Il aurait été impossible, il y a 40 ans, d'imaginer les joueurs des Nordiques et du Canadien jouer ensemble et partager un même vestiaire, comme c’est le cas de nos jours, lors des matchs d’anciens entre les deux équipes. Lors de ces rencontres, la compétition est peut-être toujours au rendez-vous, mais la violence et les coups bas, eux, ont pris leur retraite.
C’est que bien du temps a passé depuis les grandes années de cette rivalité inscrite à jamais dans l’histoire du hockey au Québec. De nombreux événements ont marqué cette période : les séries de 1993, le but refusé d’Alain Côté en 1987 et, évidemment, la bataille du Vendredi saint.
Depuis l’arrivée des Nordiques dans la Ligue nationale de hockey (LNH), on sentait cette rivalité-là augmenter, pas à chaque match, mais à chaque période!
, lance en riant l’ancien capitaine du Canadien Guy Carbonneau.
Mais les amateurs de hockey savent que c’est en séries éliminatoires que les rivalités naissent et grandissent. Pour Québec et Montréal, il aura fallu attendre trois ans après l’entrée des Nordiques dans la LNH, en 1979.
La rivalité avait débuté pour de vrai en 1982, lorsque Dale Hunter a marqué le but gagnant au Forum de Montréal en séries contre le Canadien
, confirme l’ex-entraîneur des Nordiques Michel Bergeron, qui a été à la barre de l’équipe entre 1980 et 1987.
Même pour les recrues, comme le gardien Steve Penney, l’animosité était palpable non seulement entre les deux équipes, mais aussi entre les deux villes.
C’était fou : les médias, les propriétaires de chaque équipe, c'était deux brasseries compétitives
, se remémore celui qui avait été choisi comme partant pour les séries éliminatoires de 1984. Les journalistes, t’avais Montréal-Québec qui était une rivalité aussi, alors tous les ingrédients étaient là!
On s’haïssait!
, s’exclame pour sa part l’ancien numéro 19 des Nordiques, Alain Côté. Comme plusieurs anciens coéquipiers, il note que la rivalité existait aussi en dehors de la glace.
Y avait même des journalistes qui se promettaient des claques sur la gueule
, explique-t-il en souriant. Y avait Michel [Bergeron] d’un bord et Jacques Lemaire de l’autre, deux coachs qui s’haïssaient.
S’il a bien connu cette époque particulièrement violente de la LNH, l’ancien homme fort du Tricolore Chris Nilan admet que cette rivalité revêt un caractère particulier.
« C’était provincial. C’était Québec, c’était Montréal. C’était deux équipes qui avaient des partisans passionnés et deux équipes qui, franchement, se détestaient vraiment! »