Jeanne Mance (1606-1673)
Première infirmière laïque de Montréal et fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Elle est considérée comme cofondatrice de Montréal avec Paul de Chomedey de Maisonneuve.
Une enfance pieuse
Jeanne Mance est née à Langres en Champagne dans une famille de la haute bourgeoisie. Enfant, elle fait vœu de chasteté. À 20 ans, elle remplace sa défunte mère auprès de ses frères et sœurs. Puis, elle devient soignante durant la guerre de Trente Ans et lors de l’épidémie de peste, et acquiert ainsi une expérience en soins infirmiers.
Une vocation de missionnaire
À 34 ans, elle décide d’aller en Nouvelle-France évangéliser les Indiens et soigner les malades. Jeanne Mance, en femme intelligente, déterminée et fine stratège, se lie avec des personnes influentes à Langres, à La Rochelle et à Paris, dont Mme de Bullion, qui la soutient moralement et financièrement dans son désir de fonder l’hôpital Hôtel-Dieu et Ville-Marie.
Des débuts héroïques
Le 17 mai 1642, Jeanne Mance fait partie du premier groupe de Français conduit par Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, qui arrive sur l’île. Dans un petit dispensaire, Jeanne Mance soigne les ouvriers qui bâtissent le fort, les soldats et quelques Indiens.
Le premier hôpital
En janvier 1645, elle supervise la construction d’un centre de soins de la petite colonie, l’Hôtel-Dieu. Ce modeste bâtiment abrite six lits pour les hommes et deux lits pour les femmes. Il sera remplacé par un édifice plus grand en 1654.
Une ville à protéger
En 1651, les Iroquois attaquent de plus en plus souvent Ville-Marie. Jeanne Mance ferme l’hôpital et se réfugie avec ses malades dans le fort. Maisonneuve accepte son conseil : rentrer en France et revenir avec du secours. Il ramène 105 soldats, ce qui assure une paix relative pendant quelques années, le temps que Ville-Marie s’enracine.
L’hostilité de Québec
À partir de 1663, la Nouvelle-France subit des changements de gouvernance. Le gouverneur de Québec et Mgr Laval font des pressions, si bien que Maisonneuve est rappelé en France. Ville-Marie est en déroute.
Jeanne Mance demande aux hospitalières d’assurer la direction de l’hôpital, mais elle continue d’assurer l’administration de l’établissement. Cette femme à la fois civilement volontaire et religieusement soumise n’est pas sans irriter certains dirigeants. Elle s’est entourée de femmes remarquables dans son oeuvre, ce qui, à l’époque, n’était pas évident.
Une histoire incomplète
À la fin de sa vie, elle rédige pendant trois ans son testament. Au final, c'est un court document où elle nomme ses exécuteurs testamentaires et où elle lègue ses biens matériels aux religieuses et aux pauvres de l'Hôtel-Dieu. Jeanne Mance est morte le 18 juin 1673 à 67 ans. Elle n'a laissé aucun journal ni correspondance, d'où la difficulté de reconstituer son histoire.
L’équipe remercie le Musée des hospitalières de l'Hôtel-Dieu, et particulièrement sœur Thérèse Payer, qui a consacré un temps précieux à répondre à ses questions et à trouver des documents pertinents pour cette histoire.