Février 2002
Journaliste : Florence Meney

En 1998, on comptait 609 bandes au Canada.

Ce mal qui ronge les jeunes autochtones du Québec

Des causes complexes

 

« Quand on enlève sa culture à un peuple, qu'on lui impose les réserves, des lois spécifiques et une éducation différente dans des pensionnats éloignés, cela entraîne des frustrations immenses, qui dégénèrent en problèmes sociaux. »
— Michèle Audette, présidente de l'Association des femmes autochtones du Québec.

 

« Leur paradis sauvage peut se muer en prison. » (Marie-Claude Malboeuf, journaliste, extrait d'un reportage Vivre à Maliotenam, 2000)

Dans bien des cas, les autochtones retracent la source de leurs problèmes au déracinement, à l'aliénation par rapport à leur culture. Des groupes entiers ont été transplantés, souvent isolés, et le lien entre les générations a souvent été brisé; les plus jeunes, imprégnés de culture « moderne », ne comprennent plus les générations précédentes et ne savent plus ou se situer. Pour bien des parents, la jeune génération est aspirée, engloutie dans la culture canadienne et nord-américaine majoritaire, une culture qui pourtant refuse de les considérer comme des égaux.

Aussi, souvent évoqué comme une cicatrice importante : le séjour forcé de plusieurs générations d'autochtones dans les pensionnats dirigés par des Blancs. Entre 1950 et 1996, près de 100 000 enfants autochtones ont été placés et ce, souvent contre leur gré, dans des pensionnats autochtones dirigés par l'Église sous compétence fédérale. Aujourd'hui, des milliers d'entre eux réclament des dédommagements auprès d'Ottawa et de nombreuses églises canadiennes pour mauvais traitements physiques ou sexuels. Le total des poursuites : des milliards de dollars.

Dans bien des cas, ces anciens pensionnaires disent avoir transmis à leurs enfants la chaîne de la violence et, avec elle, celle de la dépendance et de la maladie mentale.

Affaire des pensionnaires autochtones victimes de sévices
(Site des nouvelles de Radio-Canada, 18 août 2001)


Au sujet des dédommagements :
- Le gouvernement fédéral et les congrégations religieuses ont tenté de trouver un terrain d'entente pour déterminer quelle part de responsabilité incombe à chacun.
- Ne voulant plus attendre, Ottawa a décidé en 2001 unilatéralement de payer 70 % des ententes conclues hors cours.
- Le gouvernement propose donc aux autochtones de réclamer les 30 % restant auprès des églises, sans savoir si elles accepteront.

Fondation autochtone de guérison
Énoncé de vision, de mission et de valeur (Extrait) :
Dans notre vision d’avenir, ceux qui ont été affectés par les abus sexuels et physiques subis dans les pensionnats ont confronté les expériences traumatisantes qu’ils ont vécues et ont guéri une grande partie de leurs blessures. Ils ont brisé le cycle des abus et ont développé, de manière significative, leurs capacités au niveau individuel, familial, communautaire et national, jetant ainsi les bases d’un plus grand bien-être pour eux-mêmes et les générations futures. Notre mission est d’appuyer les peuples autochtones et de les encourager à concevoir, développer et renforcer des démarches de guérison durables qui s’attaquent aux effets des abus sexuels et physiques subis dans les pensionnats, y compris les répercussions intergénérationnelles.


Extrait du Journal Le Devoir, 7 mai 2001 :
«  Une “ Commission Vérité et Réconciliation ” pourrait-elle aider à guérir la blessure que des générations d'élèves autochtones ont subie dans des pensionnats religieux ? Mgr Desmond Tutu, qui a présidé une institution analogue en Afrique du Sud, pense que le Canada pourrait avantageusement y songer. »

 

Florent Vollant :
« Ça y allait, c'était à coups de poings même, je dirais... Ah, j'ai revolé, moi... alors t'as des tas de séquelles, c'est évident ».

 

 

Dans la petite réserve de Wemontacie, communauté Atikamek (au nord de La tuque), on évoque aussi ce lourd passé des pensionnats :
Alfred Birothé, devenu policier, rapporte avoir beaucoup souffert de cette privation de parents, de valeurs et de culture. De retour dans leur communauté, ces jeunes n'ont pas su s'intégrer, ni mener une vie normale, ni ensuite devenir des parents fonctionnels.

suite :
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