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Affaire Plame: Judith Miller emprisonnée

Radio-Canada

La journaliste du New York Times est condamnée pour avoir refusé de dévoiler ses sources, dans le cadre d'une enquête judiciaire sur le dévoilement du nom d'une agente de la CIA.

La liberté de la presse a pris un dur coup aux États-Unis, mercredi.

Un juge de Washington a condamné une journaliste du quotidien The New York Times, Judith Miller, pour avoir refusé de dévoiler ses sources dans le cadre d'une enquête judiciaire sur la fuite dans les médias du nom d'une agente de la CIA.

Mme Miller sera emprisonnée jusqu'à la fin du mandat du grand jury d'enquête, mené par le procureur indépendant Patrick Fitzgerald, en octobre prochain.

Son séjour en prison pourrait toutefois être écourté si elle accepte de dévoiler ses sources.

L'affaire, qui implique aussi le journaliste Matt Cooper, de l'hebdomadaire Time, remonte à la période précédant l'invasion de l'Irak par les États-Unis, au printemps 2003.

Les deux journalistes ont été condamnés tous deux à 18 mois de prison, une sentence confirmée en appel.

M. Cooper a toutefois accepté de témoigner devant le grand jury et de dévoiler ses sources, ce qui lui permet d'éviter la prison.

Déjà, la semaine dernière, Time avait cédé aux pressions de la justice en acceptant de remettre les notes de son journaliste, contre l'avis de celui-ci.

« Si on ne peut pas faire confiance aux journalistes pour qu'ils garantissent la confidentialité de leurs sources, alors les journalistes ne peuvent pas fonctionner. Il ne peut pas y avoir de presse libre », a déclaré Judith Miller devant le juge Thomas Hogan, mercredi.

Quant au procureur Fitzgerald, il a affirmé dans son argumentaire judiciaire que les journalistes n'étaient pas habilités à promettre la confidentialité à leurs sources. « Personne en Amérique n'a ce droit » a-t-il ajouté.

Jour sombre pour la liberté de la presse

Reporters sans Frontière (RSF) a estimé mercredi que l'incarcération de Judith Miller constituait un jour sombre pour la liberté de la presse. Selon l'organisme, il s'agit d'une « violation du droit international », d'un « dangereux précédent » et d'un « très mauvais signal envoyé par les États-Unis au reste du monde ».

RSF a appelé le Congrès américain à voter au plus vite les propositions de loi, présentées en février, qui reconnaissent aux journalistes le privilège du secret des sources au niveau fédéral.

Une fuite orchestrée?

Avant l'invasion de l'Irak, la Maison-Blanche a chargé le diplomate Joseph Wilson d'enquêter sur des informations faisant état des tentatives de Saddam Hussein de se procurer de l'uranium enrichi au Niger. Après une mission dans ce pays, M. Wilson est parvenu à la conclusion que ces accusations n'étaient pas fondées.

George W. Bush a néanmoins utilisé ces informations dans son discours sur l'état de l'Union, en janvier 2003, pour justifier en partie l'intervention militaire à venir contre l'Irak. M. Wilson, très critique de la rhétorique américaine, a alors transmis à la presse les résultats de sa mission, contredisant les affirmations du président.

Quelques jours plus tard, le chroniqueur conservateur Robert Novak, proche de l'administration Bush, rapportait que la femme de M. Wilson, Valerie Plame, était une agente secrète de la CIA spécialisée dans les armes de destruction massive.

Puis, le magazine Time et le quotidien New York Times ont avancé que la Maison-Blanche avait orchestré cette fuite en guise de vengeance contre M. Wilson.

Or, la législation américaine interdit de révéler le nom des agents secrets, une infraction passible d'une peine maximale de 10 ans de prison. Une enquête indépendante a été ordonnée par le département de la Justice pour trouver la source de la fuite.

Un conseiller de Bush mis en cause

Dans son édition de cette semaine, Newsweek confirme les allégations de M. Wilson, selon qui le conseiller en communications du président Bush, Karl Rove, est l'auteur de la fuite.

Le magazine se base sur des courriels remis par le magazine Time au tribunal chargé de cette affaire.

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