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La crise climatique s’est invitée dans les stades en 2023

La vue d'un stade de baseball sous un ciel orangé.

Le ciel au-dessus du Yankee Stadium lors du match du 6 juin contre les White Sox de Chicago.

Photo : Getty Images / Sarah Stier

Le sport n'est pas imperméable aux changements climatiques, qui se sont fait sentir tout au long de l'année dans différentes compétitions autour du monde.

Dès la deuxième journée des Internationaux d'Australie, en janvier, le tournoi de Melbourne a été perturbé par la chaleur étouffante en plein été austral. Le thermomètre a grimpé jusqu’à 36 degrés Celsius sur certains courts, avec un indice humidex avoisinant les 45, entraînant la suspension de nombreux matchs.

Puis l'horaire a été perturbé par des pluies torrentielles.

La première étape de l'année du grand chelem continue de composer avec un climat parfois dangereux pour les athlètes. Les organisateurs ont d'ailleurs instauré, en 2019, une échelle de stress de chaleur afin de prendre la décision la plus sécuritaire pour les joueurs selon la température ambiante.

Avec une notation de 1 à 5, où chaque mesure accentue les besoins liés à l'hydratation, au refroidissement ou aux pauses prises à l'ombre, cette échelle a atteint en 2023 le stade 5 pour la première fois depuis sa mise en place. Auparavant, le tournoi avait déjà atteint des températures dépassant les 40 degrés Celsius, mais les organisateurs pouvaient déterminer de leur propre gré si les matchs se poursuivaient ou non.

Gaël Monfils se verse de l'eau sur le visage.

En 2018, Novak Djokovic avait vaincu Gaël Monfils alors que le thermomètre affichait 39 degrés Celsius.

Photo : Getty Images / Greg Wood

Bilans de l'année 2023 et perspectives pour 2024

Consulter le dossier complet

Un cadran illustre le passage de 2023 à 2024.

Le média américain FiveThirtyEight, spécialisé dans la collecte de données, a utilisé les prévisions météo des dernières éditions pour prédire la température des Internationaux d'Australie dans les prochaines années. Selon leur modèle, le tournoi de Melbourne pourrait être disputé d'ici 2050 sous une chaleur ressentie de 64.

Ce ne sont pas seulement les joueurs de tennis qui sont touchés directement par les effets de la chaleur et des changements climatiques. Dans un sondage de World Athletics relayé par Reuters en août, 80 % des athlètes se disaient sérieusement préoccupés par la crise climatique, et 75 % estimaient que le réchauffement a déjà des effets sur leur entraînement.

Le président de la Fédération internationale d'athlétisme, Sebastian Coe, avait profité des Championnats du monde, à Budapest, pour faire part de l'urgence de la situation.

Je suis convaincu que les gouvernements n'atteindront pas les cibles de ralentissement du réchauffement climatique. Les fédérations sportives devront prendre des mesures par elles-mêmes, parce que je ne crois pas qu'on puisse se fier aux gouvernements pour rétablir la barre. Il y a des pays dans notre fédération qui n'existeront peut-être plus dans 20 ans à cause de la montée des eaux, avait-il dit en août.

Il regarde par-dessus ses lunettes de lecture.

Sebastian Coe, président de la Fédération internationale d'athlétisme

Photo : Getty Images / FABRICE COFFRINI

Pas besoin de se projeter dans 20 ans pour voir des impacts concrets des changements climatiques sur des événements sportifs.

En formule 1, le Grand Prix d’Émilie-Romagne a été annulé parce que des pluies diluviennes avaient coûté la vie à huit personnes en plus de forcer l’évacuation d’une dizaine de milliers d’autres.

Fin juin, un peu moins d’une heure avant le départ, l'Ironman de Mont-Tremblant et le triathlon de Montréal ont été annulés en raison de la piètre qualité de l’air due aux nombreux feux de forêt qui faisaient rage au Québec.

La forte concentration de particules fines et le mauvais indice de qualité de l'air (IQA) dans la région rendaient les conditions dangereuses pour les athlètes. Les zones de l'IQA autour du site montraient une valeur de près de 250, avec certains endroits du parcours à près de 300, bien au-dessus du seuil acceptable, avaient indiqué les organisateurs.

Indice de la qualité de l'air

  • Bonne (0-50) : risque faible pour la santé
  • Modérée (51-100) : risque modéré pour certaines personnes sensibles
  • Mauvaise pour les groupes sensibles (101-150) : enfants, personnes âgées, personnes atteintes de problèmes respiratoires
  • Mauvaise (151-200) : risque élevé pour la santé pour tous
  • Très mauvaise (201-300) : risque de problèmes de santé plus graves
  • Dangereuse (301-500) : urgence sanitaire

Ces mêmes feux ont aussi causé le report de matchs à New York et à Philadelphie au baseball majeur, à plus de 1200 km du brasier en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec.

Un match de la Ligue nationale de soccer féminin au New Jersey et une rencontre de l'Association nationale de basketball féminin (WNBA), prévue dans un aréna à Brooklyn, ont aussi été remis à cause des conditions brumeuses qui ont suscité l'inquiétude des autorités sanitaires américaines.

Dans la foulée, l'Agence américaine de météorologie avait émis une alerte pour New York. Elle y mentionnait que le département de la Santé de l'État recommande de limiter les activités physiques intenses en plein air, afin de réduire les effets néfastes sur la santé. À Philadelphie, l'organisme a mis en place le code rouge, invitant les citoyens à rester à l'intérieur.

Un joueur de baseball sur fond de ciel gris opaque.

Les White Sox de Chicago et les Yankees de New York ont joué sous un ciel obscurci par la fumée des feux de forêt au Québec.

Photo : Reuters / USA Today Sports

Les sports d'hiver, comme le ski et la planche à neige, ressentent particulièrement les effets des changements climatiques. La station de La Sambuy, près du mont Blanc, dans les Alpes françaises, a dû fermer ses portes en septembre. Pas pour la journée, mais pour de bon. La raison? Un manque de... neige.

Les Jeux olympiques de Milan-Cortina, en 2026, font déjà sourciller pour leur capacité à accueillir des compétitions hivernales. Les craintes de devoir se fier à la neige artificielle ont déjà poussé la population locale à réclamer l'abandon d'un projet de construction d'une piste de bobsleigh, jugé trop coûteux et écologiquement irresponsable. Cette épreuve pourrait être déplacée à Innsbruck, en Autriche.

Le président du CIO, Thomas Bach, est bien au courant du problème. En octobre, il avouait que, d'ici 2040, il ne resterait peut-être que 10 comités olympiques capables d'accueillir les Jeux d'hiver.

Déjà, aux Jeux de Tokyo, en 2020, les épreuves de marathon et de marche rapide avaient dû être déplacées à 800 kilomètres plus au nord, à Sapporo, et les heures de départ avaient été devancées à 5 h et 6 h pour éviter la chaleur extrême.

L’Arabie saoudite a été désignée en 2022 pour accueillir les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 à Neom, une mégapole futuriste en construction dans le nord-ouest du royaume désertique. Situé sur les bords de la mer Rouge, le projet Neom, d’une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, est porté par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, et non par la science.

Jamais le climat ne s’est autant déréglé qu’en 2023. L'année qui s'achève – la plus chaude de l'histoire – donne un aperçu des phénomènes irréversibles qui se produiront si l'humanité poursuit sur sa lancée, au-delà du seuil limite de réchauffement de 1,5 °C, préviennent les experts.

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