L’Agence mondiale antidopage mécontente de voir l’entourage de Kamila Valieva être blanchi

L'affaire de dopage sportif impliquant la patineuse russe Kamila Valieva a laissé un goût amer dans la bouche de l'Agence mondiale antidopage, qui est mécontente que les entraîneurs et l'entourage de la jeune femme aient été épargnés par les sanctions.

L'AMA souhaite procéder à une mise à jour de ses règlements antidopage d'ici aux Jeux olympiques d'hiver de 2026 en Italie afin de pouvoir enquêter sur l'entourage des athlètes visés, ont indiqué ses dirigeants à l'occasion de sa conférence annuelle mardi.

Il est évident que cette histoire a laissé un arrière-goût très déplaisant, quand on constate que la décision prise a été de sacrifier une athlète plutôt que de révéler qui l'a aidée à se doper, a mentionné le directeur général de l'Agence, Olivier Niggli.

Valieva a écopé d'une suspension de quatre ans devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) en janvier, à la suite d'une contestation de la décision par l'AMA.

Elle était âgée de 15 ans lorsqu'elle a appris qu'elle avait été déclarée positive à un médicament pour le coeur pendant les Jeux de Pékin en 2022. Elle avait alors allégué que cette substance s'était retrouvée dans son corps après avoir consommé un dessert à la fraise concocté par son grand-père.

Elle a été la seule personne punie dans cette affaire même si le code de l'AMA stipule que les personnes qui travaillent avec des athlètes d'âge mineur épinglés pour dopage doivent également faire l'objet d'une enquête.

La responsabilité de déclencher des enquêtes revient aux autorités nationales, et rien ne laisse croire que le personnel médical et la réputée entraîneuse de Valieva, Eteri Tutberidze, seront questionnés à ce sujet en Russie.

Tutberidze a plutôt reçu l'an dernier l'un des plus grands honneurs remis par le président Vladimir Poutine.

Niggli a admis qu'aucune preuve ne relie directement l'entraîneuse au test de dopage positif de Valieva, mais il a laissé sous-entendre que peut-être que le physiothérapeute ou le médecin était impliqué.

Néanmoins, selon l'AMA, les adultes qui entouraient Valieva ont échappé au système antidopage.

Nous considérons que l'athlète n'aurait pas pu ingérer cette substance sans l'aide de quelqu'un d'autre. Cela n'était pas son initiative, a évoqué le président de l'Agence, Witold Banka, en entrevue avec l'Associated Press. Elle en a subi les conséquences.

Ce n'est jamais bien de voir les athlètes être punis, et nous avons l'impression que la véritable personne responsable de tout cela en Russie a été exemptée (de sanctions), a ajouté Banka, rappelant que la situation géopolitique actuelle ne permet pas l'envoi d'une équipe d'enquêteurs de l'AMA en Russie.

Valieva et les dirigeants sportifs russes ont contesté la décision du TAS devant la Cour suprême de Suisse, qui peut intervenir pour des motifs limités d'abus de procédure judiciaire. Ce tribunal fédéral prend habituellement plusieurs mois avant de rendre un verdict.

La suspension de la patineuse doit arriver à échéance en décembre 2025, trois semaines seulement après la prochaine réforme globale du Code antidopage de l'AMA. Cette rencontre doit se dérouler à Busan, en Corée du Sud.

Peut-être que cette affaire démontre l'importance de procéder à une amélioration du système antidopage. Nous le faisons déjà, a souligné Banka.

Tutberidze dirige maintenant la prochaine génération de jeunes patineurs russes qui espèrent participer aux Jeux de Milan-Cortina.

Niggli a aussi été questionné à savoir ce que le Comité international olympique, l'Union internationale de patinage (ISU) et les hauts dirigeants antidopage peuvent faire pour éviter qu'une autre histoire comme celle de Valieva se reproduise en Italie.

L'ISU devra réviser son programme antidopage avant les prochains JO afin de s'assurer que tous les athlètes qui s'entraînent avec la même entraîneuse – évidemment, nous ignorons si elle est impliquée dans tout cela – seront testés de manière adéquate, a-t-il conclu.