Serge Bouchard raconte la vie de la première femme médecin francophone au Québec. Irma LeVasseur aimait tellement les enfants qu’elle leur a sacrifié sa vie. Elle représente aussi le combat des femmes en ce début du 20e siècle.

Une famille originale
Elle est née à Québec le 18 janvier 1878, dans une famille bourgeoise. Sa mère, une Française d’origine, Fédora Venner, est cantatrice. Son père, Louis-Nazaire LeVasseur, qui rêvait de devenir médecin, est journaliste puis rédacteur en chef à L’événement. Féru de musique, il a fondé le septuor Haydn et, en fin de carrière, il a été consul, à Québec, du Nicaragua, du Guatemala et du Chili. Bref, c’est un homme qui a eu une vie bien remplie.

Une affaire impensable
En 1896, après avoir étudié deux ans à l’École normale, Irma LeVasseur rêve de devenir médecin. Mais à cette époque, c’est impossible : la société s’y oppose. Les femmes n’ont même pas accès à l’université. Elle part donc à Saint Paul Minneapolis au Minnesota, une ville encore très francophone. En 1900, Irma LeVasseur est médecin avec droit de pratique aux États-Unis!

La première francophone
Irma LeVasseur revient au Québec en 1903. Grâce à une loi privée, elle obtient le droit de pratique. Les quelques femmes médecins sont confinées à la pédiatrie, à la gynécologie et à l’obstétrique. Heureusement pour elle parce qu’elle est passionnée par la petite enfance. Non sans raison.

Des conditions d’hygiène désastreuses
Un enfant sur quatre meurt avant d’avoir atteint sa première année. Au début du 20e siècle, avec 325 000 habitants, Montréal est en pleine croissance, mais les habitants vivent entassés dans des logements insalubres. « On manque de moyens, mais surtout on manque de sensibilité » : il n’y a aucune infrastructure pour soigner les enfants francophones.

L’urgence de faire quelque chose
Irma LeVasseur est convaincue qu’il faut sauver les enfants. Après deux ans de travail auprès des orphelins, elle part en Europe en 1906 pour se perfectionner et devient chirurgienne et pédiatre. À son retour en 1907, elle ouvre sa clinique au 1644 rue Sait-Denis à Montréal. Puis, elle entre en contact avec Justine Lacoste, la femme de Philippe de Gaspé Beaubien, un riche banquier, qui l’aide à concrétiser ce qui deviendra l’Hôpital Sainte-Justine.

Médecin sans frontières avant l’heure
En 1915, Irma LeVasseur est médecin volontaire. Elle est envoyée dans les Balkans, en Serbie, où une épidémie de typhus fait rage. Cette initiative est dangereuse puisque nous sommes en pleine guerre mondiale. Elle part avec quatre collègues, dont le Dr Albany Paquette. Elle doit immuniser 1000 personnes par jour dans des conditions épouvantables. En plus de prodiguer des soins, elle doit trouver de la nourriture et parfois abattre elle-même des chèvres pour faire du bouillon pour les malades. Le Dr Paquette devenu ministre de la Santé dira : « Irma ne se décourageait jamais. Elle restait stoïque en présence des dangers de la guerre et de la contagion. »

Le retour au Québec
En 1918, elle travaille à Paris pendant deux ans, puis à New York. En 1922, elle s’installe dans sa ville natale. Là aussi, elle achète une maison, avec ses propres économies, qui deviendra l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec. Comme à Montréal, elle ne s’entend pas avec le conseil d’administration. Elle y perd beaucoup d’argent. Cela ne l’empêche pas d’avoir de nouveaux projets, dont une institution pour les enfants infirmes.

[ Écoutez la tribune téléphonique de l’épisode sur Irma LeVasseur du 21 août 2006 » ]

[ Écoutez la tribune téléphonique de l’épisode sur Irma LeVasseur du 2 août 2008 » ]

Écoutez l'histoire de Irma LeVasseur

Musiques diffusées

Docteure Irma : la louve blanche, premier tome de Pauline Gill publié chez Québec Amérique.

Une femme mille enfants, Justine Lacoste Beaubien, de Madeleine Des Rivières, publié aux éditions Bellarmin.

Hyperliens
Bibliothèque et Archives Canada
Innovation Canada