Serge Bouchard raconte l’histoire de Gros Ours, chef traditionnel des Cris des plaines, à l’époque de la rébellion du Nord-Ouest dans la future Saskatchewan.

Un chasseur guerrier
Mistahi-Muskwa (Gros Ours) est né en 1825. Il est mieux connu sous le nom de Big Bear, mais il n’a jamais parlé anglais. Il serait d’origine ojibway, mais a été élevé par une tribu de Cris des plaines. Durant la jeunesse de Gros Ours, l’Ouest est un vaste territoire avec des hordes de bisons, habité par plusieurs tribus qui s’affrontent régulièrement. L’hiver, Gros Ours est un chasseur-trappeur lié à la Compagnie de la baie d’Hudson. L’été, il chasse le bison. Il appartient donc à une culture guerrière.

Un homme d’influence
Gros Ours est un homme qui a des visions, autant politiques que des hallucinations... Il participe à de nombreuses guerres, dont celle célèbre de la rivière Ventre, et acquiert ainsi un statut de chef. Il faut savoir que les chefs chez les Algonquiens, contrairement aux Blancs, ne cherchent pas à imposer leur autorité, mais plutôt à être suivis. Gros Ours est reconnu pour son éloquence, sa présence et son charisme.

La fracture
À compter de 1870, les bisons disparaissent. L’extinction du bison marque la fin du mode de vie traditionnel des Indiens de l’Ouest. C’est l’anarchie entre les diverses sociétés amérindiennes qui s’entretuent pour avoir accès aux désormais maigres troupeaux de bisons. Enfin, il y a les épidémies qui déciment les populations. La petite vérole est un terrible fléau, d’autant plus que cette maladie marque les visages.

Les Blancs commencent à pénétrer les plaines de l’Ouest. En 1871, c’est le début de la signature des traités qui attribuent au gouvernement fédéral de vastes étendues de terres dans le nord-ouest de l’Ontario, dans les Prairies et dans le Nord canadien dépouillant les nations amérindiennes et les Métis au profit de la colonisation blanche et de l’implantation d’industries.

Au nom de la dignité
En 1874, Gros Ours fait partie des chefs de l’Ouest à qui on envoie des fonctionnaires pour négocier. Il refuse les cadeaux et ne signe pas le traité qui revient à céder les droits ancestraux de son peuple. Il devient populaire auprès des guerriers, toutes nations confondues. Le 8 décembre 1882, Gros Ours et les siens sont affamés. Il signe, mais il refuse de choisir une réserve. Il demeure un fauteur de troubles jusqu’à son arrestation en 1885.

Un visionnaire
Gros Ours est mort en 1888 seul et abandonné de tous dans la réserve de Poundmaker. Comme Pied-de-Corbeau, Gros Ours est un chef qui a tout perdu au cours de sa vie. Comme Pontiac et Tecumseh, il a rêvé d’un grand pays indien autonome à l’intérieur du Canada.

Écoutez l'histoire de Gros Ours

Musiques diffusées

William Cameron, The War Trail of Big Bear. Cet ouvrage a été publié en trois éditions entre 1926 et 1930, puis une édition révisée fut publiée en 1950 sous le titre de Blood red the sun, Calgary, Kenway Pub. Co.
Big Bear, la révolte, un roman de Jacques Julien, Éditions Triptyque.

Hyperliens
Alberta Online Encyclopedia
Patrimoine militaire canadien