Diffusé le lundi 8 mars 2010
rediffusion 28 mars à 22 h

Jeanne Mance (1606-1673)
Première infirmière laïque de Montréal et fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Elle est considérée comme cofondatrice de Montréal avec Paul de Chomedey de Maisonneuve.

Une enfance pieuse
Jeanne Mance est née à Langres en Champagne dans une famille de la haute bourgeoisie. Enfant, elle fait vœu de chasteté. À 20 ans, elle remplace sa défunte mère auprès de ses frères et sœurs. Puis, elle devient soignante durant la guerre de Trente Ans et lors de l’épidémie de peste, et acquiert ainsi une expérience en soins infirmiers.

Une vocation de missionnaire
À 34 ans, elle décide d’aller en Nouvelle-France évangéliser les Indiens et soigner les malades. Jeanne Mance, en femme intelligente, déterminée et fine stratège, se lie avec des personnes influentes à Langres, à La Rochelle et à Paris, dont Mme de Bullion, qui la soutient moralement et financièrement dans son désir de fonder l’hôpital Hôtel-Dieu et Ville-Marie.

Des débuts héroïques
Le 17 mai 1642, Jeanne Mance fait partie du premier groupe de Français conduit par Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, qui arrive sur l’île. Dans un petit dispensaire, Jeanne Mance soigne les ouvriers qui bâtissent le fort, les soldats et quelques Indiens.

Le premier hôpital
En janvier 1645, elle supervise la construction d’un centre de soins de la petite colonie, l’Hôtel-Dieu. Ce modeste bâtiment abrite six lits pour les hommes et deux lits pour les femmes. Il sera remplacé par un édifice plus grand en 1654.

Une ville à protéger
En 1651, les Iroquois attaquent de plus en plus souvent Ville-Marie. Jeanne Mance ferme l’hôpital et se réfugie avec ses malades dans le fort. Maisonneuve accepte son conseil : rentrer en France et revenir avec du secours. Il ramène 105 soldats, ce qui assure une paix relative pendant quelques années, le temps que Ville-Marie s’enracine.

L’hostilité de Québec
À partir de 1663, la Nouvelle-France subit des changements de gouvernance. Le gouverneur de Québec et Mgr Laval font des pressions, si bien que Maisonneuve est rappelé en France. Ville-Marie est en déroute.

Jeanne Mance demande aux hospitalières d’assurer la direction de l’hôpital, mais elle continue d’assurer l’administration de l’établissement. Cette femme à la fois civilement volontaire et religieusement soumise n’est pas sans irriter certains dirigeants. Elle s’est entourée de femmes remarquables dans son oeuvre, ce qui, à l’époque, n’était pas évident.

Une histoire incomplète
À la fin de sa vie, elle rédige pendant trois ans son testament. Au final, c'est un court document où elle nomme ses exécuteurs testamentaires et où elle lègue ses biens matériels aux religieuses et aux pauvres de l'Hôtel-Dieu. Jeanne Mance est morte le 18 juin 1673 à 67 ans. Elle n'a laissé aucun journal ni correspondance, d'où la difficulté de reconstituer son histoire.

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  • Sa cause de béatification a été introduite en 1959 dans l'archidiocèse de Montréal.
  • On a donné son nom à une école, à une rue, à un parc à Montréal et à une circonscription électorale. On a aussi donné son nom à une école de Drummondville.
  • Deux lycées portent son nom en France : à Langres, sa ville natale, et à Troyes, où elle a découvert sa vocation missionnaire.
  • À Langres, on l'a honorée en 1968 d'une statue de Jean Cardot, placée en face de la cathédrale où Jeanne Mance a été baptisée.
  • Le Musée des hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Montréal présente une exposition permanente sur Jeanne Mance.
  • À voir, le bronze (1909) de Philippe Hébert à sa mémoire devant l'Hôtel-Dieu de Montréal.
  • En 1976, on a donné son nom à l’édifice du ministère de la Santé à Ottawa.
  • On peut voir un vitrail à sa mémoire à l'église paroissiale de La Flèche en France, un dans le pavillon d'entrée de l'Hôtel-Dieu de Montréal, un au sanctuaire Notre-Dame-du-Cap de Trois-Rivières et un autre à la basilique Notre-Dame de Montréal, dans le Vieux-Montréal.
  • L’équipe remercie le Musée des hospitalières de l'Hôtel-Dieu, et particulièrement sœur Thérèse Payer, qui a consacré un temps précieux à répondre à ses questions et à trouver des documents pertinents pour cette histoire.

     


    Bibliographie

    • Jeanne Mance, de Marie-Claude Daveluy, Éditions Fides, collection Fleur de Lys, Ottawa, 1962.

    • Jeanne Mance, de Langres à Montréal : la passion de soigner, de Françoise Deroy-Pineau, Édition Bellarmin, Montréal, 1995.

    • « L’Hôtel-Dieu de Montréal fondé par Jeanne Mance célèbre son 350e anniversaire », de sœur Thérèse Payer, Pierres vivantes, numéro annuel 1991, pages 8-14.

    • Jeanne Mance, de Réal Lebel S.J., collection Ville-Marie, no 7, Éditions Bellarmin, Montréal.

    • Jeanne Mance, fondatrice de l'Hôtel-Dieu, cofondatrice de Montréal, 1606-1673 : les grands moments de l'église canadienne, collaboration de sœur Nicole Bussière, sœur Lucienne Choquet et sœur Thérèse Payer, illustrations de Roland Garel, Éditions du Rameau, Sodifa, Paris, 1988 (bande dessinée)


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