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Le pouvoir politique de la science

Horacio Arruda regarde François Legault qui parle lors d'une conférence de presse.
Les Québécois sont désormais habitués à voir le premier ministre, François Legault, accompagné du directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda.PHOTO : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Publié le 8 mai 2020

À quel point les décisions de nos dirigeants sont-elles basées sur les avis des scientifiques? Plus qu'on pourrait le croire, selon le professeur de science politique Éric Montpetit.

C’est clair que la science a beaucoup d’influence ces jours-ci. C’est très visible, mais elle a souvent de l’influence, dit-il. Ce n’est pas que dans les circonstances actuelles qu’elle est influente.

Éric Montpetit précise que, dans toutes les décisions nécessitant des connaissances techniques, que ce soit en matière de santé publique ou de protection de l’environnement, le gouvernement consulte des scientifiques.

« Il y a toujours des scientifiques qui prennent part aux décisions. Ça ne veut pas dire que ce sont eux qui décident, mais leurs connaissances sont prises en considération. »

— Une citation de  Éric Montpetit, professeur de science politique à l'Université de Montréal

Selon Éric Montpetit, cette présence de la science derrière les décisions politiques s’observe dans plusieurs pays. Pourquoi, alors, les gouvernements du monde entier ne réagissent-ils pas tous de la même façon à la pandémie de COVID-19? Le professeur explique que les connaissances scientifiques se construisent sur des observations. Or, les observations sur le coronavirus se font au moment même où des décisions doivent être prises. Les informations qui en ressortent sont donc plutôt incertaines, d’où le manque d’unanimité dans les recommandations des scientifiques.

Les biais du scientifique en chef vont aussi avoir une certaine influence, ajoute Éric Montpetit. Certains scientifiques en chef vont peut-être avoir une propension à prendre des risques plus élevée que d’autres. Et ça peut expliquer pourquoi certains scientifiques proposent une chose alors que, dans un autre pays, le scientifique en chef propose une autre chose.

Que serait-il arrivé si le gouvernement du Canada avait été conservateur plutôt que libéral? Éric Montpetit croit que la réponse du pays à la pandémie aurait été la même. Il cite l’exemple de l’Ontario, qui a pris des mesures de confinement, même si le gouvernement est conservateur. Le premier ministre Doug Ford semble, lui aussi, très docile face aux conseils de son directeur de la santé publique, observe-t-il.

Éric Montpetit estime que les décideurs ont très peu de marge de manœuvre en ce moment : Vers qui d’autre peuvent-ils se tourner? Je pense qu’ils n’ont absolument pas le choix de faire confiance à la personne qu’ils ont choisie pour les accompagner en matière de santé publique.

Il fait remarquer que, lorsque le président américain, Donald Trump, prend des libertés, il se fait tout de suite rappeler à l’ordre. C’est certain que ça regarde mal pour un dirigeant de se faire rappeler à l’ordre par son chef de la santé publique, souligne-t-il.

Éric Montpetit ajoute toutefois que cette présence des scientifiques auprès des gouvernements ne signifie pas que les considérations politiques n’entrent pas en ligne de compte dans la prise de décisions. Il rappelle que le premier ministre du Québec, François Legault, a récemment changé son discours concernant l’immunité collective.

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