Serge Bouchard raconte la vie d’Isabelle Montour, une Métisse née au Québec au 17e siècle. Femme d'une rare intelligence et d'une grande beauté, c’est un personnage marquant de la jeune histoire des États-Unis.

Une Métisse algonquine-française
Élizabeth Couc est née en 1667 à Trois-Rivières. Son père, Pierre Couc,  originaire de Cognac, fait partie des premiers colons. Sa mère Marie est une Algonquine. En 1676, la famille s’installe à  Saint-François, de l’autre côté du fleuve. En 1679, Jeanne, l’aînée des enfants, est violée et tuée par un dénommé Rattier, employé du seigneur Jean Crevier. Cette tragédie illustre le mépris des Blancs envers les Métis. Élizabeth a 12 ans et elle n’oubliera jamais l’incident.

De Couc à Montour
C’est le frère d’Élizabeth, Louis, qui adopte le nom de Montour au moment de faire baptiser ses enfants. En 1687, Élizabeth est devenue Isabelle et elle épouse Joachim Germaneau, un coureur des bois beaucoup plus vieux qu’elle. Ses sœurs aussi marient des coureurs des bois. Les hommes se connaissent et font des affaires ensemble.

Une femme désirée
En 1692, Isabelle Germaneau et ses deux sœurs déménagent dans la région de Michillimackinac, le poste stratégique entre le lac Huron et le lac Érié, alors gouverné par Lamothe-Cadillac. En 1693, le mari d’Isabelle disparaît dans les bois : elle est veuve à 26 ans. Isabelle est très belle et mène une vie libertine. Lamothe-Cadillac la fait arrêter et la retourne à Québec.

Un coup d’éclat
À Québec, Isabelle Montour est enlevée par un chef indien Ottawa, Outoutagan, un très bel homme, qui la ramène à Michillimackinac. Ils s’épousent. C’est à partir de ce moment, en 1697, qu’Isabelle devient interprète : elle parle algonquin, huron et iroquois, ce qui est unique. Vers 1701, elle se sépare et épouse un soldat français : elle devient La Téchenet et part s’installer à Detroit.

Le début d’une saga
Étienne de Maubourg, venu de France pour inspecter la colonie de Cadillac, devient le nouvel amant d’Isabelle qui a près de 40 ans. Pendant ce temps, Louis Montour fait la traite des fourrures avec les Anglais qui veulent percer à l’ouest. Il est très puissant. À Detroit, beaucoup de gens désertent pour le suivre, y compris Isabelle et Étienne.

Les Français partent à leur poursuite. Ils ne les retrouvent pas, mais leur tête est mise à prix. En 1709, Louis Montour est assassiné par le soldat Joncaire sur ordre du gouverneur Vaudreuil.

Une mère de clan
Isabelle prend la relève de son frère. Après avoir confié sa fille à ses sœurs à Trois-Rivières, elle retourne à Albany. Elle s’installe chez les Iroquois. Elle devient une Oneida et adopte définitivement le nom de Montour. Elle épouse le chef Carondowana de qui elle est très amoureuse. Elle est une diplomate qui participe à toutes les conférences importantes. Méprisée par les Français, elle est fort respectée par les Anglais. Elle perpétue ainsi la légende de son frère Louis.

Une grande menteuse
Pendant sa vieillesse, son fils Andrew parvient à lui obtenir une grande maison de pierres. Elle reçoit beaucoup et se plaît à raconter sa vie, mais en inventant toutes sortes d’histoires! Voilà pourquoi il y a des passages qui demeurent inconnus dans cette vie peu banale. En 1752, Isabelle Montour meurt à 85 ans. Elle a laissé une importante descendance métisse du nom de Montour.

[ Écoutez la tribune téléphonique de l’épisode sur Isabelle Montour » ]


Écoutez l'histoire d'Isabelle Montour

Musiques diffusées

Madame Montour et son temps, de Simone Vincens, publié chez Hébert publications.

Madame Montour, White Queen of the Iroquois, par George G. Struble, publié au Lebanon Valley College.

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