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L'homme et son image

Radio-Canada

« Je suis le commandant en chef. Vous voyez, je n'ai pas besoin d'expliquer. Je n'ai pas à expliquer pourquoi je dis certaines choses. C'est l'aspect intéressant du poste de président. Quelqu'un me doit peut-être des explications quand il dit quelque chose, mais je n'ai pas l'impression de devoir une explication à quiconque. »
janvier 2003

Rarement un chef d'État américain a-t-il soulevé autant de passions, chez lui comme à l'étranger. Les qualificatifs pour dépeindre l'homme le plus puissant du monde n'ont pas manqué: « poids plume intellectuel », « champion de la peine de mort », « allié de l'industrie pétrolière », « partisan de l'unilatéralisme », « fondamentaliste religieux », « dyslexique », accusent les uns, et « conservateur compatissant », « leader du monde libre », « politicien moral », « élu de Dieu », rétorquent les autres.

La lune de miel du 11 septembre

« Dans notre peine et notre colère, nous avons trouvé notre mission et notre moment. »
septembre 2001

Lorsque George W. Bush est arrivé au pouvoir, en janvier 2001, les électeurs américains, qui avaient voté pour le démocrate Al Gore dans des proportions à peine plus grandes, sont restés divisés. Les événements du 11 septembre 2001 ont permis au président, dont la légitimité était jusqu'alors contestée, de redéfinir complètement sa relation avec les Américains. Sentant sa sécurité menacée, le peuple américain s'est soudé derrière celui qui se décrivait lui-même comme un « président de guerre ».

Pour un temps, ceux qui ont osé critiquer George W. Bush ont essuyé des reproches, se faisant même traiter de traîtres. Pendant plusieurs mois, même les médias et les démocrates louangeaient le président et chef des armées, dont la popularité a atteint des sommets quasi inégalés. Rares sont ceux qui se sont opposés à la guerre en Afghanistan, puis en Irak, même parmi les démocrates.

Une opinion publique à nouveau divisée

Mais, à l'aube de l'élection présidentielle, George W. Bush ne fait plus l'unanimité. On l'adore ou on le déteste. Il a cependant cessé d'être « Junior ».

George Bush père

Petit-fils de sénateur, fils de président, il a réussi à se faire un prénom, et même une initiale. Malgré sa fortune, celui qu'on a surnommé « W », ou Dubya (prononciation texane de son initiale), réussit à donner l'image d'un homme simple et accessible, dans lequel l'Américain moyen se reconnaît. Il tranche avec les politiciens traditionnels — des intellectuels de l'élite qui ont beaucoup voyagé et dont l'expérience de vie diffère grandement de celle des électeurs.

D'un naturel optimiste, il est reconnu pour son sens de l'humour. Il est direct et défend ses convictions. Autre trait de caractère distinctif: un patriotisme maintes fois mis de l'avant. Tout cela plaît à ses partisans. Selon un sondage réalisé par Times/CNN, les républicains le décrivent comme un homme « décidé », « déterminé » et « fort ». Un sénateur démocrate de Georgie, Zell Miller, compare même George W. Bush à l'ancien premier ministre britannique Winston Churchill (1940-1945 et 1951-1955). Ce démocrate lui a également exprimé publiquement son soutien pour la prochaine élection présidentielle.

« Il sait que les chefs d'État ont souvent eu à choisir entre le bien et le mal, entre la tyrannie et la liberté. Et que leur choix peut se répercuter sur les générations à venir. C'est un président qui a un peu de Churchill en lui, et qui ne recule pas lorsque les choses se compliquent. Un président qui peut prendre une décision. Un président qui peut regarder l'Amérique dans les yeux et dire en parlant de l'Irak: "Nous ne partirons pas". »
Zell Miller, sénateur démocrate de Georgie, dans un texte publié dans The Wall Street Journal

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. Dans la même enquête d'opinion, les électeurs démocrates le voient comme étant « effronté », « arrogant » et « abruti ». Récemment, les avis de décès d'Américains demandaient de ne pas faire livrer de fleurs, mais plutôt d'envoyer des dons à toute association visant à bloquer la réélection de George W. Bush. Il existe également un site Internet visant le même objectif.

Même s'il maîtrise mal la langue de Shakespeare, il est un orateur qui touche les Américains. Plusieurs des discours qu'il a prononcés ont été importants. Mais sa tendance à faire des bourdes est quasi légendaire. Moins cultivé que son père, certains n'ont pas hésité à le traiter de « poids plume intellectuel ». Mais surtout, plusieurs analystes critiquent son manque de culture internationale. Populiste, il affirme ne pas lire les journaux et préfère de loin les résumés concis à la lecture de rapports étoffés. Peu fervent des longues analyses, il se considère lui-même comme un décideur instinctif.

Plus conservateur que son père, George W. Bush est davantage perçu comme un héritier spirituel de l'ancien président républicain Ronald Reagan. Dwight Eisenhower (1955-1961) est toutefois celui qu'il admire, au point d'avoir fait mettre à la Maison-Blanche un portrait et un buste de bronze de ce dernier.

Profondément croyant

« La liberté et la peur, la justice et la cruauté ont toujours été en guerre, et nous savons que Dieu n'est pas neutre entre eux. [...] Que Dieu veille sur les États-Unis d'Amérique. »
(septembre 2001)

Peu de présidents américains ont affirmé publiquement leur foi avec autant d'intensité. Mari modèle, père de famille dévoué, George W. Bush a redécouvert Dieu à l'aube de la quarantaine. L'ancien alcoolique affirme même avoir cessé de boire grâce à Jésus. En décembre 2000, à un journaliste qui lui demandait de nommer le philosophe qui avait eu le plus d'influence dans sa vie, il a répondu: « Le Christ, parce qu'il a changé mon coeur. »

Converti au méthodisme, la religion de sa femme, il lit la Bible tous les jours. Toutes les réunions de son cabinet débutent par une prière. Après les écarts de conduite de son prédécesseur démocrate, Bill Clinton, ce « politicien moral » a été accueilli à bras ouverts par une partie de l'électorat plus conservatrice. Et les fondamentalistes religieux ont trouvé chez le résident de la Maison-Blanche une oreille attentive.

« Mal élu par les électeurs, George W. Bush n'en passe pas moins pour l'élu de Dieu aux yeux des évangélistes américains — dont il a réussi à capter les trois quarts des suffrages. »
Le Nouvel Observateur, février-mars 2003

Loin de se limiter à sa vie personnelle, ses convictions religieuses colorent sa vision du monde et le rôle que les États-Unis doivent y jouer. Une situation qui se reflète dans ses allocutions et qui influence sa politique intérieure comme sa politique étrangère.

« Nous tenons ferme sur la voie du djihad, conformément à la tradition du prophète, et sous la conduite du commandant des croyants », rétorquait ben Laden dans cette guerre de mots et de dieux.

En 2002, George W. Bush, pour justifier les interventions militaires, parlait de défendre la liberté, ce « don de Dieu à l'humanité, Dieu qui est derrière toute vie et toute l'Histoire ». Ses discours, qui s'achèvent tous par la fameuse formule « God Bless America », sont truffés de références à Dieu (un Dieu qui n'est pas neutre), à sa foi et sa vision de la religion. Sans oublier des expressions passées à l'histoire dans la foulée du 11 septembre 2001, comme la « lutte du bien contre le mal », les « méchants », « l'axe du mal », etc. Pas étonnant de la part d'un homme qui a déclaré publiquement être investi d'une mission divine.



L'homme de famille

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