Serge Bouchard raconte les aventures de ces 400 hommes qui ont participé à l’expédition sur le Nil. Ils ont été choisis pour leur habileté et leur connaissance de la navigation fluviale.  
 
Le contexte 
Le canal de Suez qui permet aux navires d’aller de l’Europe à l’Asie, sans devoir contourner l’Afrique, vient d’être terminé. Avant, les marchandises devaient être transportées par terre entre la Méditerranée et la mer Rouge. Ce canal est très important pour l’Empire britannique, car il lui assure un passage rapide vers les Indes.  
 
En 1867, le premier navire traverse le canal de Suez. On estime que 1,5 million d’Égyptiens ont participé à la construction du canal. Peu de temps après, Louis Riel, le chef des Métis de l’Ouest se rebelle. Curieusement, ces deux événements sont reliés dans l’histoire. 
 
En 1879, l’Égypte est en faillite parce que le pays doit beaucoup d’argent aux pays européens. Un rebelle, Arabi, prend le pouvoir. Ce nationaliste menace de radier la dette. Le peuple est révolté : 50 Européens sont tués à Alexandrie. Les Anglais répliquent, bombardent la ville. À la tête de l’armée britannique, le général Garnet Wolseley. 
 
De l’Ouest au désert 
Ce militaire de carrière, qui doit ramener l’ordre en Égypte, a déjà vécu au Canada de 1861 à 1870. Il avait été chargé de mater la rébellion des Métis à Fort Garry, qui deviendra Winnipeg. Pour mener l’armée, 1200 hommes, Wolseley engage des voyageurs, ces routiers d’eau, des hommes qui savent voyager sur les voies d’eau. 
 
Douze ans plus tard, Wolseley veut donc défaire les forces d’Arabi. Il mène ses troupes, 40 000 hommes, dans le noir et dans le désert. C’est un Québécois qui guide l’armée jusqu’à Tel al-Kebir et c’est la victoire. Au même moment, il y a une révolte au Soudan, une province au sud de l’Égypte. Le général Gordon est envoyé pour y mettre fin et éradiquer la traite des Noirs par les seigneurs arabes, dans la province du Darfour. Il faut aussi évacuer 50 000 civils, mais surtout protéger le canal de Suez. Le général Gordon est piégé à Khartoum.  
 
Sauver Gordon 
Garnet Wolseley décide de se rendre à Khartoum en remontant le Nil. Un défi considérable. Il fait construire des milliers de petits bateaux. Qui peut piloter les bateaux et faire les portages? Les voyageurs canadiens! Il envoie une demande au gouverneur général du Canada : il veut 400 hommes recrutés à Trois-Rivières, Caughnawa, Ottawa et Winnipeg. 
 
En route vers l’aventure 
L’expédition sur le Nil est célèbre, même si elle se solde par un échec. Il reste que, grâce aux 400 Canadiens, Wolseley mènera ses troupes à Khartoum. Ces voyageurs sont à 50 % anglophones, 50 % francophones. Une centaine sont des Amérindiens. S’ils sont des travailleurs infatigables, ils sont aussi rebelles, bagarreurs et portés sur la bouteille... Si les monuments ne les intéressent pas, ils sont fascinés par les habitants.  

Écoutez l'histoire de Marie Brazeau

Les voyageurs canadiens à l’expédition du Soudan ou 90 jours avec les crocodiles, de Gaston P. Labat, publié à l’imprimerie du Canadien et de l’Événement en 1886. 
Canadians on the Nile, de Roy MacLaren, publié aux Presses de l’Université de la Colombie-Britannique. 

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