la population, a-t-il indiqué.

Mais pour être bien honnête, je n’avais pas d’attentes face à ce budget. Je n’ai pas été surpris, même si je n’ai pas trop compris l’annonce qui veut rendre le hockey plus accessible. On n’a pas beaucoup de détails, mais tous les sports doivent être rendus plus accessibles. Si tu as huit enfants, pourquoi juste le hockey. Tout le monde en veut des nananes, a dit Kearney dans son langage coloré.

Nous savons au sein de la Coalition que nous sommes dans un marathon. On n'en est qu'au deuxième ou troisième kilomètre. On va bientôt déposer un mémoire qui mettra en lumière les grandes lignes de nos objectifs pour le sport au Québec.

Il a reconnu qu'à choisir entre un nouveau toit pour le Stade olympique ou le soutien aux activités sportives d'un jeune du Saguenay ou de la Côte-Nord, son choix s'arrêterait sur les services aux communautés.

Ils sont assis sur des chaises.

Une aînée participe à un jeu de ballon en compagnie de jeunes d'une école primaire.

Photo : Radio-Canada/Geneviève Milord

Pas juste pour les jeunes

Enfin, du côté de la Fédération québécoise de l’âge d’or (FADOQ), nouvelle adhérente à la Coalition, le président Danis Prud’homme insiste lui aussi sur le fait qu’il souhaite voir ce mouvement, qui encadre environ 800 clubs au Québec, maintenir son offre de sports, de loisirs et de plein air pour les années à venir.

Au-delà des services, aux conseils et aux rabais commerciaux offerts à ses membres, plus de 70 000 personnes participent chaque semaine à des séances de toutes sortes qui les font bouger et les gardent actifs.

Si on veut continuer de faire bouger les gens et si on veut que l’on se professionnalise comme le prévoit le projet de loi 45, qui serait efficace en soi, il nous faut les ressources humaines et financières, a mentionné M. Prud’homme.

S’il reconnaît que le nouveau budget alloue des sommes à la protection de l’intégrité des personnes participant à des activités sportives, il demeure que la FADOQ devra ainsi en faire plus pour la mise en application de ces nouvelles pratiques. Mais voilà, les sommes dont elle aurait besoin pour y parvenir ne sont pas là.

Comme ailleurs dans le milieu sportif québécois, les bénévoles au nombre de 10 000 occupent une très grande place dans le fonctionnement de la FADOQ.

Chaque fois que l’on ajoute une couche de responsabilités pour professionnaliser davantage, la tâche devient très exigeante pour nos bénévoles. C’est difficile de les recruter, de les fidéliser, parce qu’à un moment donné, ils sont exténués parce qu’ils en ont trop à faire.

Une citation de Danis Prud'homme, président de la FADOQ

À l’instar de ses homologues de l’athlétisme et du judo, Danis Prud’homme a rappelé que chaque dollar investi dans le sport rapporte 9,80 $ en retombées économiques directes.

S’il est important de faire bouger les jeunes pour leur inculquer de saines habitudes de vie, il ne faut pas oublier de continuer à bouger en vieillissant. Parce qu’immobiliser quelqu’un qui est plus âgé, il lui faudra plus de temps pour récupérer ses moyens, a-t-il enchaîné.

C’est sûr et certain que si on ne fait pas bouger les gens, ils vont s’ankyloser. C’est alors très négatif parce qu’on entre dans un cercle où on va devenir plus malade et ça va coûter cher au milieu de la santé, a conclu M. Prud’homme à deux semaines de la retraite et d’une passation des pouvoirs à la tête de la FADOQ.

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