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Les canaux de la colère

Les canaux de la colère

Texte et photos : Delphine Jung

Publié le 18 avril 2024

Pour éviter que la région d’Entre-les-Lacs, au Manitoba, soit – une nouvelle fois – inondée, le gouvernement manitobain propose la construction de deux nouveaux canaux. Le problème, c’est que les Autochtones du secteur, écartés du projet, s’y opposent fermement.

Sur le tarmac du petit aérodrome de Saint-Andrews, non loin de Winnipeg, l’air froid est mordant alors que des élus autochtones s’engouffrent dans un bâtiment chauffé. Dans quelques minutes, ils vont monter à bord d’un petit avion pour observer leur territoire d’en haut.

Pour certains, ce sera la première fois.

L’enjeu du jour est important : ils veulent avoir une idée précise des endroits où passeront les deux canaux que prévoit de construire le gouvernement manitobain pour empêcher de nouvelles inondations.

Une carte du Manitoba montre les tracés de deux canaux qui pourraient relier le lac Winnipeg au lac Saint-Martin et du lac Saint-Martin au lac Manitoba.
Cette carte, fournie par le gouvernement du Manitoba, montre le tracé des canaux proposés par le gouvernement manitobain pour relier le lac Winnipeg au lac Saint-Martin et le lac Saint-Martin au lac Manitoba. (en anglais) Photo : Gouvernement du Manitoba

La région d’Entre-les-Lacs, dans laquelle sont installées plusieurs communautés, a été lourdement touchée par plusieurs inondations, celle de 2011 ayant entièrement noyé la Première Nation de Lake St. Martin, à 270 kilomètres au nord de Winnipeg, notamment.

En réalité, la presque totalité des sept communautés (Dauphin River, Little Saskatchewan, Lake Manitoba, Pinaymootang, Kinonjeoshtegon, Lake St. Martin et Peguis) qui composent le Conseil tribal d’Entre-les-Lacs (IRTC) ont subi d’importantes inondations en 2011 et, pour certaines, durant d’autres années par la suite.

Un tipi en premier plan et, à l'arrière, plusieurs drapeaux.
Le Conseil tribal de la région d'Entre-les-Lacs comprend sept communautés dont les drapeaux sont représentés à Pinaymootang. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Pour y remédier, deux canaux sont envisagés : le canal du lac Manitoba et le canal du lac Saint-Martin. Le ministère du Transport et de l’Infrastructure du Manitoba (MTI) se base sur des études réalisées en 2011 et 2014 qui ont souligné le besoin d’une meilleure régulation du niveau de l’eau des deux lacs.

Pourtant, aucune des sept communautés n’approuve ce projet. La communauté crie de Fisher River, située aux abords de celle de Peguis, qui ne fait pas partie du conseil tribal, s’y oppose aussi.

Notre communauté est fortement impliquée dans l'industrie de la pêche commerciale. [L’inondation de 2011] a créé des débris considérables qui se sont pris dans les filets des pêcheurs, ce qui se remarque encore après 13 ans. Qu'adviendra-t-il du lac si ce nouveau projet est approuvé? se questionne Sam Murdock, le directeur des opérations à Fisher River.

De profondes inquiétudes
De profondes inquiétudes

Dans le petit avion qui a décollé vers un ciel voilé, Avery Letandre, assistante exécutive pour l’IRTC, saisit son téléphone. Elle veut prendre le maximum d’images. Pendant ce temps, le pilote donne quelques instructions de sécurité et distribue des bouchons d’oreilles aux passagers.

Avec le vrombissement du moteur, difficile de discuter. Pointant une longue étendue droite et glacée, Leroy Thompson, conseiller pour la communauté ojibwée de Little Saskatchewan, lance en criant : C’est le canal d’urgence qui a été construit après les inondations de 2011, ça! On n’a pas été consultés parce qu’avec la Loi sur les mesures d’urgence du Manitoba, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient.

Vue aérienne d'un canal gelé.
Un canal d'urgence a été construit en 2011, à la suite de l'inondation majeure qui a frappé la région. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Durant près de deux heures, tous prennent des photos de ces étendues encore couvertes partiellement de neige. De temps en temps, l’un des passagers lance une blague à son voisin. Des rires couvrent quelques instants le bruit du moteur.

Sous leurs yeux, c’est leur territoire traditionnel. L’avion se penche pour leur offrir une meilleure vue. Ça, c’est le sud de Lake St. Martin, lance John Stagg, conseiller à Dauphin River.

De retour sur la terre ferme, aucun d’entre eux n’a changé d’avis. Ils restent opposés aux canaux.

On ne connaît pas les effets à court ou à long terme de ces travaux. Des nouvelles espèces de poissons risquent d’entrer dans le lac Winnipeg. On ne sait pas dans quelle mesure cela va impacter notre aire de frai – là où les poissons pondent, explique Tony Travers, le chef de la communauté de Kinonjeoshtegon.

La pêche y tient un poids important dans l’économie. Comme c’était le cas pour d’autres communautés avant qu’elles ne soient dévastées par les inondations de 2011. Par chance, Kinonjeoshtegon a été relativement épargnée.

Tony Travers explique que, depuis que des travaux de contrôle des eaux sont faits, les moules zébrées sont devenues de plus en plus nombreuses, à tel point qu’elles tuent la vie dans le lac. Le gouvernement fédéral estime que cette espèce est envahissante dans le lac Winnipeg, car elle monopolise la nourriture au détriment des espèces indigènes.

Une moule zébrée.
Les moules zébrées représentent une menace pour d’autres espèces aquatiques, comme les moules indigènes. (Photo d'archives) Photo : Radio-Canada / Raphaëlle Laverdière

Leur présence a aussi une incidence sur la survie des œufs des poissons du lac. Il souligne aussi une inquiétude concernant les algues, qui risquent, selon lui, d’être de plus en plus nombreuses, notamment à cause de l’utilisation d’engrais chimiques contenant du phosphore dans le secteur. À cause du ruissellement, ce phosphore se retrouve dans l’eau et favorise la prolifération d’algues.

Tout le phosphore des engrais est emporté [vers les lacs], s’inquiète Albert Shorting, conseiller de la communauté ojibwée de Little Saskatchewan.

« Ces structures de contrôle de l'eau [déjà existantes] nuisent à nos moyens de subsistance, à notre mode de vie. »

— Une citation de   Albert Shorting, conseiller à Little Saskatchewan

Pour appuyer ses arguments, l’IRTC a demandé à Firelight Research, une entreprise de conseil autochtone dont les experts sont des scientifiques, de rédiger un rapport d’incidence pour chacune des communautés.

Radio-Canada a pu étudier deux de ces études socio-économiques et sur le bien-être envoyées au gouvernement. Elles comportent près de 100 pages.

Les rapports évoquent justement une augmentation du transport des eaux chargées de nutriments dans le lac Saint-Martin par les canaux, ce qui, au fil du temps, augmente l'incidence et l'étendue des d'algues, entraînant […] un environnement toxique pour les poissons.

Les élus de Lake Manitoba soulignent aussi le risque que des poissons soient transférés d’une zone à une autre, pouvant ainsi entrer en conflit avec les espèces de poissons endémiques déjà présentes.

Vue sur le lac Saint-Martin, au Manitoba
La communauté de Lake St. Martin a été très lourdement touchée par les inondations de 2011. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Dans leurs comptes rendus, les scientifiques indiquent que les projets du MTI pourraient avoir un impact sur les aires de frai des poissons à cause des sédiments en suspension introduits par les canaux durant les opérations, sur la capacité des Autochtones à accéder aux zones de pêche sur glace, et donc sur leur exercice du droit de pêche.

Les experts estiment que ces projets auront des conséquences sur les zones de chasse des communautés. Albert Shorting évoque justement le déclin des rats musqués.

« Tous ces canaux… cela nous tue. Ils sont en train de tout tuer. »

— Une citation de   Albert Shorting, conseiller de Little Saskatchewan

La modification des niveaux d'eau du bassin sud du lac Saint-Martin par le projet entraînera l'inondation des tanières des rats musqués pendant la période critique du cycle de reproduction, ce qui entraînera le déclin d'une espèce importante sur le plan culturel, disent les experts.

Les projets entraîneront des perturbations supplémentaires dans les environs d’une zone considérée comme le grenier [des communautés] pour la chasse et la cueillette de plantes avant l’inondation de 2011, ajoutent-ils.

Ils expliquent toutefois que ces conséquences seraient moins importantes dans un contexte où des mesures d’atténuation étaient mises en place.

Mais Albert Shorting en est persuadé, [la construction des deux canaux] va détruire ce qui nous reste.

Demande de révision du projet
Demande de révision du projet

De manière générale, l’IRTC estime que les projets de prévention des inondations du Manitoba sont défectueux.

Le conseil réclame que le projet soit entièrement repensé et qu’il fasse l’objet d’un examen au titre de la Loi sur l’évaluation des incidences de 2019. Ils estiment que les premières études menées en ce sens sont désormais périmées puisqu’elles datent de 2018.

Lisa Naylor, la ministre du Transport et de l’Infrastructure du Manitoba, indique que les approbations gouvernementales n’ont pas été finalisées à ce jour.

Lisa Naylor est au podium entourée de Wab Kinew et de Ron Kostyshyn dans une conférence de presse.
La ministre Lisa Naylor entourée du premier ministre Wab Kinew et du député de Dauphin, Ron Kostyshyn. (Photo d'archives) Photo : Radio-Canada / Jaison Empson

Contrairement aux chefs autochtones, la ministre assure avoir répondu aux questions du fédéral dans le temps imparti. [Le sujet] est maintenant dans les mains du gouvernement fédéral, ajoute-t-elle.

Justement, le 8 avril, la version provisoire du rapport d'évaluation environnementale du fédéral a été publiée. Elle mentionne que le projet est susceptible d'avoir des effets négatifs importants [...] sur l'environnement, sur l'utilisation actuelle par les peuples autochtones des terres et des ressources à des fins traditionnelles, y compris la perte ou la modification de l'accès, et ce, à cause de l'absence de mesures d'atténuation des effets sur les sites situés en dehors de l'empreinte du projet.

Pourtant, elle indique aussi que son gouvernement se demande s’il existe d’autres solutions.

Pour les communautés autochtones, le constat est en tout cas clair.

Le projet ne résoudra pas la menace immédiate d’inondation pour les Premières Nations. Elles continueront de subir des inondations qui auront un impact négatif sur l’exercice de leurs droits ancestraux, écrivent-ils au gouvernement manitobain.

D’ailleurs, l'étude d'impact sur l'environnement soumis par le MTI à l'automne 2019 a été rejetée par l'Agence canadienne d'évaluation des impacts en raison de lacunes.

Une nouvelle étude d’impact a été soumise en mars 2020 et a cette fois été acceptée, mais elle a donné lieu à plus d’une centaine de demandes de la part du fédéral.

Problème, selon l’IRTC : le projet a évolué depuis 2020, ce qui rend la dernière étude d’impact caduque.

Le projet des canaux du lac Manitoba et du lac Winnipeg

Ces projets sont proposés par le ministère du Transport et de l’Infrastructure du Manitoba en réponse aux inondations de 2011 et 2014.

La zone des projets est centrée sur le lac St. Martin et les deux voies d'écoulement entre le lac Manitoba (baie Watchorn) et le bassin sud du lac Saint-Martin pour le premier, et entre le bassin nord du lac Saint-Martin et le lac Winnipeg (Sturgeon Bay) pour le second.

Le projet comprend la construction de deux canaux de dérivation de l'eau entre les bassins.

Chacun d'eux aura une largeur de 150 m, une longueur de 24 km et une profondeur d’environ 9 mètres. Le projet comprend également des routes d'accès et une ligne de transmission.

Le coût global du projet a augmenté par rapport à l'estimation de 540 millions de dollars faite en 2018, et s'élève désormais à environ 700 millions de dollars, selon la ministre Lisa Naylor.

De manière générale, les auteurs des études commandées par le conseil estiment que si le projet est exploité tel qu'il est actuellement proposé, il réduira considérablement, voire éliminera, les risques d'inondation du lac Manitoba, mais continuera à poser des risques d'inondation pour les communautés et l'écologie du lac Saint-Martin.

Manque de considération
Manque de considération

Tous les gens qu’Espaces autochtones a rencontrés dénoncent un manque de consultation de la part du MTI, et rappellent qu’ils n’ont jamais donné leur aval pour le projet dans sa forme actuelle.

Une accusation que réfute Lisa Naylor. Le gouvernement précédent n’a rien fait pour se conformer à son obligation de consulter les dirigeants autochtones […]. Il y a donc eu un travail au sein du ministère. Nous prenons cette consultation très au sérieux. Il n’y a pas une semaine qui passe sans que je consulte les Autochtones sur un projet, explique-t-elle en entrevue avec Espaces autochtones.

« Lorsque je suis arrivée en poste, il était clair que la première étape était de rétablir les relations avec toutes les communautés autochtones et les municipalités locales. »

— Une citation de   Lisa Naylor, ministre du Transport et de l’Infrastructure

Selon elle, tout le travail de consultation est à reprendre depuis le début : il faut écouter, aller dans la région des communautés touchées. Elle indique rencontrer régulièrement les chefs et que la question des canaux est souvent abordée, même si l’objet de la rencontre est différent.

Le 8 avril, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada a publié un avis invitant le public et les Autochtones à formuler des commentaires sur la version provisoire de son rapport d’évaluation environnementale.

Tony Travers pose en extérieur.
Tony Travers est le chef de la communauté de Kinonjeoshtegon, au Manitoba. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Tony Travers, chef de la communauté de Kinonjeoshtegon, détaille que le MTI a organisé deux présentations dans la communauté, mais les premiers concernés, les pêcheurs qui vivent à Kinonjeoshtegon, n’étaient pas présents.

Kinonjeoshtegon est l’une des communautés de la région d’Entre-les-Lacs qui compte encore de nombreux pêcheurs dont le revenu dépend de cette activité. Et par chance, contrairement à beaucoup de communautés membres du conseil, Kinonjeoshtegon a été épargnée par les dernières inondations, ce qui n’a pas mis à mal leur économie.

Soixante pour cent de notre communauté travaille dans le secteur de la pêche commerciale. Nous avons un hangar et une usine de transformation. Les pêcheurs nettoient et vendent leur poisson à des tiers, détaille le chef Travers.

Des poissons sur une jetée.
Des dorés pêchés dans un lac au Manitoba. (Photo d'archives) Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy

À quoi ça sert de faire une réunion, s’il n’y a pas ces gens-là? se questionne-t-il.

De l’avis des experts et des Premières Nations, les études et évaluations antérieures réalisées par le promoteur ne tiennent pas compte du point de vue des membres des communautés.

Les contributions des Premières Nations ont été traitées comme une couleur de fond plutôt que comme des experts critiques qui en savent plus sur ces terres et ces eaux que quiconque, ajoute l’IRTC dans sa lettre au gouvernement.

« Ils ne nous ont pas jamais respectés, nous, les Premières Nations. Ni nos traditions ni nos connaissances. »

— Une citation de   Karl Zadnik, directeur général, IRTC

Grave crise de confiance
Grave crise de confiance

Karl Zadnik, directeur général de l’IRTC raconte aussi que les personnes-ressources au sein du MTI n’ont cessé de changer depuis le lancement du projet. C’est difficile de créer la confiance, dit-il.

Il y a de très bonnes raisons pour lesquelles les communautés autochtones ne s'intéressent pas au gouvernement. Mais je ne dirais pas que c'est vrai pour toutes les communautés. Je suis très heureuse des relations que nous avons établies ces derniers mois, rétorque plutôt Lisa Naylor.

« Je pense que nous sommes en train de renverser la tendance et de renforcer la confiance. Nous traitons les Premières Nations comme des leaders et les chefs avec respect. »

— Une citation de   Lisa Naylor, ministre du Transport et de l’Infrastructure

Mais ce manque de confiance ne date pas d’hier. Il s’inscrit dans une série d’événements que les Autochtones gardent en mémoire.

Mervin Sinclair, un aîné de Lake St. Martin, a envoyé de nombreux messages au gouvernement et même au ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault. Il fait état d’une longue suite de tentatives de contrôle des cours d’eau de la part des gouvernements dans la région pour limiter les inondations, et ce, depuis 1904.

Selon ses dires, ces mesures ont successivement eu des impacts sur le niveau du lac Saint-Martin, entre autres.

D’autres sont encore traumatisés par les différentes opérations menées par le passé, comme la construction d’un canal d’urgence à la suite de l’inondation de 2011.

Sam Murdock, de Fisher River, raconte que lorsque le gouvernement de Greg Selinger a ouvert le canal d'urgence en 2011, les communautés situées le long du lac Saint-Martin et de la rivière Fairford ont été dévastées.

À cause d’un manque de transparence que dénoncent les Autochtones, ces derniers en arrivent à prêter des intentions cachées au gouvernement. À Little Saskatchewan ou Lake Manitoba, les conseillers croient que la province souhaite à terme faire du lac Saint-Martin un réservoir pour de futurs projets d’hydroélectricité.

La ministre Naylor préfère ne pas s’engager sur le terrain des spéculations. Ce n’est absolument pas le but de ce projet , assure-t-elle toutefois.

La frustration est lourde. Un aîné de Lake Manitoba, Joe Missyabit, n’hésite pas à se dire prêt à une deuxième crise d’Oka si le projet va de l’avant, pour protéger mes droits et ceux de mes enfants.

Joe Missyabit parle avec une femme.
Joe Missyabit croit que la situation pourrait déclencher un événement similaire à la crise d'Oka. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Ils ne veulent pas comprendre nos besoins, ajoute-t-il, expliquant qu’à cause de divers projets passés, justement comme le canal d’urgence et la route d’accès, on ne peut plus aller dans notre cour arrière. Pourquoi eux, pourraient-ils y aller [pour construire des canaux]?

Participer au projet
Participer au projet

Les Autochtones de la région rappellent toutefois qu’ils sont en faveur de la mise en place de mesures d’atténuation qui limiteraient les risques d’inondations dans la région d’Entre-les-Lacs, mais ils veulent participer activement au processus.

Cornell McLean, chef de la communauté de Lake Manitoba, souhaite que les entreprises autochtones soient envisagées pour la construction de quelconque installation.

Cornell Mclean dans un bureau.
Le chef de Lake Manitoba First Nation raconte comment sa communauté a été impactée par l'inondation de 2011. Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Nous voulons faire partie de la solution et nous voulons être propriétaires de ces canaux. Nous avons des entreprises ici, au Manitoba, qui peuvent participer aux travaux, appuie-t-il.

Il explique que les aînés sont les forces d’opposition les plus importantes dans sa communauté, tandis que lui semble plus ouvert, même s’il y a de grandes discussions à y avoir avec le gouvernement provincial.

D’ailleurs, en entrevue, la ministre Naylor a justement évoqué un budget substantiel pour la formation et le développement économique. Nous voulons que les communautés disposent de travailleurs qualifiés, de l'équipement et de la capacité appropriés pour avoir la possibilité de soumissionner pour ces projets, précise-t-elle.

Alors que le Manitoba est devenue la première province de l’histoire du pays à élire un premier ministre autochtone, la question se pose : ce dernier sera-t-il plus sensible aux requêtes des communautés de la région d’Entre-les-Lacs?

Wab Kinew célèbre sa victoire lors de l'élection provinciale au Manitoba, le 3 octobre 2023.
Wab Kinew célèbre sa victoire lors de l'élection provinciale au Manitoba. (Photo d'archives) Photo : La Presse canadienne / David Lipnowski

Wab Kinew est un bon ami des chefs des Premières Nations. Je lui ai parlé, et nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait repartir à zéro [concernant ce projet de canaux, NDLR]. Mais lorsque nous avons ensuite rencontré ses ministres, eux semblaient vouloir faire avancer les choses, témoigne le chef de Lake Manitoba, Conrell McLean.

Téléphone en main, il lit à voix haute ses récents échanges avec le chef du gouvernement néo-démocrate du Manitoba, datés de fin février. Je suis un peu surpris d’apprendre cela, mais nous pouvons en discuter. Rien n’a changé de mon point de vue depuis notre rencontre, lui a écrit Wab Kinew.

Espaces autochtones a tenté d’obtenir une entrevue avec le premier ministre Kinew, mais nous n’avons jamais eu de retour.

Avant même de penser à la construction de ces deux canaux, certains, comme l’aîné de Dauphin River Emery Stagg, demandent au gouvernement de commencer par régler les problèmes liés aux inondations passées : reconstruire des maisons et financer les aides pour les problèmes de santé mentale, notamment.

Avant de parler de nouveaux projets de canaux, nous voulons d’abord être dédommagés pour les dommages du passé et actuels, conclut-il.

Un document réalisé par Radio-Canada Espaces autochtones

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