Projet de carte d'identité nationale
Prenez note que cet article publié en 2003 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le ministre de l'Immigration Denis Coderre propose l'adoption d'une carte d'identité nationale qui comporterait les empreintes digitales ou l'image de l'iris de son détenteur.
À Ottawa, à la Commission parlementaire sur la citoyenneté et l'immigration se discute un projet de loi déposé par Denis Coderre sur la création d'une carte d'identité nationale. Selon le ministre, cette carte, qui comprendrait photo, signature, empreintes digitales ou image de l'iris du détenteur, permettrait de réduire les problèmes que rencontrent les Canadiens à la frontière américaine tout en apaisant les craintes des États-Unis en matière de sécurité.
Actuellement, la carte à laquelle a accès tout citoyen canadien contient une photo et une signature. L'idée de créer une nouvelle carte d'identité nationale a fait l'objet de discussions lors d'une rencontre entre le ministre canadien des Affaires étrangères, Bill Graham, et le secrétaire d'État américain Colin Powell. Une telle carte soulève toutefois des enjeux importants concernant le droit à la vie privée des citoyens.
Le commissaire à la vie privée, George Radwanski, s'oppose d'ailleurs férocement à l'instauration d'une telle carte, soutenant qu'elle retirerait le droit à l'anonymat du citoyen, sans lui procurer plus de sécurité. Tout comme la ministre Élinor Caplan, il croit que le passeport suffit à remplir cette fonction.
Il relève par ailleurs que les États-Unis sont beaucoup plus susceptibles que le Canada d'abriter des terroristes et qu'ils n'imposent pas de carte semblable à ses citoyens.
M. Radwanski craint que les informations recueillies pour des questions de sécurité soient utilisées à d'autres fins.
Dans son rapport, il fait le portrait cauchemardesque d'un Canada où les conversations téléphoniques, les courriels et les habitudes de voyages des citoyens seraient surveillés et compilés dans une immense base de données.
Ces mises en garde ont été rejetées par les ministre Coderre et du Transport, David Collenette, et l'Alliance canadienne.
Le chef du Bloc québécois prétend, pour sa part, qu'en créant une telle carte, le Canada se soumet aux diktats des Américains.
Le ministre Coderre a souligné que la carte d'identité nationale pourrait répondre aux plaintes des citoyens canadiens quant aux traitements qu'ils subissent de la part des douaniers à la frontière américaine. En effet, depuis l'instauration du programme américain de surveillance des points d'entrée du pays, le National Security Entry-Exit System (NSEERS), les étrangers nés en Iran, en Libye, en Syrie ou au Soudan sont systématiquement fichés et leurs empreintes digitales sont prises. Les autres visiteurs qui présentent un risque pour la sécurité nationale subissent le même traitement. En novembre dernier, déjà 1400 Canadiens auraient été fichés, selon Rodney Moore, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Pour éviter cette discrimination ethnique, qui avait outré le ministre Coderre, ce dernier a indiqué que le lieu de naissance n'apparaîtrait pas sur la carte d'identité nationale.