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L'insurrection s'étend en Ouzbékistan

Radio-Canada

Le président Karimov accuse les islamistes de Hizbi Tahrir d'être à l'origine de la révolte, qui aurait fait des centaines de morts à Andijan et qui gagne maintenant une région frontalière avec le Kirghizistan.

En Ouzbékistan, le mouvement de révolte a gagné samedi une région frontalière avec le Kirghizistan. La veille, l'armée a ouvert le feu sur des milliers de manifestants à Andijan, quatrième ville dans l'est du pays. Selon une organisation des droits de l'homme, l'insurrection armée aurait fait jusqu'à 500 morts.

Des personnes ayant fui les troubles à Andijan ont construit un pont au-dessus de la rivière scindant Kara-Suu, une petite ville frontalière de l'Ouzbékistan et du Kirghizistan. Deux voitures de police ont été détruites par des manifestants.

En outre, les autorités du Kirghizistan ont annoncé que plus de 600 Ouzbeks ont traversé leur frontière, fermée officiellement depuis vendredi. Plusieurs d'entre eux seraient blessés, dont certains gravement.

Des gardes-frontières du Kirghizistan ont confirmé une réouverture temporaire de la frontière à Kara-Suu, dimanche, afin de laisser passer les clients des traditionnels bazars dans la région. Pour une durée de cinq jours, les Ouzbeks pourront traverser cette limite sur présentation de leur passeport et après avoir été fouillés.

Environ 4000 autres personnes seraient massées dans un village frontalier dans l'espoir de trouver refuge au Kirghizistan. Ils se seraient attaqué à des symboles du gouvernement.

L'Ouzbékistan a fermé de facto sa frontière avec le Tadjikistan, un autre pays où l'agitation islamiste est réprimée par les autorités.

Le président Karimov accuse les islamistes

Samedi, le président ouzbek Islam Karimov a assuré que la police et l'armée n'avaient pas reçu l'ordre de tirer sur quelque 3000 manifestants et rebelles rassemblés à Andijan. Visiblement irrité, le président ouzbek a plutôt attribué aux islamistes du groupe Hizbi Tahrir les violences meurtrières.

« Leur objectif est d'unir les musulmans là-bas, de créer un califat musulman gouverné par les lois de la charia [...] et de renverser nos autorités régionales et notre constitution », a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Tachkent, la capitale.

Le mouvement islamiste Hizbi Tahrir, interdit en Ouzbékistan, a démenti les accusations de Karimov. « Le massacre à Andijan est le dernier chapitre de la campagne brutale de torture, d'intimidation et d'assassinats de Karimov contre ceux qui osent dénoncer sa corruption, sa tyrannie », a dénoncé l'organisation dans un communiqué publié depuis ses bureaux de Londres.

L'organisation affirme qu'elle souhaite renverser le régime ouzbek par des moyens pacifiques.

Affrontements: des bilans encore nébuleux

Par ailleurs, le président ouzbek a confirmé que 10 policiers et soldats ont été tués et une centaine d'autres blessés dans les affrontements. Il a également affirmé qu'un nombre plus important de rebelles ont été tués, mais n'a fait aucune mention de victimes civiles. Officiellement, l'insurrection a fait une trentaine de morts, incluant la dizaine de soldats.

Mais un responsable local du groupe de défense des droits de l'Homme Appeal a déclaré que le nombre total de morts pourrait atteindre les 500. Son estimation est fondée sur des conversations avec des témoins et sur ses propres observations.

Un autre militant des droits de l'Homme a assuré avoir vu environ 300 cadavres chargés à l'aube par des soldats.

Les bilans des affrontements demeurent toujours très difficiles à établir car les autorités ouzbèkes ont expulsé les journalistes encore présents à Andijan. Quant aux médias ouzbeks, ils sont étroitement contrôlés par les autorités de Tachkent, et n'ont pas rendu compte des troubles.

Vendredi, des rebelles ont pris d'assaut une garnison et une prison de haute sécurité, d'où ils ont libéré des centaines de détenus. Des milliers de manifestants sont venus les appuyer, notamment pour protester contre le procès de 23 personnes accusées de propager des idées islamistes radicales. Cette rébellion a été réprimée dans le sang par les policiers et les militaires ouzbeks.

Les États-Unis, qui disposent d'une base aérienne en Ouzbékistan depuis son indépendance de l'ex-URSS, en 1991, ont fait part vendredi de leur « préoccupation ». L'Ouzbékistan compte parmi les alliés de Washington dans la lutte contre le terrorisme.

Depuis son indépendance, l'ex-république d'Asie centrale est dirigée d'une main de fer par le président Karimov, accusé par les défenseurs des droits de l'Homme de cautionner la torture dans ses prisons et de lutter sans ménagement contre tout opposant.

L'Ouzbékistan est un pays agricole de 26 millions d'habitants, en plus d'être riche en gaz.

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