LA NAISSANCE DE LA RADIOVISION A RADIO-CANADA

Le 17 janvier 1999, Le Navire «Night» radiodiffusait un concert en direct du Studio 12 : les ensembles "Undo" et "Les Impromptistes", installés dans les entrailles de la Maison de Radio-Canada.

La diffusion internet du concert était assurée par les technologies Real Audio et Real Video. C'était une toute première diffusion de ce genre à la Chaîne culturelle, "webcast" pour toutes les castes, à la fois sous forme d'image vidéo et de sons radiodiffusés.

Cette forme de diffusion propose sans doute un questionnement quant à la nature même du médium radio. Pour la première fois dans l'histoire de Radio- Canada, on a pu observer, en direct, l'image des animateurs, des artistes et du public participant à une émission radiophonique. Cette technique permettant de présenter l'image vidéographique d'un concert radiophonique fut baptisée, par notre équipe, la radioVision.

La Radiovision! en RealVideo

La Radiovision permet à l'auditeur d'alterner entre l'écoute radiophonique traditionnelle - distraite ou captive - et l'écoute radiophonique radiovisuelle accompagné de l'image, à la réinterprétation du geste sonore grâce à la transmission vidéo en direct.

Elle dévoile des fragments du faire radiophonique, réincarne les voix anonymes, fait chuchoter l'image des instruments de concerts, dévoile les techniques de jeux inédits des musiciens.

La Radiovision est un témoignage du savoir-faire radiophonique. Elle saisit, sous un jour nouveau, les actions de production radio, les comportements en ondes ou hors-micros, évoque l'espace physique des lieux du studio.

La Radiovision ne remplacera jamais la Radio, elle est sa sœur siamoise et explore la forme et l'informe de la radio actuelle. On y fait appel, lorsque désiré.

La Radiovision est une forme hybride, une radio inédite où le son voyage à travers l'image, où l'auditeur peut fermer les yeux, aller regarder vers l'intérieur du son puis, lorsque le son demande à l'oeil de s'activer, de comparer l'image virtuelle interne avec l'image de la téléprésence radiophonique.

L'auditeur peut être voyeur ou simple écouteur, peut se laisser bercer par le son ou satisfaire sa curiosité et, si si la cornée le démange, il peut savoir ce qui se passe, ce qui s'y passe, dans cet atelier des artisans radiophoniques.

La Radiovision propose une nouvelle forme d'intimité radio, l'animateur ou le musicien in, off, dans le cadre, ou hors-champ. Plan américain, radio française. Intersubjectivité de l'image, contemplation externe du son. Et toutes les images... La Radiovision peut faire des gros plans sur les sources des matières sonores ou verbales, elle transmute la sensibilité radiophonique traditionnelle et permet une relecture de l'événement sonore. Cette Radiovision est sans doute une nouvelle forme de sensibilité radiophonique.

Que vous soyez d'accord ou en désaccord, il serait intéressant de recueillir vos commentaires à ce sujet. Ecrivez-nous .

Nous ne pouvons que remercier tous ceux et toutes celles qui ont permis la réalisation de cette première. Le répertoire musical couvert par le Navire «Night», constitué de musiques exploratoires, articulées par des pensées musicales inhabituelles, se prête particulièrement bien à cette expérience. La lutherie artisanale d'Undo ou les manipulations des panneaux acoustiques des Impromptistes était sans doute d'un intérêt singulier pour les «radiovisionneurs».

L'equipe était constiuée de : Pierre Bélanger, Philippe Patrice, Marie-Hélène Comeau, Martine H. Crispo, Hélène Prévost, Éric Létourneau et de toute l'équipe des techniciens du Studio 12. Merci à vous!

Eric Létourneau