Des milliers de Moscovites unis contre la terreur
Prenez note que cet article publié en 2004 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre le terrorisme à Moscou, tandis que la ville de Beslan continue d'enterrer les victimes de la prise d'otages de la semaine dernière.
En Russie, plus de 100 000 personnes se sont rassemblées à Moscou, près du Kremlin, pour une grande manifestation contre le terrorisme, trois jours après la plus sanglante prise d'otages de l'histoire du pays, survenue vendredi à l'école de Beslan.
L'événement, initié par la mairie de Moscou et les organisations sociales officielles, se veut également, selon les autorités russes, une manifestation d'appui au président Vladimir Poutine, abondamment critiqué ces derniers jours pour son incapacité à mater les rebelles tchétchènes.
Un important dispositif de sécurité a été mis en place sur les lieux de l'événement. Des centaines de policiers et de militaires ont été déployés, aidés de chiens renifleurs pour détecter la présence d'éventuels explosifs. Aucun incident n'est venu perturber l'événement.
Une manifestation critiquée
La presse russe libérale dénonce toutefois cette manifestation organisée par l'entourage du gouvernement Poutine qui chercherait, selon elle, à récupérer la tragédie de Beslan dans le but d'intensifier l'appui de la population russe contre les Tchétchènes.
Dans une entrevue accordée à des journalistes étrangers, le président russe Vladimir Poutine a écarté toute enquête publique sur la prise d'otages et rejeté toute négociation avec les indépendantistes tchétchènes.
Deuil national en Russie
Par ailleurs, toute la Russie observe une deuxième journée de deuil national à la mémoire des 335 otages tués à Beslan, un bilan toujours provisoire. Le dénouement tragique de la prise d'otages a également fait 500 blessés.
En Ossétie du Nord, c'est dans la douleur et la colère que les habitants de Beslan continuent d'enterrer les victimes de la plus meurtrière prise d'otages de l'histoire. Dans tout le pays, les drapeaux sont en berne.
À Saint-Pétersbourg, environ 15 000 personnes, répondant à l'appel de l'administration locale, ont participé, lundi, à une manifestation contre le terrorisme.
Le seul membre du commando capturé vivant a endossé la thèse du gouvernement russe affirmant que les dirigeants tchétchènes Aslan Maskhadov et Chamil Bassaïev étaient à l'origine de la prise d'otages.
La version officielle contestée
Un des négociateurs, l'ancien président ingouche Rouslan Aouchev, a brouillé les cartes en affirmant que la fusillade avait été déclenchée non par les preneurs d'otages, comme le dit la version officielle, mais par des groupes de civils en armes, postés autour de l'école.
Selon lui, des pourparlers étaient en cours lorsque ces civils ont ouvert le feu. Les ravisseurs, croyant qu'un assaut était lancé, ont déclenché leurs explosifs, contraignant les forces spéciales russes à attaquer.
De nombreux journaux ont demandé des explications du gouvernement. « Qui a dirigé les opérations pendant la prise d'otages de Beslan? », « Où étaient les ministres-clés? », « Comment une telle tragédie a-t-elle été possible? », titraient plusieurs quotidiens lundi.
Les familles des victimes ont demandé, quant à elles, la création d'une commission indépendante qui pourrait assister aux travaux de la commission d'enquête officielle et, surtout, prendre connaissance de la transcription des pourparlers avec les ravisseurs.
Le reportage de Catherine François
Entrevue de Jean Dussault avec Boris Toumanov, journaliste à l'hebdomadaire russe Temps nouveaux, sur la réaction de la presse russe au drame de Beslan