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Conférence de l'ONU sur les changements climatiques

Radio-Canada

Les attentes étaient élevées, et, pour certains, hors d'atteinte. Mais le défi a été relevé: la planète s'est engagée à continuer sa lutte pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Obtenu à l'issue de deux semaines de négociations et d'une ultime nuit de tractations, le plan de Montréal donne un second souffle au protocole de Kyoto, qui vient à échéance en 2012.

Même les écologistes sont sortis satisfaits de la Conférence de l'ONU sur les changements climatiques, qui a réuni à Montréal des représentants de 189 pays, du 28 novembre au 10 décembre.

« Nous avons complété notre marathon de Montréal, mais la route est si longue devant nous. Grâce au plan de Montréal, nous allons la faire ensemble, cette route. Oui, nous allons réconcilier l'humanité avec sa planète », a déclaré le ministre de l'Environnement du Canada et président de la Conférence, Stéphane Dion.

« Deux trains en gare »

Avec ses 10 000 participants, cet événement était pour l'ONU le sommet le plus vaste depuis celui du Japon, qui a mené 159 États, en 1997, à adopter le protocole sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), comme le dioxyde de carbone (CO2), le méthane et le protoxyde d'azote.

La rencontre de Montréal aurait pu mener à un consensus sans aucun mordant ou à un plan d'action si contraignant qu'il se serait avéré l'inefficace. Le résultat se situe quelque part entre les deux et, malgré les tentatives des États-Unis pour bloquer le processus, on peut parler d'un succès.

En fait, explique le météorologue de Radio-Canada Pascal Yiacouvakis, « il y avait deux trains à Montréal ». D'une part, c'était la 11e rencontre des pays ayant adhéré à la convention de Rio, adoptée en 1992 au Brésil, et n'exigeant aucune action des pays visés.

D'autre part, il y avait un deuxième « train », avec à son bord les signataires du protocole de Kyoto, qui ont adopté en 1997 des cibles précises pour réduire leurs émissions de GES.

Kyoto prend vie

Le protocole de Kyoto est entré en vigueur en février, mais ses mécanismes de fonctionnement (ébauchés lors des Accords de Marrakech, en 2001) ont été achevés avec le plan de Montréal.

« Les signataires ont mis du carburant pour que le protocole aille plus vite et pour que le train entre bel et bien en gare en 2012, résume Pascal Yiacouvakis. Comment pouvait-on établir des objectifs pour la suite si on ne s'assurait pas que ceux de Kyoto seraient atteints? »

Plus de 40 décisions ont donc été adoptées pour baliser l'application de l'entente de Kyoto, dont:

  • Échanges de carbone
    Par le biais de « bourses du carbone », ce mécanisme permettra aux pays qui dépassent leurs objectifs en matière d'émission de GES de vendre des crédits d'émissions aux pays plus pollueurs.
  • Mécanisme de développement propre
    Les pays industrialisés qui investissent dans des technologies propres dans les pays en développement verront la réduction des émissions de GES portées à leur crédit. On a par exemple parlé de projets hydroélectriques au Honduras et d'énergie éolienne en Chine, afin de réduire l'utilisation de combustibles fossiles. Jusqu'à maintenant, une quarantaine de ces projets ont été approuvés.
  • Désignation d'un chien de garde
    Les signataires de Kyoto rendront des comptes à un comité de contrôle, qui s'assurera qu'ils atteignent leurs objectifs. Les pays qui ne le font pas seront passibles de sanctions économiques et verront leurs objectifs d'après 2012 revus à la hausse.
  • Le protocole de Kyoto en bref

    Pour que le Protocole entre en vigueur, il devait être ratifié par au moins 55 pays, dont les émissions combinées représentent 55 % du total des émissions de 1990. 34 pays industrialisés, dont le Canada, le Japon, les pays de l'Union européenne et la Russie, l'ont fait, s'engageant à réduire conjointement d'ici 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % par rapport à leurs niveaux de 1990.

    Les objectifs varient toutefois selon les pays. Une centaine de pays en développement, dont la Chine, l'Inde, le Brésil, la Corée du Sud, l'Indonésie et l'Afrique du Sud, sont exemptés d'objectifs pour le moment. Ils sont conviés à contrôler leurs émissions de gaz à effet de serre et à établir des inventaires.

    Kyoto, phase deux

    « On se souviendra de la Conférence de Montréal comme celle où la planète a décidé d'aller plus loin dans la lutte aux changements climatiques », croit Steven Guilbeault, directeur de l'aile québécoise de Greenpeace.

    S'ils ne se sont pas fixé d'objectifs pour l'après-2012, les signataires de Kyoto se sont tout de même entendus sur la feuille de route qui lancera les discussions de la deuxième phase, soit l'horizon 2013-2017. Leurs travaux s'amorceront en mai 2006.

    Leur tâche est immense, puisqu'un consensus international émerge pour dire qu'il faudrait conclure au moins 10 traités comme celui de Kyoto...

    En outre, le plan de Montréal prévoit l'injection de fonds supplémentaires pour permettre aux pays les plus pauvres de s'adapter aux changements climatiques.

    Il a également été question de ce qu'on peut espérer des grands émetteurs de GES de demain, comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Par exemple, celui-ci a annoncé qu'il entend réduire de 30 % en trois ans le taux de déforestation de la forêt amazonienne, activité qui produit jusqu'à 75 % des émissions de gaz à effet de serre du pays.

    Certains pays émergents se sont dit prêts à amorcer des discussions pour se soumettre à des restrictions... à condition d'obtenir des compensations financières. Ultérieurement, il s'agira d'une étape incontournable: la Chine est déjà le deuxième producteur de gaz à effet de serre et, devant l'industrialisation de ce pays de 1,3 milliard d'habitants, la situation ne fera qu'empirer.

    « Dialogue pour des actions à long terme »

    « Le dialogue [...] ne débouchera sur aucune négociation susceptible de conduire à de nouveaux engagements », peut-on lire dans le plan de Montréal.

    La rencontre de Montréal a également fait une place aux pays opposés à Kyoto, comme les États-Unis, responsables du quart des émissions actuelles de GES, ou l'Australie, dans un plan d'action de coopération à long terme. Cette entente s'inscrit toutefois dans le cadre de la convention de Rio, qui n'est pas contraignante comme l'est le protocole de Kyoto. À ce chapitre, la Conférence a donc accouché d'un plan d'action édulcoré.

    Malgré tout, on peut y voir une bonne nouvelle, puisque le plan de Montréal ramène les États-Unis, en retrait depuis 2001, à la table des discussions sur la lutte contre le réchauffement climatique. Loin d'être clos, le débat sur les changements climatiques se poursuivra. Prochain rendez-vous: Nairobi, au Kenya, en 2006.

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