SAM
SHALABI
diffusé le 30 septembre 2001
Hélène
Prévost : Tu es né en Égypte, tu viens au Québec pendant 10
ans et là tu t'en vas à l'Île-du-Prince-Édouard à ce moment-là,
après le Québec?
Sam
Shalabi : Non, parce que ma famille n'habite pas à l'Île-du-Prince-Édouard
et pour moi, il n'y a pas de raison de retourner. J'aime beaucoup
la musique dans l'Est, la qualité, les choses comme ça, mais pour
la musique improvisée ou plus expérimentale, c'est très difficile.
Quand j'étais adolescent et quand j'ai commencé à jouer du punk
et du hard-core, des choses comme ça, c'est très très difficile.
Maintenant c'est différent. Pour moi, Québec c'est meilleur, il
y a plus un mélange . . .
H.P. : Est-ce que tu as eu une éducation classique en musique?
S.S.
: Non, jazz performance.
H.P.
: Dès le début? Tu as appris le oud plus tard ou jeune?
S.S. : Oui. J'ai commencé à jouer, la première musique que
j'ai joué c'était punk, des choses comme ça, mais après j'ai commencé
à écouter de la musique classique, jazz et plus expérimentale et
improvisée et après un certain temps, j'ai commencé à jouer ou écouter
des musiques bebop ou classique jazz, mais c'est très difficile
de jouer dans l'Île-du-Prince-Édouard parce qu'il n'y a pas beaucoup
de personnes. Après, j'ai étudié en Nouvelle-Écosse et j'ai commencé
à jouer du jazz straight et quand j'ai essayé de jouer des musiques
plus traditionnelles jazz… mais pour moi la mentalité de jazz traditionnel,
ce n'est pas la musique, c'est plus des musiciens, c'est très straight
aussi un peu dogmatique. Après un an, j'ai arrêté de jouer la musique,
mais commencé à jouer d'autres choses "noise", expérimental.
H.P.
: Le Shalabi Effect dont on va présenter le concert ce soir est
formé d'Alexandre St-Onge, Anthony Seck, Will Eizlini et Sam Shalabi.
On dit que c'est un des principaux groupes "underground" de Montréal
(c'est ce que les journaux disent ces dernières années) et d'autre
part, vous considérez que c'est un projet pop. Comment concilier
les deux? Comment interpréter l'aspect pop de ce projet-là?
S.S.
: Je pense que parmi tous les groupes où je joue, c'est plus improvisé
et aussi dans le Shalabi Effect, mais dans le groupe comme Détention
où c'est plus jazz ou free jazz, les harmonies, le rythme, c'est
plus atonal. Mais dans Shalabi Effect, il y a des harmonies aussi,
il y a des rythmes, mais la musique est toute improvisée et je pense
que pour les gens ou les personnes qui entendent le groupe, c'est
facile d'utiliser les éléments d'avant-garde ou électro-acoustiques
ou improvisés. Dans le groupe comme Détention ou les duos avec Alexandre,
c'est plus difficile…
H.P.
: Plus fracturé. Il y a plus de coupures.
S.S.
: Oui, exactement. Je pense parce qu'il y a des drones, des notes
plus consonnantes et des rythmes plus stables. C'est plus facile
pour les gens. Le mot pop ou les idées pop pour moi c'est quelque
chose plus inclusif. Ce groupe, il n'y a aucune "conscious decision".
C'est comme un spasme, chaque personne fait très librement.
H.P.
: C'est un collectif, c'est important. Je pense que tu y tiens même
si ça porte ton nom, ça s'appelle Sam Shalabi, mais le mot effect
peut-être change tout. J'écoutais la musique et je lisais sur toi
et je me disais, il y a quelque chose qui est associé à Sam Shalabi
et que le groupe s'appelle le Shalabi Effect, il y a une signature,
il y a un style peut-être, un esprit qui ne t'appartient peut-être
pas à toi tout seul. C'est clair que tu veux partager parce que
tu dis que le travail se fait en groupe, chacun apporte ses idées
et il n'y a pas de chef dans ça, mais il y a quelque chose qui vient
de Sam Shalabi.
S.S.
: Oui, mais ce n'est pas moi qui a choisi le nom, c'est Anthony,
le guitariste, mais quand le groupe a commencé c'était un duo, c'était
Anthony et moi juste la guitare et le oud. Les idées originellement
c'était d'incorporer les choses psychadéliques parce que Anthony,
il vient plus du monde du rock, des garages, des choses psychadéliques
et moi plus des musiques arabes ou improvisées. C'était les idées
à l'origine et quand le groupe était un duo, je pense que mon influence
était plus apparente dans le groupe, mais après Will, premièrement
et après Alexandre qui ont rejoint le groupe, je pense qu'ils ont
influencé le groupe, mais aussi Anthony. Et maintenant c'est un
collectif, un vrai collectif. Le son du groupe, je pense est la
seule chose… c'est une signature, c'est le drone ou le transe ou
les choses psychadéliques ou les choses arabes, mais c'est juste
la base.
H.P.
: Dans quelques instants, ce sera le concert que le groupe donnait
à Victoriaville en mai 2001. Sam nous parle, dans quelques instants,
du prochain CD que le groupe est en train de préparer .
S.S.
: C'est plus électroacoustique, plus expérimental. Il n'y a pas
d'harmonie.
H.P.
: Quand tu parles d'harmonie dans ce contexte-là, tu ne parles pas
d'un accord de trois sons. Est-ce que tu parles vraiment d'une harmonie?
(Like a chord?)
S.S.
: Oui, parce que c'est le premier album, mais l'harmonie dans la
musique dron ou tran ou psychadélique c'est différent de l'harmonie
des choses comme rock ou country ou classique. Pour moi, l'harmonie
dans ce groupe c'est le drone. Il n'y a pas de chord, c'est progressif,
mais dans l'harmonie arabe ou indienne ou psychadélique ou cult
rock ou transe ou les choses comme ça, l'harmonie c'est plus statique.
Il y a une harmonie, mais ce n'est pas une harmonie comme . . .
H.P.
: Vertical, comme des accords, c'est presque une harmonie horizontale?
S.S.
: Oui. Dans le prochain album, il n'y a pas d'harmonie comme le
premier album, il n'y a pas beaucoup de drone ou de transe, mais
c'est plus électroacoustique, c'est très psychadélique. Je pense
qu'un aspect de la musique psychadélique, c'est plus étrange, c'est
plus sombre.
H.P. : Comment tu définis psychadélique en 2001? Qu'est-ce
que c'est psychadélique maintenant, parce que c'est un terme qui
vient des années 1970?
S.S.
: Oui, c'est un mot que j'aime beaucoup parce qu'il y a des choses
imaginatives et aussi il y a des choses très kitch. Pour moi, ce
n'est pas "flashy". "It seems to be a shorthand for something that
applies . . . it's a quality that applies to so many different kinds
of music and it also has a very in a way pragmatic, you know, kitch
element to it, because people associate with a very particular period
in time... "
H.P.
: Pour Sam Shalabi, le terme est en fait une qualité qui s'applique
à plusieurs genres de musique et on a tendance à retenir plutôt
l'aspect kitch relié aux années 60 et aux années de consommation
de drogues. Pour Sam Shalabi, par exemple, Cecil Taylor est psychadélique.
Dans son expérience, ce qui est intangible, est psychadélique puisque
vos perceptions sont altérées. Dans ce sens, beaucoup de musiques
improvisées sont psychadéliques et pour lui, en musique ce qui dure,
c'est l'indéfinissable, les éléments intangibles et le terme "psychadélique"
leur convient tout à fait. En terminant, est-ce que tu peux nous
présenter les musiciens, nous dire ce qu'ils jouent pendant le concert
de Victoriaville.
S.S.
: Pour ce spectacle, c'était Alexandre St-Onge, contrebasse, électronique
et la voix aussi, Will Eizlini, au tabla, percussions, électroniques
et les rubans (tapes), Anthony Seck à la guitare électrique et au
moog keyboard et moi, Sam Shalabi à la guitare électrique, oud,
guitare préparée, électroniques et aussi les rubans (tapes). Transcription
: Carole Legault
transcription
: Carole Legault
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