•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Vous naviguez sur le site Radio-Canada

Début du contenu principal

Ma rivale, ma grande amie

Ma rivale, ma grande amie

De leur rivalité est née une grande amitié. Lauriane Genest et Kelsey Mitchell racontent leur histoire.

Un texte de Michael Roy Photographies par Stéphane Paquin Vidéos : Stéphane Paquin

Publié le 18 avril 2023

Le 8 août 2021, aux Jeux olympiques de Tokyo, la cycliste sur piste Kelsey Mitchell devient championne de sprint. Devant elle, tout près du podium, se tient, fière, sa coéquipière et fidèle complice Lauriane Genest, médaillée de bronze en keirin quelques jours plus tôt.

Le moment est intense. Les images des caméras, avec ces sourires et ces yeux rougis par l’émotion, le rendent bien. Mais il y a plus. Le temps d’un regard et de quelques larmes, deux athlètes voient défiler toutes les épreuves qu’elles ont surmontées avant de se révéler sur la plus grande scène.

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest ont gravi pas à pas les échelons de leur sport. Et elles l’ont fait ensemble, en développant une profonde amitié qui sert très bien leur carrière.

Nous sommes allés à leur rencontre à Milton, en Ontario, pour mieux comprendre ce qui les unit et l’esprit d’émulation qui imprègne leur quotidien sportif.

Elles sont maintenant inséparables, mais c’est loin d’avoir été toujours le cas. L’orgueil, la compétitivité et la jalousie ont été source de tension entre ces deux prodiges du cyclisme canadien. Cela aurait pu les priver des plus belles années de leur vie.

Voici l'histoire d'une rivalité que le respect et l'admiration ont transformé en grande amitié.

Elles se font face
Lauriane Genest et Kelsey Mitchell Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

Une première année difficile
Une première année difficile

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest se rencontrent pour la première fois en 2017, lors d’un camp de recrutement d’athlètes de l’élite. De nombreux représentants de fédérations canadiennes sont sur place afin de dénicher la perle rare qui pourrait se joindre à leur équipe nationale.

Pour moi, ce camp, c’était plus une journée pour amasser des sous que pour intégrer l’équipe, raconte Lauriane Genest. J’avais déjà été invitée par l’équipe nationale de cyclisme sur piste, alors je n’avais pas ce stress de performance.

Nous étions côte à côte sur nos vélos stationnaires. Elle parlait très peu anglais, se souvient Kelsey Mitchell. Moi, je ne faisais que profiter du moment. Elle avait ses lunettes et me semblait avoir 13 ans! Nous ne nous sommes pas vraiment parlé, mais ç'a été notre premier contact.

Ce n’est qu’en mai de l’année suivante que les deux se retrouvent. Mitchell est invitée à se joindre à l’équipe nationale à Milton. Les dirigeants souhaitent l’évaluer sur un vélo de pistard et sur le plancher de bois d’un vélodrome.

L’Albertaine, une joueuse de soccer à la base, est appelée à se déplacer en Ontario pour poursuivre ici et là ses essais avec l’équipe au fil des semaines suivantes. Elle partage un logement avec d’autres cyclistes, dont Lauriane Genest.

J’ai détesté les premiers mois avec l’équipe parce que j’étais vraiment incapable de faire quoi que ce soit, même à l’échauffement, révèle-t-elle. Ça me fâchait beaucoup d’être mauvaise dans un sport. J’arrivais d’un programme de développement et j’étais la nouvelle dans l’équipe.

« Je me sentais comme une impostrice. Je clamais haut et fort que je souhaitais aller aux Jeux olympiques et ça en faisait probablement sourciller plusieurs qui étaient là depuis un bon moment. »

— Une citation de   Kelsey Mitchell, membre de l'équipe canadienne de cyclisme sur piste

Quelques mois plus tard, à l'automne 2018, on annonce à Kelsey Mitchell qu’elle doit faire ses valises et s’installer de façon permanente en Ontario. Les portes de l’équipe nationale s’ouvrent officiellement à elle. Après des mois d’apprentissage et d’acharnement, elle se pointe aux Championnats canadiens et bat Lauriane Genest à l’épreuve de sprint.

Personne ne me connaissait réellement, j’arrivais tout juste dans l’équipe et je l’ai battue, se souvient-elle. Il faut comprendre que les enjeux de ces championnats étaient vraiment différents. Pour Lauriane, c'était une occasion de voir où elle en était et mesurer l'impact de ses entraînements en compétition. Pour moi, c’était l’occasion de prouver que je pouvais être dans l’équipe.

C’est un choc pour Lauriane Genest. Elle ne réalise pas encore les frustrations qu’elle devra affronter. En silence, la Québécoise commence à ronger son frein.

Au fil des semaines, Kelsey est rapidement devenue très bonne, raconte-t-elle. Mon côté trop compétitif et immature la voyait comme une menace et une rivale. Je n’ai pas bien réagi à ça. Rapidement, elle gagnait du terrain et se rapprochait de mes temps. Honnêtement, ça me faisait peur. Éventuellement, elle m’a même devancée de très peu et tout ça a été très difficile pour moi.

Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

« Pour la première fois de ma vie, je voyais quelqu’un me battre ou être meilleur que moi et ç'a été très difficile d’avaler la pilule. »

— Une citation de   Lauriane Genest, membre de l'équipe canadienne de cyclisme sur piste

Les Jeux panaméricains de 2019 à Lima, au Pérou, où sa nouvelle coéquipière connaît du succès, en rajoutent une couche.

J’ai décidé de ne pas participer à ces Jeux et Kelsey a remporté le titre au sprint. J’ai immédiatement coupé tous contacts avec les réseaux sociaux parce que je ne voulais pas en entendre parler. Je me disais que j’aurais dû y aller, que j’aurais peut-être gagné. Tout ça était très nuisible et pas nécessaire. Ça ne me tirait pas vers le haut, bien au contraire, dit avec regret Genest.

« C’est probablement à ce moment que j’ai senti pour la première fois qu’elle me voyait comme une menace et son comportement a changé assez rapidement. »

— Une citation de   Kelsey Mitchell

« J’avais 19 ans, j’étais jeune et immature. L’arrivée de Kelsey m’a affecté mentalement. C’était moi la nouvelle prodige du programme et, soudainement, Kelsey arrivait et prenait ma place. Je me suis dit : Merde. »

— Une citation de   Lauriane Genest
Une cycliste au repos regarde une coéquipière s'entraîner sur piste.
Kelsey Mitchell regarde Lauriane Genest rouler Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

Le baume néo-zélandais
Le baume néo-zélandais

Un peu plus d’un an après l’arrivée de Kelsey Mitchell dans l’équipe nationale, Lauriane Genest vit encore des frustrations, mais elle se comporte en professionnelle, comme sa coéquipière.

Les échanges se font dans le respect. Elles s’entraînent ensemble tous les jours et partagent encore le même toit avec d’autres coéquipiers. Les deux sont à ce moment bien conscientes des difficultés d’adaptation de Lauriane à l’arrivée de Kelsey.

Il faut comprendre que moi, j’arrivais du soccer, un sport d’équipe où tout le monde s’entraide et a besoin des autres pour avoir du succès, explique Kelsey Mitchell. Lauriane était une patineuse artistique, dans un sport individuel.

J’essayais alors de lui laisser un peu son espace puisque je n’aime pas les conflits. Des fois, je lui disais que nous pourrions être numéros un et deux du monde, qu’il peut y avoir deux places pour les Jeux olympiques et que c’est possible qu’on y soit toutes les deux!

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

« La personnalité de Kelsey a quand même un peu aidé à ce que je m’ouvre davantage. Elle voulait vraiment qu’on soit amies, alors elle poussait dans le bon sens. Bien des gens confrontés à mon attitude auraient tout simplement passé à autre chose. »

— Une citation de   Lauriane Genest

Nous voici à l’automne 2019 pour le début des Coupes du monde de cyclisme sur piste, auxquelles participent évidemment Mitchell et Genest. Les deux doivent être cochambreuses sur la route, s’entraîner ensemble, mais aussi compétitionner l’une contre l’autre, à nouveau.

En pleine ascension, Kelsey Mitchell remporte sa toute première médaille en Coupe du monde avec une 3e place au sprint à Hong Kong. Lauriane Genest, elle, termine 3e de la finale consolation au keirin. Je finissais souvent dans le top 10, mais je n’arrivais pas à monter sur le podium, alors que Kelsey remportait des médailles. C’était frustrant, se souvient la Québécoise.

La semaine suivante à Cambridge, en Nouvelle-Zélande, Kelsey Mitchell refait le coup avec l’argent au sprint. Cette fois, Lauriane Genest connaît une Coupe du monde du tonnerre avec un top 5 au sprint et l’argent le lendemain au keirin. Pour la première fois, les deux athlètes remportent une médaille lors d’une même compétition.

Je lui ai dit : Tu vois, les deux on peut avoir du succès!, relate Kelsey Mitchell.

Cette dernière se souvient avoir senti un changement dans l’attitude de sa coéquipière à partir de ce moment.

Je pense que ma prise de conscience avait déjà été entamée depuis quelques mois, précise Genest. J’ai fini au fil du temps par réaliser qu’entretenir ces sentiments négatifs envers elle, c’était drainant pour moi. Je devais l’accepter et la prendre comme une alliée plutôt qu’une rivale.

Euphorique, elle saute sur le dos de sa coéquipière qui la transporte.
Lauriane Genest et Kelsey Mitchell après leur victoire au sprint par équipe à la Coupe du monde de Milton le 24 janvier 2020 Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Comme si elles avaient besoin de confirmer que leur relation prenait un nouveau virage, Lauriane Genest et Kelsey Mitchell remportent la médaille d’or au sprint par équipe, chez elles, à la Coupe du monde de Milton, en janvier 2020.

Après cette médaille d’or en équipe, la COVID s’installe et les deux athlètes passent plusieurs mois ensemble, 24 heures par jour. Elles se rapprochent encore plus.

Elles rigolent près de la piste.
Kelsey Mitchell et Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

Les contraires s’attirent
Les contraires s’attirent

Lauriane Genest et Kelsey Mitchell sont maintenant inséparables, sur la piste comme à l’extérieur. Ça peut sembler étonnant, puisque leurs personnalités sont aux antipodes.

Kelsey aime l’attention, pas moi. Elle parle fort et fait du bruit, alors que moi, je préfère écouter et être tranquille. Elle est aussi plus drôle que moi, mais il ne faut pas le lui dire, précise Lauriane en riant. Elle ne se prend pas toujours au sérieux, elle apporte une touche de bonne humeur à l’entraînement et a souvent le tour de relâcher la tension. Disons qu’elle allège l’atmosphère.

Nous sommes vraiment différentes, mais ça fonctionne, admet Kelsey Mitchell. Si nous avions eu le même âge et avions fréquenté la même école, je doute que nous ayons été attirées l’une vers l’autre. C’est le vélo qui nous a rassemblées malgré nos grandes différences.

Lauriane Genest vue par Kelsey Mitchell, Kelsey Mitchell vue par Lauriane Genest

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

Lorsqu’elles ne sont pas au vélodrome, elles passent la plupart de leur temps à la maison, à Oakville, près de Milton.

Il n’y a rien qu’elle fait qui me dérange à la maison, dit Genest. Ça fait quatre ans qu’on partage toutes nos habitudes au quotidien, alors nous avons appris à vivre ensemble. Kelsey dit qu’elle adore ses matins puisqu’elle se lève deux heures avant moi et c’est le seul moment qu’elle a pour elle. Le reste du temps, nous partageons pas mal tout.

Lauriane Genest et Kelsey Mitchell répondent à des questions en rafale sur leur personnalité

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

De quatre ans et demi son aînée, Kelsey Mitchell ne sent pas qu’elle doit jouer le rôle de la grande sœur avec sa coéquipière.

« Lauriane est très mature et je ne ressens jamais le besoin de lui enseigner ou de la conseiller sur quoi que ce soit. Au contraire, elle était ici avant moi et j’ai longtemps pris exemple sur elle. »

— Une citation de   Kelsey Mitchell

Nous avons du plaisir à l’entraînement et à la maison. Notre style de vie serait très ennuyant pour bien des gens. Nous nous entraînons, puis nous nous reposons.

Nous avons une routine vraiment similaire. On passe beaucoup de temps à récupérer, ajoute Genest. C’est pour ça qu’on s’entend bien parce que nous sommes les deux à l’aise pour récupérer et essayer de dépenser le moins d’énergie entre les entraînements. C’est la gym le matin, la piste l’après-midi et on fait aussi du vélo sur route. Dix entraînements par semaine et le reste du temps, on récupère et on relaxe pour la semaine qui vient.

À l'entraînement, le scénario est parfait. Si je ne suis pas à mon mieux et que je n’y mets pas tout mon cœur et mes efforts, Lauriane va me battre, c’est assuré, insiste Mitchell. Même chose pour elle. Nous devons être les meilleures versions de nous-mêmes tous les jours et c’est grâce à l’autre que nous pouvons nous dépasser comme ça quotidiennement.

Sportivement parlant, nous sommes très différentes. Moi, je vais beaucoup axer mes entraînements sur mes impressions et sur les avis de mes entraîneurs, indique Lauriane Genest. Kelsey, elle, porte toute son attention aux statistiques et aux données recueillies lors de nos entraînements. Son énergie et sa motivation sont générées de cette façon.

Bien sûr que je regarde les chiffres, mais j’ai aussi besoin d’un regard extérieur et des conseils de mes entraîneurs. La démarche est vraiment importante pour moi.

Deux cyclistes de dos transportent leur vélo.
Kelsey Mitchell et Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

L’extase des Jeux olympiques
L’extase des Jeux olympiques

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest touchent chacune à leur rêve avec une médaille aux Jeux olympiques de Tokyo : la première avec l’or au sprint, la deuxième avec le bronze au keirin. Ironie du sort, leur route vers le podium les amène à éliminer l’autre au passage.

Au keirin, Mitchell et Genest font partie des six cyclistes en grande finale devant un public survolté à Izu, là où cette épreuve mythique a vu le jour. À l’amorce du dernier tour, Mitchell est devant, mais voit ses adversaires placer de lourdes accélérations. Elle est doublée par une Néerlandaise, puis par une Néo-Zélandaise et voit du coin de l’oeil un chandail bleu pâle décoré d’une feuille d’érable. Il s’agit de Lauriane Genest qui, le temps d’un claquement de doigts, la laisse dans son sillage et finit 3e, tandis que Mitchell est 5e et écartée du podium.

Des cyclistes dans un virage
Kelsey Mitchell (devant) et Lauriane Genest (derrière) en finale du keirin aux Jeux de Tokyo, le 5 août 2021 Photo : COC/Handout Dave Holland

Après la course, la Québécoise est fière de sa médaille. Elle craque toutefois lorsqu’elle commente l’élimination de son amie.

Je ne suis pas une personne très émotive, je ne pleure pas souvent, je ne montre pas mes émotions, admet Kelsey Mitchell. Par contre, quand j’ai terminé 5e en finale et que j’ai vu en levant les yeux qu’elle était devant moi et qu’elle remportait une médaille, j’étais tellement fière et contente pour elle.

« Je regardais par la suite Lauriane sur le podium et les larmes coulaient sur mes joues. Mon entraîneur est venu me réconforter en me disant que j’avais de bonnes chances au sprint, mais il se trompait complètement! Je ne pleurais pas parce que j’étais triste. Il s’agissait des larmes de bonheur et de fierté pour Lauriane. »

— Une citation de   Kelsey Mitchell

Mitchell et Genest sont de retour en piste quelques jours plus tard au sprint. Les deux Canadiennes s’affrontent en quarts de finale et c’est Mitchell qui l’emporte. Genest est éliminée et est aux premières loges pour voir son amie devenir la cycliste la plus rapide du monde.

Quand j’ai gagné la médaille de bronze, je n’ai pas vraiment eu de réaction, se souvient-elle. J’étais contente, c’était un bon sentiment, mais pas celui auquel je m’attendais. Ces sentiments-là, d’explosion, de joie, de célébration, je les ai eus quand Kelsey a gagné sa médaille d’or.

Lauriane Genest et Kelsey Mitchell reviennent sur les grandes émotions qu'elles ont vécues à Tokyo

Kelsey Mitchell et Lauriane Genest ont chacune gagné une médaille aux JO de Tokyo Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

Ça démontre vraiment tout le chemin que nous avons parcouru ensemble en tant qu’équipe, mais aussi en tant qu’amies, analyse Kelsey Mitchell. En l’espace de quelque temps, nous avons vécu le stress et la rigueur de l’entraînement ensemble, le difficile processus de sélection pour les Jeux olympiques, puis la COVID. Tout ça nous a menées vers de grands moments, où nous avons les deux remporté une médaille aux Jeux olympiques.

« Oui, c’est un sport individuel, mais dans mon cœur, nous l’avons fait ensemble. Je n’aurais pas pu me rendre là sans elle et je crois que c’est la même chose pour Lauriane. »

— Une citation de   Kelsey Mitchell

Je ne suis pas une personne d’équipe, admet Lauriane Genest. Je suis indépendante, individuelle. C’est ça que Kelsey m’a apporté. Elle m’a appris qu’on pouvait s’aider, s’entraîner et monter les échelons très rapidement comme on l’a fait. J’ai eu l’impression que c’était ma médaille, mais aussi la nôtre. C’était partagé avec tout le monde, mais en particulier avec elle.

Elle ajuste le maillot de sa coéquipière.
Kelsey Mitchell et Lauriane Genest Photo : Radio-Canada / Stéphane Paquin

Le rêve de partager un podium
Le rêve de partager un podium

Après les Championnats du monde de 2022, où les deux cyclistes ne réussissent pas à percer le top 10 dans les épreuves individuelles, elles prennent des directions différentes.

Lauriane Genest reste en Europe pour poursuivre son entraînement. Kelsey Mitchell participe à plusieurs manches de la Ligue des champions avant de s’exiler en Californie quelques semaines. Les deux amies ne se retrouvent à Milton qu’en janvier 2023, à temps pour les Championnats canadiens. C’est Lauriane qui, cette fois, bat Kelsey au sprint en grande finale.

Deux cyclistes au fil d'arrivée
Kelsey Mitchell et Lauriane Genest aux Championnats canadiens, dans l'épreuve de sprint, le 7 janvier 2023 Photo : Ivan Rupes (2023)

Pour moi, le défi, c’est de croire que je peux faire mieux que Kelsey, dit-elle. Les Championnats canadiens que je viens de gagner, c'est une petite victoire qui signifie beaucoup pour moi. Je crois en moi et en mon potentiel. Mais au quotidien, je réalise aussi souvent qu’elle est à quelques souffles devant moi et ça me motive.

C’est bien de revenir à la maison, confie Kelsey Mitchell. On passe tout notre temps dans le salon tranquille, on regarde Netflix, rien de spécial. Ça m'a fait du bien de prendre une pause et de changer d’environnement un petit moment. Lauriane m’a beaucoup manqué, je suis heureuse d’être de retour et de pouvoir m'entraîner avec elle.

« J’ai pris conscience à son retour à quel point ça me manquait de l’avoir avec moi à l’entraînement. Kelsey me pousse beaucoup et c’était plus difficile sans elle. Je faisais des efforts avec les gars, mais ça reste que c’est différent. Naturellement, je suis dans de meilleures dispositions et plus motivée. »

— Une citation de   Lauriane Genest

J’adore mon sport et j’adore l’entraînement, mais encore un peu plus quand Kelsey est là. C'est toujours plus facile de passer à travers les journées plus difficiles quand il y a quelqu’un avec toi qui te comprend et qui vit la même chose.

Les yeux rivés sur les Jeux olympiques de Paris en 2024, les deux cyclistes caressent encore un vieux rêve.

« Un de nos objectifs, c’est de faire un podium international ensemble dans une épreuve individuelle. Encore mieux, on veut être une à côté de l’autre sur le podium, alors on ne peut pas être 2 et 3. Une doit gagner et l’autre finir 2e ou 3e. »

— Une citation de   Lauriane Genest

On performe bien. Mais souvent, moi, c’est au keirin et elle, au sprint, rarement ensemble. Avoir du succès dans la même course au même moment, de partager ce moment ensemble tout en montrant que le Canada est dominant, c’est un de nos grands rêves.

Oui, ça fait un bout que nous pensons à ça, renchérit Mitchell, qui voit encore plus grand. Accomplir ça en plus aux Olympiques, ensemble, en entendant l’hymne national du Canada, ce serait incroyable!

Un document réalisé par Radio-Canada Sports

Partager la page