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Le racisme dans la santé : un enjeu réel aux impacts majeurs pour les Autochtones

Une femme tient le portrait de Joyce Echaquan et une chandelle.
Quelques centaines de personnes ont tenu une veillée à la chandelle en l'honneur de Joyce Echaquan, mardi soir, près de l'hôpital de Joliette, où cette femme autochtone est décédée dans des circonstances troubles.PHOTO : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Publié le 1 octobre 2020

La mort tragique de Joyce Echaquan a récemment suscité une vague d'indignation. Les Manitobains se souviennent quant à eux de la mort de Brian Sinclair aux urgences du Centre des sciences de la santé de Winnipeg en 2008. En tant que sage-femme métisse francophone, Nathalie Pambrun peut témoigner du traitement réservé par le système de santé aux personnes autochtones, souvent « victimes de préjugés, de racisme, de stéréotypes », déplore-t-elle.

Nathalie Pambrun, qui est aussi présidente de l’Association canadienne des sages-femmes, indique que « les femmes sont particulièrement touchées » par le racisme en santé. « Plusieurs femmes autochtones ont vécu des situations traumatisantes », signale-t-elle. « On a vu en Saskatchewan il y a quelques années la stérilisation de femmes autochtones, qui ont été poussées par le personnel médical à accepter de subir la ligature des trompes après leur accouchement », raconte-t-elle, en ajoutant « que ce n’est pas un cas isolé ».

Ces violences entraînent chez les femmes autochtones « une véritable méfiance envers le système », de sorte qu’elles réduisent leur recours aux professionnels de la santé au « strict minimum », souligne Nathalie Pambrun. Dès lors, poursuit-elle, elles n’obtiennent ni diagnostic, ni traitement, et leur état s’aggrave. Trop souvent, les soignants ne peuvent intervenir que lorsque la situation est critique.

« On voit des taux de mortalité maternelle et infantile qui sont plus élevés parmi les Autochtones. Le taux de mortalité infantile autochtone est de deux à quatre fois celui des nourrissons blancs. »

— Une citation de  Nathalie Pambrun, présidente de l'Association canadienne des sages-femmes

Nathalie Pambrun déplore l’« évitement », le « silence » et « un réel aveuglement volontaire […] quant au racisme dans le système de santé […] au Canada ». À cet égard, colliger des données raciales contribuerait à éveiller la population et à « détruire ce mythe persistant que le racisme n’existe pas dans notre pays », affirme-t-elle.

« Parler du racisme, c’est inconfortable, mais il faut le faire », martèle-t-elle, en racontant avoir été « en choc réel quand François Legault a nié le racisme dans le système de santé au Québec ».

La sage-femme croit que la solution au racisme dans le système de santé passe par la représentation des populations autochtones au sein des professionnels de la santé. Une telle diversité permettrait selon elle d’accompagner les patients de manière plus sécuritaire et de revoir les politiques existantes.

« Si ce n’est pas l’individu, c’est souvent les forces structurelles qui perpétuent le racisme et les disparités raciales dans les soins de santé », souligne Nathalie Pambrun, en donnant comme exemple les politiques qui obligent les femmes autochtones à sortir de leur communauté pour accoucher, ce qui les sépare de leur famille.

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