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Table ronde
Lundi 1er mai 2006
TABLE RONDE
Une image est marquante lorsqu'elle est chargée de sens et raconte l'histoire. En même temps, notre vision a tendance à devenir plus embrouillée à cause de la quantité des images, des paradoxes qu'elles véhiculent : une image en efface une autre.  
 
À notre époque que nous avons nommée « ego.com », chacun s'approprie son image qui définit son individualité. L'image peut changer le monde en fonction de l'idée qu'elle crée et de sa circulation. Par les médias, une image peut appartenir à tout le monde 
 
L'image a connu beaucoup de mutations depuis le 19e siècle : la peinture, la photo, le cinéma, la télévision puis, aujourd'hui, l'image virtuelle. Selon Patrick Beauduin, la surenchère technologique a fait que l'image a perdu sa préciosité, elle appartient à tout le monde. Tout le monde fabrique de l'image. « Est-ce que l'image n'est pas aujourd'hui le contenu primaire avant de parler du mot, avant de parler d'écriture? »  
 
Pierre Thibault pour sa part souligne le fait que l'image, qui était un marchepied pour accéder au réel, a tendance, aujourd'hui, à s'y substituer : « l'image ce n'est plus un accès au réel, c'est le réel ». Selon lui, cette substitution et sa multiplication font qu'elle entretient un mensonge sur la réalité. Elle doit ainsi être de plus en plus rapidement remplacée. Tout devient aplani par la multiplication des images.  
 
Pour Lise Bissonnette, l'image joue un rôle pédagogique de premier plan en plus d'avoir été au centre de la démocratisation de la culture. L'image doit être utilisée pour aider à comprendre. Selon elle, l'image a aidé à amener les arts visuels dans la conscience collective. Même si les frontières sont difficiles à trouver entre l'art et la rue, l'idée de l'image n'est plus réservée à une élite. Il y a toutefois un effet pervers, car la forme a pris le dessus sur le fond. Il ne faut surtout pas que l'image remplace les mots.  
 
La vie en rose 
L'image fétiche de Lise Bissonnette en est une fabriquée: l'image de la page couverture de l'édition spéciale qui commémore les 25 ans de la revue La vie en rose. Un croisement entre la photo de Marylin Monroe dans le film Sept ans de réflexion, symbole du star system américain, et de la femme avec la burka. Selon elle, la femme est le sujet de la mutation sociale du dernier siècle et cette image illustre le paradoxe d'une évolution qui a cours. (Image : conception : La Vie en rose, photo : Suzanne Langevin, en coédition avec Les Éditions du remue-ménage)  
 
 
De jeunes enfants militaires 
Pour Pierre Thibault, une image de jeunes enfants militaires est symptomatique de notre époque de totalitarisme, dominée par l'endoctrinement. Façonner des êtres, fragiles et malléables comme des enfants, à travers une idéologie. C'est une image qui parle la peur de l'autre. (Photo critiquée par Pierre Thibault, source : www.israel-wat.com/q6_eng.htm)  
 
La chute du mur de Berlin 
L'image qui a marqué Patrick Beauduin est liée à son histoire personnelle. Il a été frappé par la chute du mur de Berlin. Il explique qu'en tant que Belge, il a grandi dans la haine de l'Allemagne. La chute du mur de Berlin marque la fin d'une époque : « On arrête la haine et une nouvelle Europe se reconstruit ».  
(Image : La chute du mur de Berlin (1989) de Robert Wallis © www.sipa.com) 
 
 


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Vos commentaires
Qu'en pensez-vous?
1 mai 2006 - Bonjour ! 
 
Quelle drôle de bonne idée de parler de l'image  
Une initiative qui soulève beaucoup de questions. Je vous écoute de mon atelier, j'entend Madame Bissonnette parler d'oeuvres d'arts. Je suis une artiste en arts visuels et il y a belle lurette que je me demande où sont les arts visuels dans le monde des médias. À la radio, on nous parle de théâtre, de cinéma, on nous fait des analyses d'images, on nous parle de vin , d'odeur de parfum, de nourriture, mais à peu près jamais d'arts visuels.  
 
Peut-être que cette maudite phrase une image vaut mille mots, nous a rendu paresseux. 
Peut-être qu'on a pas encore trouvé la façon simple et ludique d'en parler. On a peut-être la fausse impression que l'art visuel est réservé aux initiés. Peut-être que les artistes en arts visuels ne sont pas assez charismatiques et médiatiques ( à part Armand Vaillancourt bien entendu ).  
 
Même à la télévision et dans les journaux, les arts visuels sont pratiquement absents, alors que c'est une des formes d'art les plus accessible.... les galeries d'art sont gratuites et les Musées ont souvent de journées ou des salles gratuites.  
 
Ça me fait penser...avez-vous eu l'occasion de voir les petites capsules diffusées sur TV5 au cours de laquelle une comédienne nous parle du carré noir sur fond blanc de Malévitch et ou une humoriste nous décrit une magnifique oeuvre du non moins merveilleux Matisse. Ça dure une minute et c'est assez pour nous faire saliver des yeux et avoir envie de voir les oeuvres. 
 
Je continue à vous écouter et à me poser des questions. J'espère avoir un jour l'occasion d'entendre quelqu'un nous communiquer le simple plaisir de regarder.  
 
Aline Martineau 
 

Aline Martineau
Québec
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1 mai 2006 -  
L’icône est la sacralisation de l'image, et qui peut mieux représenter cette icône des 25 dernières années que la Madonne elle-même. Madonna, et toutes les images qui la représentent, concourent à définir la fin du dernier siècle et le début de celui-ci. Du sujet à l’objet (nous sommes à la fois consommateur et objet de consommation - nous devons continuellement nous vendre). D’objet à sujet (plus que personne elle représente le passage de la femme soumise (objet à la merci de l’homme) à la femme émancipée responsable de son propre destin (sujet agissant). 
 
Elle représente à la fois la fin du patriarcat comme dirait Castells, et l’assumation de la femme dans toute sa complexité comme dirait Touraine. De Material Girl à la gentille maman en passant par la libération sexuelle avec Erotik, une simple image de Madonna représente le principal changement, comme le soulignait Lise Bissonnette, qu’a connu, non pas notre société, mais l’humanité, soit la définition de la femme comme sujet et non plus comme objet.
daniel Gill
Montréal
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1 mai 2006 - Bonjour 
 
Avant de découvrir cette voie dédiée spécifiquement à la table ronde du jour, je vous ai fait parvenir un commentaire via votre messagerie régulière. Pour m’assurer que mon message atteigne la bonne cible, je réitère et signe… 
 
« Je viens tout juste d'entendre les propos élogieux, sur l'importance de l'image, de Mme Bissonnette. Il serait intéressant de lui demander pourquoi donc il est interdit aux usagers, de prendre des images à l'intérieur de la Grande bibliothèque? 
 
Il y aurait un grand débat à faire sur « le droit à l'image », dans notre société... »  
 
Et j’ajoute… Quelques questions parmi tant d’autres. 
 
À quel genre d’image de notre société, de nos institutions publiques, aurons-nous accès dans le futur? De quelles images les Grandes Bibliothèques de ce monde, seront-elles les gardiennes? Des images qui refléteront la vision dictée par nos grands dirigeants ou celles qui refléteront vraiment la vision et la perception de citoyens vivant dans un pays de libre expression?
Michel Paquette
Montréal

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