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La lourde réalité de Catherine Dubois

Une femme est vêtue d'une tuque noire.

Catherine Dubois, hockeyeuse de réserve de l'équipe de Montréal

Photo : Gracieuseté : PWHL Montréal / Arianne Bergeron

La première saison de Catherine Dubois dans la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) n’est pas de tout repos. De véritables montagnes russes d’émotions.

D’abord joueuse de réserve, l'attaquante espère en avoir fait suffisamment pour convaincre l’équipe de Montréal de lui octroyer un contrat permanent.

En l’absence d’un club-école, chaque organisation dispose de trois joueuses de réserve qui peuvent recevoir un contrat de 10 jours, à deux reprises au cours de la saison, et uniquement en cas de blessure. En 9 matchs sur une possibilité de 24, Dubois a déjà été appelée en renfort à deux occasions.

Que lui arrivera-t-il au terme de ce second contrat de 10 jours?

C’est beaucoup de changements. Je ne sais pas beaucoup de choses non plus. Je ne peux pas vraiment me projeter dans le futur. Il faut vraiment que je prenne un jour à la fois parce qu’il y a tellement de choses qui se passent que je ne veux pas commencer à trop penser non plus, a indiqué la principale intéressée.

La Québécoise de 28 ans n’en est pas à sa première embûche. Reconnue pour sa résilience, elle a souvent pensé abandonner depuis le début de sa carrière. Mais chaque fois, elle a su se relever.

Mon plus gros défi aura été d’avoir confiance en moi. Je pense que j’ai commencé à avoir confiance en moi quand j’ai commencé à me faire dire non. Quand j’ai senti que les gens avaient peut-être un peu moins confiance en moi, c'est là que je me suis retrouvée face à moi-même, a-t-elle raconté.

Je pense que la confiance, pour moi, ç’a toujours été quelque chose qui a été difficile. C’est vraiment le travail d’une vie. Je pense que ça va continuer à être difficile, il faut travailler là-dessus chaque jour pour passer à travers tout ça.

Une citation de Catherine Dubois, hockeyeuse de réserve de l'équipe de Montréal

La maladie et les blessures ont également fait partie de son parcours. Si la charge de travail qui se rattache à la LPHF représente un défi pour le corps de certaines, ce n’est pas son cas. Vivre avec la douleur, avoir mal, c’est la normalité pour Dubois.

Depuis que je suis petite, je jouais avec les gars et je recevais des mises en échec. Je jouais avec Ann-Renée Desbiens et je me souviens que, parfois, elle m’aidait à attacher mon manteau parce que j’avais eu un match assez physique et je n’étais même pas capable de l'attacher. Je n’ai jamais pensé une fois que je n’allais pas jouer parce que j’avais mal. Au contraire, ça me donne une motivation, ça me donne de l’adrénaline de plus. J’ai appris à vivre avec la douleur. Ce qui, pour moi, a plus été un problème, c’est le côté psychologique.

Pour la première fois de sa vie, elle a l’impression qu’elle évolue dans une ligue taillée sur mesure pour son style de jeu. À 1,78 m (5 pi 10 po), elle avait l’habitude de rester sur les freins.

Le premier match que j’ai joué et que je pouvais aller dans les coins, patiner, que je n’avais pas peur d’utiliser mon corps, ç’a tellement été un soulagement. Pendant longtemps, je pense que je me posais beaucoup trop de questions quant à comment approcher une fille. Je ne voulais pas pénaliser mon équipe à cause de mon style de jeu. C’était vraiment dur pour moi de m’adapter à ça, a-t-elle reconnu.

Mon style de jeu est physique, donc quand on m’enlève ça, ça me faisait un peu me remettre en question. Maintenant, pouvoir faire ça, je me sens libre, je me sens bien sur la glace, a ajouté Dubois.

Elle lève son bras droit.

Catherine Dubois marque un but contre New York.

Photo : Getty Images / Bruce Bennett

Même si l’attaquante travaille fort pour demeurer dans le moment présent, elle reconnaît que la situation est particulièrement difficile à vivre. Elle a connu d’excellents moments sur le plan offensif, mais a aussi écopé de mauvaises pénalités, notamment lors d’un match à la Place Bell contre Ottawa.

La marge de manœuvre est extrêmement mince.

Je me sens en audition. Je ne veux pas faire d’erreurs, donc parfois, ça vient enlever un naturel parce que j’ai peur de mal paraître. Kori [Cheverie, l'entraîneuse-chef] m’a donnée confiance. Après mes deux pénalités à Laval, j’étais certaine que c’était fini pour moi. Quand elle m'a dit de rembarquer, je me suis dit : "OK, elle me donne sa confiance."

Grâce à son énergie et à sa robustesse, Dubois est rapidement devenue l’une des favorites de la foule. Sur les groupes de partisans, on réclame qu’elle fasse partie de la formation partante. Cet amour du public, la joueuse originaire de Québec le ressent.

Je me trouve vraiment chanceuse. L’amour que je reçois des fans, c’est mon énergie. Merci beaucoup. C’est vraiment beau ce que je vis présentement. J’en parle avec mes parents. Je leur dis : "Pourquoi moi?" Je me sens tellement choyée, ça me donne une énergie supplémentaire. Ce n’était pas facile pour moi dans les débuts, et ça l’est encore aujourd’hui, mais d’avoir cet amour, ça me donne des ailes, a-t-elle confié.

Si le rôle de réserviste peut être particulièrement difficile sur le moral, l’enjeu financier prend aussi rapidement le dessus, puisqu'un salaire de 13 000  $ US (17 525 $ CA) lui est versé pour la saison.

Dubois estime que la LPHF devrait rapidement apporter des changements au statut de ces joueuses.

Le rôle de réserviste est vraiment difficile. Côté financier, ce n’est pas évident parce qu’on veut performer et on doit être avec l’équipe pour le faire. C'est donc difficile d’avoir un deuxième emploi. Ça devrait être 26 joueuses. Que tu joues ou que tu ne joues pas, que tu aies les mêmes bénéfices. Tu ne peux pas performer si tu ne pratiques pas et si tu ne joues pas. Tu ne vas pas pouvoir aider l’équipe. Pour l’équipe, pour l’individu, je pense que ça devrait changer, a-t-elle affirmé.

Dubois touche à son rêve, mais elle a l’impression qu’il peut lui glisser entre les doigts à tout moment. Elle espère encore obtenir un réel contrat comme joueuse partante.

Ce serait un soulagement, a-t-elle avoué. Dernièrement, je me sens un peu lourde. C’est difficile de garder la tête fraîche et, émotionnellement, de rester dans le moment présent. Mais en même temps, ça me bâtit une résilience. Si je n’avais pas eu autant de choses difficiles dans ma vie, je ne pense pas que je répondrais de la même façon aujourd’hui.

À moins d’un changement, le match du 16 février, contre Toronto, sera le dernier de son deuxième contrat de 10 jours.

Elle devra ensuite signer un contrat avec Montréal. Et si Danièle Sauvageau ne le fait pas, il y a fort à parier que la Québécoise se retrouvera rapidement sous d’autres cieux.

Un bandeau annonçant le balado de Radio-Canada Sports : Tellement hockey

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