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CBJ et le Saguenay–Lac-Saint-Jean sur la même longueur d’onde depuis 90 ans

CBJ et le Saguenay–Lac-Saint-Jean sur la même longueur d’onde depuis 90 ans

Le 20 septembre 1933, le Saguenay–Lac-Saint-Jean vit un événement important. C’est l’inauguration de la station de radio de la Commission canadienne de la radiodiffusion de Chicoutimi (CRCS) affiliée au réseau national canadien. Celle-ci devient, en 1939, la station de radio CBJ du réseau national de Radio-Canada.

Publié le 13 septembre 2023

Informer et divertir comme il se doit le Saguenay–Lac-Saint-Jean
Informer et divertir comme il se doit le Saguenay–Lac-Saint-Jean

« D’Ottawa nous arrivait cette semaine la nouvelle de démarches entreprises pour mieux desservir notre région au niveau radiophonique. […] Cela contribuerait efficacement à améliorer la réception des programmes qui, souvent, à l’heure actuelle, nous parviennent malaisément. »

— Une citation de   Le Progrès du Saguenay, 23 février 1933

En 1933, la radio est en plein développement un peu partout dans le monde.

Dans la capitale fédérale canadienne, Thomas Maher, vice-président de la Commission canadienne de radiodiffusion (CCR), est songeur.

Il souhaite que l’on améliore dans sa région natale, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la transmission de ce moyen de communication relativement nouveau.

La présence d’un poste de radio au Saguenay–Lac-Saint-Jean, espère-t-il, permettra par ailleurs à la population de la région de mieux savoir ce qui se passe chez elle, mais aussi au Canada et dans le reste du monde.

Il faut également, plaide Thomas Maher, que le Saguenay–Lac-Saint-Jean puisse accéder à une offre bonifiée et avoir, comme le reste du Canada, aussi accès à ce qui se fait de mieux en matière de culture et de divertissement.

Document original de la licence de CRCS signé par le ministre de la Marine du gouvernement du Canada.
Signée le 1er novembre 1933, la licence du gouvernement canadien autorise le poste de radio CRCS à diffuser de Chicoutimi. Photo : Radio-Canada

Thomas Maher réussit à convaincre la CCR d’établir une station de radio à Chicoutimi.

C’est ainsi que, le 20 septembre 1933, on inaugure sur le boulevard Saint-Sacrement le poste de la Commission canadienne de la radiodiffusion de Chicoutimi (CRCS).

Ce dernier fait partie du réseau national canadien.

Des débuts modestes

Comme le décrit un document daté de 1955 : En 1933, le poste CRCS n’avait qu’une installation de fortune. L’équipement était des plus sommaires : studio exigu, micros de genre primitif, piano emprunté […] le studio, situé sur les hauteurs de Chicoutimi, était difficile d’accès l’hiver.

Des photos, prises en 1936, confirment la description provenant du document…

Des débuts modestes également en ce qui concerne la production locale, car la première mission de la nouvelle station consiste à retransmettre les émissions de la Commission canadienne de radiodiffusion.

Les heures de diffusion sont restreintes et sont programmées entre 18 h et minuit.

La première année, la moitié des émissions sont en français, laissant beaucoup de place à la langue anglaise, ce qui suscite des protestations de plusieurs citoyens, dont Vilmond Fortin, celui-là même qui dirige la nouvelle station de Chicoutimi.

En 1933, l'auditoire compte à peine une centaine de personnes, puisque peu de citoyens possèdent un récepteur.

Maison avec les lettres CBJ sur la façade.
Cette maison accueillait l'émetteur de la station de radio CBJ à partir de 1948. Photo : Radio-Canada / CBJ

CBJ en expansion
CBJ en expansion

À Noël 1933, on présente la première émission à laquelle participent plusieurs artistes, musiciens et chanteurs de Chicoutimi.

On diffuse pour la première fois des nouvelles locales et régionales en 1937.

Le 1er mai 1939, Radio-Canada, qui a succédé à la CCR comme diffuseur public national, acquiert le poste CRCS. Celui-ci choisit comme nouvel indicatif les lettres CBJ.

L’affiliation de la station CBJ au réseau français de Radio-Canada s’inscrit dans un contexte politique mouvementé.

Une nouvelle guerre mondiale peut éclater à tout moment.

Le gouvernement fédéral canadien désire pouvoir informer la population de ce qui se passe dans le monde, mais aussi passer ses messages à celle-ci.

En 1940, dans un studio de radio, assis à un bureau devant un microphone sur pied, le journaliste Louis Francoeur devant au micro, son texte dans une main.
Le journaliste Louis Francoeur anime l'émission réseau « La situation ce soir ». Photo : Radio-Canada / Henri Paul

Pendant la Seconde Guerre mondiale, CBJ informe notamment son auditoire par des émissions réseau comme La situation ce soir, animée par le journaliste Louis Francoeur.

Au cours de cette période, CBJ déménage au centre-ville de Chicoutimi dans l’édifice Lessard situé sur la rue Racine.

Un technicien ajuste le micro sur pied de l'annonceur qui est entouré de dignitaires en haut des marches de l'hôtel de ville de Chicoutimi.
Du haut des marches de l'hôtel de ville de Chicoutimi, l'annonceur Gaston Voyer annonce la victoire des Alliés le 7 mai 1945 en compagnie du directeur de CBJ Vilmond Fortin, du maire Georges Smith et d'autres dignitaires.  Photo : Radio-Canada / CBJ

Le 7 mai 1945, CBJ est aux premières loges pour annoncer à la population du Saguenay–Lac-Saint-Jean la victoire des Alliés.

En ce Jour de la victoire, l’équipe de la station CBJ retransmet en direct, du haut de l’escalier de l’hôtel de ville de Chicoutimi, la nouvelle.

Le 26 août 1948, on inaugure un nouvel émetteur d’une puissance de 10 000 watts.

La nouvelle installation – une première au Canada – permettra de rejoindre 200 000 auditeurs dans les régions rurales et urbaines.

L’année 1948 sera aussi celle durant laquelle CBJ s’installe dans ses nouveaux bureaux de l’édifice Théberge situé aussi sur la rue Racine.

Ce déménagement de 1948 permettra la modernisation des équipements, dont l’installation de trois studios.

Jusqu’en 1954, CBJ sera la seule station de radio à transmettre dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

En 1971, CBJ ouvre une salle de nouvelles régionale en partie à cause de la tragédie de Saint-Jean-Vianney qui avait dû être couverte en bonne partie à partir du réseau national.

Cette salle comptera initialement trois journalistes et diffusera six bulletins locaux de radio chaque jour du lundi au vendredi.

En 1984 et 1993, CBJ ouvre des bureaux à Alma et à Roberval.

Durant les années 1980 et 1990, le réseau de transmission de CBJ s'étend à Chapais, Chibougamau, Dolbeau, La Baie, L'Anse-Saint-Jean et Petit-Saguenay.

En 2001, CBJ produit 40 heures de programmation régionale chaque semaine.

Édifice de la Maison de Radio-Canada à Saguenay.
Les services de la radio, de la télévision et du web sont de nos jours réunis à la Maison de Radio-Canada dans l'arrondissement de Chicoutimi à Saguenay.  Photo : Radio-Canada / CBJ

Depuis 1977, CBJ diffuse à partir de la Maison de Radio-Canada à Saguenay, centre de production où sont désormais réunis les services de la radio, de la télévision et du web.

Carl Bernier, Roland Hi Ha Tremblay, Marc-André Bédard, Gaston L’Heureux et Robert Morency sont réunis autour d'un piano pour animer une émission.
Les animateurs Carl Bernier et Gaston L’Heureux animent une émission spéciale en compagnie de Roland Hi Ha Tremblay, Marc-André Bédard et Robert Morency. Photo : Radio-Canada / CBJ

Un rendez-vous d’artistes et une pépinière de talents
Un rendez-vous d’artistes et une pépinière de talents

Dès ses débuts, la station CBJ vise la transmission des meilleures émissions canadiennes, américaines, voire européennes.

L’existence de la station permettra aussi à la région de recevoir des personnalités artistiques et sportives de haut calibre.

Barbara Ann Scott et Lionel Morin avec son micro sur le tarmac avec un avion en arrière-plan.
En 1948, l’annonceur de CBJ Lionel Morin accueille la championne du monde de patinage artistique Barbara Ann Scott à l'aéroport de Bagotville.  Photo : Radio-Canada / CBJ

Ainsi, en 1948, la région reçoit la championne du monde de patinage artistique Barbara Ann Scott que le journaliste Lionel Morin interviewe dès sa descente d’avion à l’aéroport de Bagotville.

1948 se révèle être faste en visites.

Fernandel dans un studio de CBJ devant un micro sur pied. Vilmont Fortin et un autre homme sont à ses côtés.
La visite de Fernandel à CBJ en 1948. Photo : Radio-Canada / CBJ

Cette année-là, c’est le comédien français Fernandel qui est reçu dans les bureaux de la CBJ.

En 1965, le réalisateur Albert Larouche et l’annonceur Jacques Houde ont l’occasion d’interviewer un monstre sacré, l'auteur-compositeur-interprète Jacques Brel, et de lui serrer la pince.

Le chanteur belge donnera d'ailleurs son tout dernier spectacle à Chicoutimi lors de sa tournée d'adieu au Québec en 1967.

Jacques Brel assis, serrant les mains d’Albert Larouche et de Jacques Houde.
Jacques Brel en compagnie de l'annonceur Jacques Houde et du réalisateur Albert Larouche en 1965.  Photo : Radio-Canada / CBJ

La présence de Jacques Houde à CBJ en 1965, qui deviendra plus tard un animateur vedette sur le réseau français de Radio-Canada, prouve que la station a aussi joué un rôle dans le développement de personnalités radiophoniques et télévisuelles, mais aussi artistiques, connues à travers le pays.

Joël Le Bigot, Claude Quenneville, mais aussi Pauline Martin, Louise Portal et Ghyslain Tremblay révèlent leurs talents au public grâce à leur présence sur les ondes de CBJ.

Chicoutimi, avec Rimouski, avait la belle réputation de permettre toutes sortes de choses. Il y a là quelque chose qui permet d’inventer, d’imaginer, de faire des folies, et personne ne s’en formalise tellement, témoignera plus tard Joël Le Bigot.

Lyne Bourgeois assise à un pupitre avec un micro sur pied. Une foule la regarde derrière une vitrine.
Le 20 mars 1969, dans le cadre de la Journée de la radio, Lyne Bourgeois anime dans la vitrine du magasin Gagnon Frères sur la rue Racine.  Photo : Radio-Canada / CBJ

CBJ au service de sa communauté
CBJ au service de sa communauté

« Il y a 10 ans, on n'entendait pratiquement jamais rien en français et l’on ne parlait presque jamais d’agriculture. Aujourd’hui, Radio-Canada donne la plupart de ses émissions en français. Et pour nous, agriculteurs, nous avons plusieurs programmes qui traitent d’agriculture. »

— Une citation de   Alfred Tremblay en 1946

Dès sa création, l’un des principaux axes du mandat de la station de radio CBJ a été de s’adresser à son auditoire et de lui proposer des sujets qui l’intéressent.

En 1946, le monde rural et l’agriculture sont des éléments très importants au sein de la société canadienne-française.

Sondage, 3 novembre 1946

Le 3 novembre 1946, durant l’émission Sondage, le journaliste de CBJ, Laval Raymond, discute avec Mme Joseph Gobeil et M. Alfred Tremblay, respectivement de Chicoutimi et de la paroisse de Bagotville.

Les deux invités exploitent des fermes et remercient chaleureusement CBJ de diffuser des émissions comme Le réveil rural ou encore L’Action rurale qui traitent de sujets qui intéressent particulièrement les agriculteurs.

Écouter, un peu plus de 75 ans après sa diffusion, l’émission Sondage confirme l’importance du lien entre CBJ et la population du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

C’est aussi un rappel que les grosses familles dans les campagnes du Canada français étaient plus souvent la règle que l’exception.

Ils sont en effet nombreux à écouter CBJ dans les nombreuses fermes du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Chez Mme Gobeil, on compte 21 enfants qui s’assemblent tour à tour près du poste radio!

CBJ répond présente lors des grandes catastrophes

Des voitures et une maison menaçant de glisser dans le précipice dans lequel s'enfonce un poteau électrique.
Le village de Saint-Jean-Vianney au bord du précipice au lendemain du glissement de terrain du 4 mai 1971. Photo : Radio-Canada

Dans la nuit du 4 au 5 mai 1971, le village de Saint-Jean-Vianney est englouti par un glissement de terrain.

Reportage sur la catastrophe de Saint-Jean-Vianney, 5 mai 1971

Le 5 mai 1971, lors d’une série de reportages sur la catastrophe de Saint-Jean-Vianney, CBJ retransmet des témoignages de personnes sinistrées.

Leurs propos donnent une idée de l’ampleur de la tragédie.

C’est toujours cette préoccupation d’informer le public qui animera l’équipe de CBJ lorsque la région sera frappée par une importante secousse sismique le 25 novembre 1988.

Émission spéciale au lendemain du tremblement de terre du Saguenay, 26 novembre 1988

Durant l’émission spéciale au lendemain du tremblement de terre du Saguenay diffusée le 26 novembre 1988, le journaliste Robert Morency interviewe Martine Harvey, une responsable régionale des communications d’Hydro-Québec, sur le déploiement du plan d’urgence de la Société d’État.

Martine Harvey donne aussi des explications sur les liens entre le tremblement de terre et d’éventuelles pannes d’électricité.

Elle rassure également sur la solidité des barrages dans la région.

Le journaliste Alain Simard interviewe ensuite Léonard Duchesne, géologue au Cégep de Jonquière sur les origines et l’ampleur de la secousse sismique.

La petite maison blanche, symbole du déluge qui s'est abattu sur la région du Saguenay en 1996.
La petite maison blanche, symbole du déluge qui s'est abattu sur la région du Saguenay en 1996. Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Le déluge du Saguenay, 21 juillet 1996

« Vous pouvez nous téléphoner. Si vous avez des informations, ne vous gênez pas. C’est ainsi qu’on réussit depuis ce matin à avoir des contacts avec les gens. Le 696-6660. Là, vous appelez directement au studio. On est pas mal toujours là. »

— Une citation de   Sonia Perron, 21 juillet 1996

Éclairer le public n’a jamais été aussi essentiel que lorsque des catastrophes affectent la région et que les autres moyens de communication se trouvent difficiles d’accès, voire inexistants.

Alors que le Saguenay–Lac-Saint-Jean est frappé en juillet 1996 par des inondations désastreuses, l’animatrice de l’émission Le déluge du Saguenay Sonia Perron suggère aux auditeurs de téléphoner à CBJ pour partager des informations qui pourraient se révéler importantes, voire vitales.

Le public répond à l’appel.

Ainsi, on entend sur les ondes le docteur Claude Voisine offrir de l’eau potable de sa source naturelle à la population du quartier de Chicoutimi-Nord.

Sonia Perron apprend au médecin par ailleurs que son quartier est isolé du reste du monde!

L’animatrice prend également le temps de brosser un portrait de la situation dans la région et discute des conditions climatiques des prochains jours avec le météorologue Gilbert Fillion.

CBJ éclaire les débats publics

Sylvain Lafrance, Jean-Pierre Blackburn, Jean Tremblay et Michel Gagné touchent un écran avec le logo de Radio-Canada en souriant.
Sylvain Lafrance, vice-président des services français de Radio-Canada, Jean-Pierre Blackburn, député de Jonquière-Alma, Jean Tremblay, maire de Saguenay, et Michel Gagné, directeur régional de Radio-Canada, sont réunis à la Maison de Radio-Canada à Chicoutimi le 18 août 2010. Photo : Radio-Canada

L’équipe de CBJ a aussi pour vocation d’éclairer les débats publics qui animent le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

C’est arrivé par exemple au début des années 2000.

À cette époque, le gouvernement du Québec demande que sept municipalités de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean soient fusionnées.

Ce regroupement forcé concerne Canton-Tremblay, Chicoutimi, Jonquière, La Baie, Lac-Kénogami, Laterrière et Shipshaw et soulève un débat passionné entre partisans et adversaires de la décision de Québec.

Les élus municipaux eux aussi se divisent.

C'est ici que ça se passe, 12 janvier 2000

Le 12 janvier 2000, l’animateur de l’émission C’est ici que ça se passe, Jean-Pierre Girard, interviewe le maire de Chicoutimi, Jean Tremblay, qui est heureux de venir commenter une étude favorable à la fusion municipale.

Bernier et compagnie, 22 janvier 2000

Quelques jours plus tard, le 22 janvier 2000, c’est au tour de la mairesse de L’Anse-Saint-Jean, Rita Gaudreault, d’exprimer au journaliste Louis-René Ménard de l’émission Bernier et compagnie son opposition au projet du gouvernement du premier ministre Lucien Bouchard.

L’élue expose un autre plan de réorganisation municipale appuyé par une partie de la population.

Les employés d'ICI Saguenay–Lac-Saint-Jean posent sur le terrain de la station.
La grande équipe d'ICI Saguenay–Lac-Saint-Jean de nos jours. Photo : Radio-Canada / Patrick Simard

Depuis 90 ans, la station CBJ s’est donné pour mission de servir le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Elle a informé la région des petits et grands événements qui se déroulaient dans ce vaste territoire, mais également au-delà de ses frontières.

Sans prendre parti, CBJ s’est efforcée d’éclairer les débats et les enjeux qui affectent ou touchent son auditoire.

CBJ a aussi pour préoccupation de refléter la richesse de la société du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

La diffusion de la culture et des traditions régionales est au cœur des émissions de la station.

Cette richesse patrimoniale est par ailleurs précieusement conservée dans les archives de CBJ.

CBJ célèbre en 2023 neuf décennies d’existence et espère continuer d’être sur la même longueur d’onde que son auditoire pendant de nombreuses années.

Recherche : Joane Dallaire.

Rédaction : Dominique Fournier et Élodie Gagné.

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