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Le soccer espagnol rattrapé par le vieux démon du racisme

Luis Rubiales parle et lève la main gauche.

Luis Rubiales, président de la Fédération espagnole de soccer

Photo : Getty Images / OSCAR DEL POZO

Agence France-Presse

Le patron de la fédération espagnole admet que le soccer dans son pays a « un problème avec le racisme », au lendemain des nouvelles insultes proférées contre Vinicius, l'attaquant brésilien du Real Madrid.

Devant la presse, le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a reconnu que le soccer espagnol avait un problème avec le racisme, qui, a-t-il ajouté, entache toute une équipe, tous les amateurs, tout un pays.

La Fédération a également demandé l'adoption de mesures plus vigoureuses, qui pourraient aller jusqu'à la fermeture de tribunes, voire de stades, en cas de récidive, ainsi que l'intervention de la commission d'État contre la violence, la xénophobie et le racisme dans le sport.

Il a exigé une réponse ferme et demande à ce que les procédures ne s'allongent pas de façon injustifiée.

Ce qui a fait réagir le Real Madrid, qui accuse Luis Rubiales d'avoir laissé pourrir la situation.

Ces déclarations nous surprennent, car Luis Rubiales a permis qu'on en arrive à la situation que l'on a vécue, explique l'équipe madrilène par communiqué.

Les arbitres, au lieu d'agir avec fermeté et d'appliquer les protocoles réglementaires de la FIFA, ont dans la majorité des cas évité de prendre les décisions qui leur incombent, a dit le Real, assurant que les cas d'insultes racistes envers Vinicius se sont répétés en de nombreuses occasions lors de nos matchs.

Le club madrilène s'est dit inquiet que la RFEF n'ait pris aucune mesure durant tout ce temps, malgré les signaux alarmants évidents et répétés qu'il a relevés.

Le Real Madrid espère que les autorités compétentes agiront de manière tranchante et immédiate.

Le parquet espagnol accepte d'enquêter

Quelques minutes avant la rencontre de Luis Rubiales avec les médias, le Real Madrid et l'AFE, principal syndicat des joueurs en Espagne, avaient annoncé avoir déposé plainte auprès du parquet espagnol pour qu'une enquête soit ouverte sur ces insultes qui constituent juridiquement, selon le club merengue, un délit de haine.

En Espagne, c'est le comité des compétitions (chargé de la discipline), qui est compétent en matière de discriminations dans le soccer.

Le parquet de Valence a bien reçu la plainte et a ouvert une enquête, a-t-on appris lundi de sources judiciaires.

Selon ces sources, l'enquête est pour un délit de haine présumé concernant ces insultes proférées envers le jeune joueur brésilien lors du match perdu par le Real Madrid contre le FC Valence.

Sur un plan plus politique, le gouvernement espagnol, par la voie de son ministre de la Consommation, Alberto Garzón, a réclamé une réponse ferme contre ce phénomène qui montre que le racisme est très ancré chez certains groupes spécifiques d'amateurs.

Ces propos et ces actes s'ajoutent aux nombreux soutiens reçus depuis dimanche soir par Vinicius, à l'exception du patron de la Liga, Javier Tebas, que l'AFP qualifie de puissant et sulfureux.

Un joueur de soccer court avec le ballon.

Vinicius porte le maillot du Real Madrid depuis 2018.

Photo : Getty Images / Gonzalo Arroyo Moreno

Dimanche, au stade de Mestalla, à Valence, lors de la défaite de 1-0 du Real dans la 36e journée, l'attaquant merengue, régulièrement ciblé, s'est plaint d'avoir été qualifié de singe par des amateurs adverses.

Ce n'était pas la première fois, ni la deuxième ni la troisième. Le racisme est normal en Liga, a affirmé sur Instagram le jeune joueur brésilien, 22 ans.

L'Espagne, a-t-il ajouté, est un beau pays, qui m'a accueilli et que j'aime, mais qui a accepté d'exporter l'image d'un pays raciste. Désolé pour les Espagnols qui ne sont pas d'accord, mais aujourd'hui, au Brésil, l'Espagne est connue comme un pays de racistes.

Ses propos n'ont toutefois pas été du goût de Javier Tebas.

Avant de critiquer et d'insulter la Liga, il serait nécessaire que vous vous informiez correctement, a-t-il répliqué, réfutant toute inaction de la Liga.

Celle-ci, qui a mis en avant sa réactivité dans un communiqué, a assuré avoir transmis huit plaintes cette saison pour des incidents subis par Vinicius, dont une seule a débouché sur une sanction (pour des incidents à Valladolid mi-décembre). Elle s'est engagée à transmettre à la justice le résultat de son enquête si un nouveau délit de haine était avéré.

Nous ne pouvons pas permettre que soit ainsi entachée l'image d'une compétition qui est surtout un symbole d'union entre les peuples, où plus de 200 joueurs noirs dans 42 clubs reçoivent chaque jour le respect et l'affection de tous les amateurs, et où le racisme est un cas extrêmement ponctuel (neuf plaintes) que nous allons éradiquer, a encore détaillé Javier Tebas lundi à la mi-journée sur Twitter.

Insuffisant, a néanmoins jugé Carlo Ancelotti, l'entraîneur italien du Real. Que s'est-il passé jusque-là? Des rapports qui n'ont abouti à rien [...] La solution, c'est d'arrêter le match.

D'autres soutiens ont afflué du monde entier.

Tu n'es pas seul. Nous sommes avec toi et te soutenons, a écrit le Français Kylian Mbappé en anglais sur Instagram.

Photo d'un message Instagram de Kylian Mbappé.

Le message de Kylian Mbappé à Vinicius : « Tu n’es pas seul. Nous sommes avec toi et te soutenons. »

Photo : Instagream / Kylian Mbappé

Le président de la fédération brésilienne Ednaldo Rodrigues a assuré sur les réseaux sociaux que Vinicius avait l'amour de tous les Brésiliens.

Nouvel épisode de racisme en Liga et une fois de plus Vini est la victime, a lancé Ronaldo. Cela durera tant que l'impunité et la complicité (perdureront).

Avec toi, a publié pour sa part Neymar.

Lors d'une conférence de presse à Hiroshima, au Japon, le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva a lui aussi dénoncé le racisme subi par son jeune compatriote.

J'ai vu de la douleur, du dégoût. Il faut l'aider, a dit l'ancien international anglais Rio Ferdinand.

L'équipe de Valence a assuré lundi qu'elle avait d'ores et déjà identifié un amateur ayant proféré des insultes racistes dimanche et qu'elle en cherchait d'autres.

L'équipe a également promis qu'elle allait exclure à vie les amateurs identifiés du stade Mestalla.

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