Ce mal qui ronge les jeunes autochtones
du Québec
Des causes complexes
« Quand on enlève
sa culture à un peuple, qu'on lui impose les
réserves, des lois spécifiques et une
éducation différente dans des pensionnats
éloignés, cela entraîne des frustrations
immenses, qui dégénèrent en problèmes
sociaux. »
— Michèle Audette, présidente de
l'Association des femmes autochtones du Québec.
« Leur paradis
sauvage peut se muer en prison. »
(Marie-Claude Malboeuf, journaliste,
extrait d'un reportage Vivre à Maliotenam,
2000)
 
Dans bien des cas, les autochtones retracent
la source de leurs problèmes au déracinement,
à l'aliénation par rapport à leur
culture. Des groupes entiers ont été transplantés,
souvent isolés, et le lien entre les générations
a souvent été brisé; les plus jeunes,
imprégnés de culture « moderne »,
ne comprennent plus les générations précédentes
et ne savent plus ou se situer. Pour bien des parents,
la jeune génération est aspirée,
engloutie dans la culture canadienne et nord-américaine
majoritaire, une culture qui pourtant refuse de les
considérer comme des égaux.
Aussi, souvent évoqué comme
une cicatrice importante : le séjour forcé
de plusieurs générations d'autochtones
dans les pensionnats dirigés par des Blancs.
Entre 1950 et 1996, près de 100 000 enfants autochtones
ont été placés et ce, souvent contre
leur gré, dans des pensionnats autochtones dirigés
par l'Église sous compétence fédérale.
Aujourd'hui, des milliers d'entre eux réclament
des dédommagements auprès d'Ottawa et
de nombreuses églises canadiennes pour mauvais
traitements physiques ou sexuels. Le total des poursuites
: des milliards de dollars.
 
Dans bien des cas, ces anciens pensionnaires
disent avoir transmis à leurs enfants la chaîne
de la violence et, avec elle, celle de la dépendance
et de la maladie mentale.
Affaire
des pensionnaires autochtones victimes de sévices
(Site des nouvelles de Radio-Canada,
18 août 2001)
Au sujet des dédommagements :
- Le gouvernement fédéral
et les congrégations religieuses
ont tenté de trouver un terrain d'entente
pour déterminer quelle part de responsabilité
incombe à chacun.
- Ne voulant plus attendre, Ottawa a décidé
en 2001 unilatéralement de payer
70 % des ententes conclues hors cours.
- Le gouvernement propose donc aux autochtones
de réclamer les 30 % restant
auprès des églises, sans savoir
si elles accepteront.
Fondation autochtone de
guérison
Énoncé de vision, de mission
et de valeur (Extrait) :
Dans notre vision d’avenir, ceux qui
ont été affectés par
les abus sexuels et physiques subis dans
les pensionnats ont confronté les
expériences traumatisantes qu’ils
ont vécues et ont guéri une
grande partie de leurs blessures. Ils ont
brisé le cycle des abus et ont développé,
de manière significative, leurs capacités
au niveau individuel, familial, communautaire
et national, jetant ainsi les bases d’un
plus grand bien-être pour eux-mêmes
et les générations futures.
Notre mission est d’appuyer les peuples
autochtones et de les encourager à
concevoir, développer et renforcer
des démarches de guérison
durables qui s’attaquent aux effets
des abus sexuels et physiques subis dans
les pensionnats, y compris les répercussions
intergénérationnelles.
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Extrait du Journal Le Devoir, 7
mai 2001 :
« Une “ Commission Vérité
et Réconciliation ” pourrait-elle aider
à guérir la blessure que des générations
d'élèves autochtones ont subie dans des
pensionnats religieux ? Mgr Desmond Tutu, qui a
présidé une institution analogue en Afrique
du Sud, pense que le Canada pourrait avantageusement
y songer. »
Florent
Vollant :
« Ça y allait, c'était à
coups de poings même, je dirais... Ah, j'ai
revolé, moi... alors t'as des tas de séquelles,
c'est évident ».
Dans la petite réserve de
Wemontacie, communauté Atikamek (au nord de La
tuque), on évoque aussi ce lourd passé
des pensionnats :
Alfred Birothé, devenu policier, rapporte avoir
beaucoup souffert de cette privation de parents, de
valeurs et de culture. De retour dans leur communauté,
ces jeunes n'ont pas su s'intégrer, ni mener
une vie normale, ni ensuite devenir des parents fonctionnels.
suite :
Les pistes de solutions
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