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À Jérusalem, la vie se poursuit au ralenti

Envoyés spéciaux

À Jérusalem, la vie se poursuit au ralenti

La guerre entre Israël et le Hamas a fait fuir les touristes de la vieille ville de Jérusalem. Les petites rues étroites en pierres usées par les pas de milliers de visiteurs sont presque désertes. De nombreuses boutiques ont fermé leurs portes d’acier. Le scénario se répète chaque fois qu’un conflit reprend dans la région, expliquent les commerçants qui ont confié leurs angoisses et leurs espoirs à nos envoyés spéciaux, Yanik Dumont Baron et Frédéric Lacelle.

Publié le 26 octobre 2023

Un habitant dans les rues de la vieille ville, entre l'ombre et la lumière.
L'activité touristique s'est tarie à Jérusalem depuis l'envenimement du conflit. Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Jérusalem semble déserte. Sur une guérite surplombant la porte de Damas, les policiers surveillant les entrées paraissent s’ennuyer. Il y a si peu de touristes dans les petites rues. Si peu de clients devant les étals des commerces ouverts. L’ambiance est lourde. L’appel à la prière résonne très fort dans les rues vides du quartier arabe de la vieille ville.

Des policiers patrouillent sous l'œil d'un habitant au visage fermé.
Jérusalem s'est habituée aux patrouilles de la police israélienne. Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Un homme assis sur une chaise de plastique préfère ne pas s'exprimer au micro. Pas d’entrevue pour ne pas dire quelque chose de mauvais. Il parle des caméras de surveillance installées un peu partout, des policiers israéliens qui patrouillent dans la vieille ville. D’autres évoquent les contrôles d’identité, les détours obligatoires. Des tactiques jugées stupides, qui ne servent qu’à frustrer et à attrister les gens, lance un autre.

Sabri au milieu de sa boutique.
Ce qui se passe en ce moment est anxiogène et en pousse certains à se détourner de l'actualité, comme Sabri, qui trouve une échappatoire dans son échoppe. Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Seul dans une boutique regorgeant de souvenirs religieux de toutes sortes, Sabri évoque aussi les contrôles policiers. Malgré les tracas et l’absence de touristes, il vient à sa boutique pour changer d’air, faire quelque chose de différent. Ce sont des temps difficiles, reconnaît le commerçant. Quand il consulte son téléphone, ce ne sont pas les informations sur le conflit qu’il recherche. C’est toujours mauvais, mauvais, mauvais. Je ne veux plus regarder. Il se dit attristé par le sort des enfants en difficulté à Gaza et par tous ces morts dans les deux camps.

Abu Omar utilise un vieux bâton pour allumer les lumières de son petit restaurant.
Le restaurateur Abu Omar fait tourner son commerce au ralenti, ces derniers temps.  Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Quelques écolières en uniforme rouge sautent les vieilles marches devant un café vide. Elles semblent avoir oublié tout ce qui se trame dans le pays.

Abu Omar utilise un vieux bâton pour allumer les lumières de son petit restaurant. Lui qui a l’habitude de servir beaucoup de cafés aux touristes, il n’ose plus allumer sa grosse machine à espresso. Il tient son commerce depuis plus de 40 ans, mais avoue ne pas comprendre pourquoi les conflits ne cessent pas. Ça n’a mené à rien de bon, souffle-t-il. Je ne comprends pas notre monde.

Deux hommes prient devant le mur des Lamentations.
Au pied du mur des Lamentations, à Jérusalem Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Le mur des Lamentations aussi semble attirer moins de fidèles ces temps-ci. Ils sont deux, perdus dans leurs prières, comme s'ils étaient seuls au monde. Dans un coin, un autre homme, assis sur une chaise de bois, la tête à quelques centimètres de l’épais mur beige. Ici, la prière se fait en plein air et en toute intimité. Les petits bouts de papier s’accumulent peut-être moins vite dans les interstices du mur qui soutient le temple de Jérusalem. Un homme s’en éloigne, un fusil d’assaut en bandoulière.

Des enfants savourent une crème glacée à côté de leurs mères.
Pause crème glacée pour ces enfants de la partie juive de la vieille ville de Jérusalem Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Il faut gravir quelques dizaines de marches pour se rendre au cœur de la partie juive de la vieille ville. En ce début d’après-midi, quelques hommes se régalent de sandwichs aux falafels épicés en parlant fort. Ici aussi, la vie suit son cours malgré la guerre et le massacre qui l’a provoquée. Une femme joue des hymnes traditionnels sur un accordéon. Juste à côté, des enfants savourent des crèmes glacées.

Esther montre un de ses tableaux.
L'incrédulité règne chez Esther, galeriste désemparée. Photo : Radio-Canada / Frédéric Lacelle

Un silence religieux plane sur cette boutique d’art inspirée de la judéité. Esther s’appuie sur son comptoir de verre et soupire. Elle se sent dans une bulle. Tout semble si irréel… Impossible de penser à autre chose. Elle évoque un fardeau bien lourd et un lien de solidarité avec les autres Israéliens. Si l'un de nous a des problèmes, on a tous des problèmes. Elle lit la Bible, pense aux soldats et aux victimes. Elle dit ne pas comprendre pourquoi les Palestiniens ne saisissent pas la main tendue par Israël… Ils ont choisi une autre voie. Ils ont choisi la pire des voies.

Pour suivre les derniers développements de la guerre au Proche-Orient, consultez notre couverture en direct.

Toutes les nouvelles dans notre dossier Proche-Orient, l'éternel conflit.

Un document réalisé par Radio-Canada Info

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