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Commémorer, guérir, transmettre : la résilience des Innus de Pakuashipi

Commémorer, guérir, transmettre : la résilience des Innus de Pakuashipi

Publié le 18 juillet 2023

Déplacés de leurs terres ancestrales, les Innus de Pakuashipi ont subi mille et une douleurs. Après avoir vécu des décennies de politiques d'acculturation et les abus d’un prêtre oblat, la communauté est enfin prête à entamer un processus de guérison… 60 ans plus tard.

De fausses promesses
De fausses promesses

Une odeur de sauge emplit le chapiteau abritant la majorité des 350 membres composant aujourd’hui la communauté innue de Pakuashipi sur la Basse-Côte-Nord, à 550 kilomètres à l’est de Sept-Îles. On y a célébré en juin les aînés, ces gardiens de la mémoire collective, les savants du territoire, quelques-uns des derniers nomades.

C’est la première fois que la communauté organise un tel événement. Tenue entièrement en innu, la commémoration avait un caractère intime. Elle devait permettre à la communauté de guérir et de se réapproprier son histoire.

En 1961, les Innus de Pakuashipi ont été arrachés à leurs terres par le gouvernement fédéral, aidé par un partenaire qui jouissait d’une profonde influence dans la région, le prêtre oblat Alexis Joveneau.

Ils ont été traînés jusqu’à Unamen Shipu (La Romaine, à 250 kilomètres à l’ouest de Pakuashipi) à bord du navire North Pioneer dans le but de mieux contrôler les Innus de la Basse-Côte-Nord en les rassemblant dans une seule communauté. Une fois arrivés à destination, les gens de Pakuashipi ont vite réalisé que les promesses de maisons, de nourriture et d’argent n’étaient que des chimères.

Désillusionnées, une vingtaine des 80 personnes déportées sont retournées dans la communauté d’origine au printemps de 1963, de leur propre chef, à pied. D’autres les ont rejointes, au fil des années, par bateau ou hydravion. Malgré tout, ces Innus doivent toujours se battre avec les aléas du monde moderne, ainsi qu’avec les conséquences de la sédentarisation.

C’est l’histoire de l’échec d’une politique gouvernementale assimilatrice, mise en œuvre il n’y a pas si longtemps, selon l’anthropologue Laurent Jérôme, qui dirige une recherche sur le sujet avec la poète innue Joséphine Bacon depuis une dizaine d’années.

Un avant et un après
Un avant et un après

On a profité de la journée pour rappeler les quatre grandes périodes qui ont caractérisé la vie de la communauté : la période d’avant la déportation, les années passées à Unamen Shipu, le retour vers Pakuashipi et la vie d'aujourd’hui.

Il est temps, pour la communauté, d’aller au-delà de la honte et de la douleur qu’inspirent ces événements. On souhaite célébrer nos aînés qui ont fait preuve d’une résilience exceptionnelle et sans qui notre communauté, notre culture n’existeraient plus ici, soutient le chef de Pakuashipi, Denis Mestanapeo.

Plusieurs chefs innus de la Côte-Nord ont assisté à la célébration, tout comme le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, Innu lui aussi, d'ailleurs.

Un peu partout au pays, dans les dernières années, on entend parler de réconciliation. Ici, on a un bon exemple du fait que la réconciliation, elle doit d’abord se faire avec nous-mêmes, a expliqué le chef Picard, dans son allocution.

Les Innus entretiennent un lien spirituel profond avec le territoire qu’ils occupent. Le souvenir de l’avoir quitté, même sous la contrainte, a pendant longtemps été la source d'une culpabilité insupportable.

Un enfant court près d'un campement.
La vie sous la tente était synonyme de simplicité et de bonheur. Les Innus avaient l'impression de faire partie du territoire et d'occuper une place dans l'ordre naturel des choses.  Photo : Fonds Pauline Laurin BAnQ Sept-Îles

Au moment de la déportation, pour s’assurer de conserver une trace de ce lien spirituel, ils avaient emmené avec eux des poches de terre et de sable de Pakuashipi pour les répandre sur le sol à leur arrivée à Unamen Shipu et en faire la première terre sur laquelle ils posent les pieds.

Avant, les gens n’en parlaient pas, de la déportation, explique Joséphine Bacon.

Même elle, qui connaît depuis longtemps plusieurs aînés de Pakuashipi, ne savait rien des détails de l’événement jusqu’à ce qu’elle soit contactée par Laurent Jérôme, il y a une douzaine d’années.

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Joséphine Bacon et Laurent Jérôme travaillent sur la déportation de Pakuashipi depuis plus de 10 ans. En juin, ils ont examiné les cartes de la région pour tenter d'identifier les sites de campement utilisés par les gens de Pakuashipi lors de leur grande marche de retour en 1963. Photo : Radio-Canada / Jerome Gill-Couture

Les Innus n’étaient pas très politisés. J’entendais qu’il y avait eu des magouilles du gouvernement, mais ça, il y en avait partout, indique la poète.

Selon elle, cette idée du fédéral de rassembler des nations autochtones dispersées en une seule communauté a été une politique assez répandue au pays, même si peu de cas sont allés aussi loin.

Pour le gouvernement, c’était logique. Ça coûtait moins cher de donner des services à une seule communauté et, surtout, ça permettait de s’assurer de contrôler le territoire s’il devait y avoir des projets d’exploitation des ressources.

Même s’il n’a finalement pas réussi à rassembler les deux communautés à La Romaine, le gouvernement a tout de même fini par limiter la fréquentation des Innus aux confins de leurs territoires, en construisant des maisons.

Il y en a certains qui sont restés à La Romaine, surtout à cause de mariages avec des gens de là-bas. On dit que Joveneau en célébrait à 5 h du matin, pour que personne ne s’y oppose, dans le but que les gens de Pakuashipi restent là-bas. Dès qu’il y avait des missionnaires qui travaillaient de concert avec des représentants du gouvernement, on savait que ça devait être tout croche, indique Joséphine Bacon.

Le héros de Pakuashipi
Le héros de Pakuashipi

Sous le chapiteau où s’est déroulée la commémoration, un nom ressort, celui de Shimun Mestenapeo. Celui-ci s’est opposé dès le départ à la déportation, et a éventuellement été le meneur de la grande marche du retour, deux ans plus tard.

Au sein de la communauté, Shimun fait figure de héros. Il n’a jamais courbé l’échine, et en est même venu aux coups avec Joveneau à un certain moment.

Sans lui, et les autres qui ont marché pour revenir jusqu’ici, il n’y aurait plus d’Innus à Pakuashipi, explique Mika Tenagan, son arrière-petite-fille.

Shimun Mestenapeo devant un campement.
Shimun Mestenapeo a été le leader de la résistance face à la déportation. Il s'y est toujours opposé, et a mené le retour à la marche vers Pakuashipi en 1963. Photo : Fonds Pauline Laurin BAnQ Sept-Îles

Pour elle, la déportation représente surtout un moment où, malgré la contrainte, ses aînés ont repris leur destin en main et ont permis à la vie ici de continuer.

Je suis vraiment fière de faire partie d’une communauté et d’une famille qui ont résisté. Même si le mode de vie a changé, nous continuons d’aller dans le territoire et de pratiquer nos activités traditionnelles, la chasse et la pêche.

Durant des décennies, le prêtre oblat jouissait d’un pouvoir moral particulièrement grand chez les Innus de la Côte-Nord, allant jusqu’à interdire plusieurs pratiques spirituelles traditionnelles qu’il qualifiait de païennes.

Sa capacité de parler parfaitement l'innu lui permettait de servir d'interprète et de contrôler les messages traduits.

Aujourd’hui, tout le monde connaît l’histoire de Joveneau, des abus physiques, sexuels et moraux qu’il a perpétrés durant des décennies chez les Innus de la Côte-Nord. Mais à l’époque il était extrêmement respecté et on lui accordait une grande confiance, ajoute Laurent Jérôme.

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Mika Tenegan, l'arrière-petite-fille de Shimun Mestenapeo, est appuyée contre une murale qui le représente, dans le hall de l'école de Pakuashipi. Photo : Radio-Canada / Jerome Gill-Couture

Dans les entrevues qu’il a menées avec Joséphine Bacon, le fils de Shimun, Jérôme Mestenapeo, raconte que la marche de retour vers Pakuashipi avait permis un certain affranchissement vis-à-vis de l’autorité du prêtre oblat. À mesure que Shimun se rapprochait de ses terres ancestrales, il renouait avec sa culture, il faisait des cérémonies de purification à chaque campement, des tentes de sudation tous les soirs. Ces activités étaient auparavant interdites par le représentant de la foi catholique.

Au printemps 1963, quand ils ont complété leur retour, ils ont repris leur mode de vie traditionnel, tel qu’ils vivaient avant d'être déportés, explique Laurent Jérôme.

Une manière de vivre en dehors du temps, bien loin des grands changements que vivait le Québec dans les années 1960, en dehors du capitalisme et de la modernité.

Les derniers nomades
Les derniers nomades

Les aînés de Pakuashipi ont été parmi les derniers vrais nomades d’Amérique du Nord, et ils le sont demeurés jusqu’en 1972, explique l’anthropologue Laurent Jérôme.

Comme pour la plupart des Premières Nations du Québec, ils ont pu maintenir ce mode de vie en possédant des savoirs et des techniques parfaitement adaptées à leur territoire et en ayant une petite économie basée sur la trappe d’animaux à fourrure.

Depuis bien longtemps, il y a eu un comptoir de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Saint-Augustin, la petite communauté blanche située juste de l’autre côté de la rivière, explique Joséphine Bacon. Ils étaient interdépendants depuis longtemps. Les Innus apportaient de la fourrure et pouvaient s’acheter de la farine, des munitions ou faire des échanges.

Les Innus de Pakuashipi et le village anglophone de Saint-Augustin ont pratiquement toujours entretenu de bons rapports.

Le comptoir de la Compagnie de la Baie-d'Hudson de Saint-Augustin, avec à l'avant-plan des gens et des canots.
Établi à la fin du 19e siècle, le comptoir de la Compagnie de la Baie-d'Hudson de Saint-Augustin a grandement participé à l'économie de la région. Les Innus représentaient les principaux pourvoyeurs de fourrure pendant des décennies. Photo : Fonds Pauline Laurin BAnQ Sept-Îles

Quand nous vivons dans des lieux aussi isolés, le mode de vie se ressemble. Les Innus chassent, pêchent et se déplacent sur le territoire, et les Anglais aussi, explique Mika Tenagan.

Plusieurs aînés de Saint-Augustin sont présents sous le chapiteau, d’ailleurs. Des gens qui ont apporté leur aide aux Innus lorsqu’ils en ont eu besoin, principalement à leur retour, en 1963.

Quand quatre familles menées par Shimun Mestenapeo sont revenues en 1963, les gens de l’autre côté de la rivière étaient très contents. Ils avaient souffert économiquement de l’absence des Innus, qui rapportaient normalement les fourrures. Ils leur ont vite fait crédit pour qu’ils puissent racheter le matériel dont ils avaient besoin pour retourner trapper, confie Joséphine Bacon.

Le gouvernement a abandonné le projet de réunir Pakuashipi et Unamen Shipu en 1972. Ottawa a alors construit des maisons qui semblent s’adapter aux besoins des Indiens, comme le disait alors le fonctionnaire fédéral des Affaires indiennes Vic René.

Or, une fois les maisons construites, rien ne ressemblait à ce qu’un Innu de l’époque aurait pu demander. Construites en rangée, les unes à côté des autres, ces maisons de trois pièces différaient en tout point de la vie sous la tente. Elles incarnaient en fait le résultat d’une consultation menée par un interlocuteur qui ne comprenait rien de la langue ni de la culture innues.

La sédentarisation a grandement perturbé la transmission des savoirs et des techniques traditionnelles, qui s’effectuaient dans le territoire et qui ont permis aux Innus de survivre pendant des millénaires dans des conditions parfois extrêmes.

La sédentarisation a également nui à la transmission de la langue. Parfaitement adaptée au mode de vie nomade, la langue innue est descriptive et comporte des mots ou des manières très précises d’expliquer certaines situations, éléments ou objets présents dans la nature.

Tous les jeunes ont l’innu comme langue maternelle à Pakuashipi, mais nous voyons rapidement que nous avons perdu une partie de notre langue quand nous parlons aux aînés. Nous ne comprenons vraiment pas tout ce qu’ils disent et ils ne peuvent pas nous l’expliquer, parce qu’ils utilisent la langue du territoire, ce que nous ne faisons plus, explique Mika Tenegan.

Un nouveau mode de vie
Un nouveau mode de vie

Pakuashipi signifie rivière de sable. Grande rivière à saumons, elle tire son origine du Labrador et s’écoule jusqu’au golfe du Saint-Laurent, situé à une dizaine de kilomètres de la communauté où se trouvent des centaines de petites îles.

Historiquement, les gens de Pakuashipi remontaient à l’automne la rivière vers le nord, pour s’enfoncer dans le territoire et y passer l’hiver.

La communauté de Pakuashipi.
Une vue récente de la communauté de Pakuashipi. On peut apercevoir le village anglophone de Saint-Augustin l'autre côté de la rivière qui est accessible en aéroglisseur. Photo : Radio-Canada

S’ils étaient autrefois des maîtres du canot et de la raquette, les moteurs de bateau, les quatre-roues et les motoneiges leur permettent maintenant de se déplacer beaucoup plus vite, tant sur terre que sur mer.

Aujourd’hui, il n’y a plus personne qui part vivre dans la forêt pendant tout l’hiver. Mais nous continuons d’aller à la pêche au saumon, d’aller chasser le homard sur les îles et souvent, l’automne, nous allons passer plusieurs jours d'affilée sur le territoire, explique Mika.

Plus près de la communauté, plusieurs pêchent également au filet à partir de la mi-juin. Alors que dans les années 1980, Nutashkuan, Mani-utenam et Listuguj ont été au cœur de grandes crises liées à la pêche au saumon, il n’en a jamais été ainsi à Pakuashipi.

Nous, on n'a jamais eu de problème avec les Blancs à propos de la pêche. Ça aide aussi qu’il n’y ait jamais eu de pourvoirie ici, explique Serge Mestokosho, un pêcheur de Pakuashipi qui travaille depuis longtemps comme pilote d’avion.

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Serge Mestokosho relève son filet à la recherche de saumons, l'espèce la plus prisée sur la rivière.  Photo : Radio-Canada / Jerome Gill-Couture

Les bateaux à moteur ont également facilité l’accès aux îles situées au sud, au large de la communauté dans le golfe du Saint-Laurent, où plusieurs ont construit des chalets. On y chasse le homard à la perche, à la manière traditionnelle.

C’est une technique qui nous vient d’Unamen Shipu, où ils font cela depuis très longtemps, explique Mathias Mark, le responsable de la culture au conseil de bande de Pakuashipi, qui a également organisé la commémoration. On tape sur les roches pour les faire sortir et, ensuite, on les attrape au filet.

Là-bas, il y a vraiment beaucoup de homards, et ce, très près de la communauté. Ici, c’est quand nous avons commencé à aller fréquemment sur les îles que ça s’est développé, explique-t-il.

Ce meilleur accès au territoire a un prix, cependant.

La sédentarisation a rendu les Innus dépendant de l’argent. En demeurant au même endroit, la plupart ont perdu l’accès direct à leur garde-manger forestier. Le commerce des fourrures, principal filon économique depuis des lustres, est également devenu moins accessible en plus d’être moins rentable.

Avant, c’était plus long d’aller dans le territoire, mais au moins, tout le monde pouvait y aller et y passer beaucoup de temps, explique Serge Mestokosho.

Il n’y a pas beaucoup de secteurs d’emploi ici, à part dans la construction, où il y a toujours un peu de travail, estime-t-il. Les bateaux à moteur, ça permet d’aller loin, mais il faut pouvoir se les payer, et l’essence aussi.

Connaître et faire connaître
Connaître et faire connaître

Dans le gymnase de la communauté, les aînés ont livré leurs récits. Ils ont parlé de l’époque où l’année entière était passée sous la tente, dans le confort qu’offrait le poêle à bois et le plancher recouvert de sapinage.

Il n’y avait pas de drogue, pas d’alcoolisme, nous n’avions pas le temps. Nous avions toujours des choses à faire, relate une aînée.

Pakuashipi, comme beaucoup d’autres communautés autochtones, est aujourd’hui aux prises avec des problèmes de consommation, symptômes de la perte de repères engendrée par la colonisation.

Pourtant, à mesure qu’avançait la commémoration, on sentait l’ambiance s’alléger. L’effet d’une discussion à propos de sujets trop longtemps refoulés… Depuis que les recherches ont commencé sur le sujet, il y a un peu plus de dix ans, l’histoire de la déportation s’est fait connaître.

La commémoration était une étape importante. Elle aura permis à la communauté de donner de l’amour à nos aînés, des remerciements pour leur courage, explique la maîtresse de cérémonie, Christiane Lalo.

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Photos des aînés ayant effectué à la marche les 250 kilomètres qui séparaient Unamen Shipu de Pakuashipi. Ceux marqués d'une étoile sont décédés depuis.  Photo : Radio-Canada / Jerome Gill-Couture

La communauté souhaite maintenant poursuivre dans cette direction, pour s’assurer que l’histoire soit transmise à la prochaine génération de la communauté et qu’elle soit connue ailleurs.

Dans les prochaines années, on peut s’attendre à ce que du matériel didactique soit produit, en partenariat avec l’institut Tshakapesh, qui agit pour promouvoir la culture et la langue innue.

La recherche n’est pas terminée non plus. En entrevue, l’anthropologue Laurent Jérôme et Joséphine Bacon expliquent qu’il reste à recueillir les témoignages des gens de Saint-Augustin, ainsi que ceux des communautés qui ont témoigné du retour entre Unamen Shipu et Pakuashipi.

Il faut que cette histoire soit connue et qu’elle soit dénoncée, mais aussi que l’on connaisse la résilience incroyable et l’attachement au territoire des gens d’ici, fait valoir Joséphine Bacon.

Mika Tenegan, elle, souhaite qu’un musée soit créé dans la communauté pour souligner l’événement, l’apport de son arrière-grand-père Shimun Mestenapeo ainsi que le mode de vie des derniers nomades du Québec. Un musée qui montrera que nous sommes fiers de notre résistance et de la manière avec laquelle nous avons su surmonter les épreuves.

Un document réalisé par Radio-Canada Espaces autochtones

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