L'Europe lève son moratoire sur les OGM
Prenez note que cet article publié en 2004 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Faute d'accord entre les pays-membres, c'est finalement la Commission européenne qui a tranché en autorisant la levée du moratoire sur les OGM et en autorisant l'importation du maïs transgénique bt11.
La Commission européenne a levé, mercredi, son moratoire de 1999 sur les organismes génétiquement modifiés en autorisant l'importation et la commercialisation d'une variété de maïs transgénique, le bt11, conçu par la firme suisse Syngenta.
Cette décision, qui ne manquera pas de soulever la controverse en raison de la forte opposition des groupes de consommateurs, des écologistes et de nombreux pays de l'Union européenne, survient au lendemain de l'entrée en vigueur, le 18 avril, d'une nouvelle législation très stricte sur l'étiquetage et la traçabilité des OGM.
Selon le commissaire européen chargé de la santé et de la protection des consommateurs, l'Irlandais David Byrne, « il a été scientifiquement établi que ce maïs est aussi sûr que le maïs classique », positionnant ainsi le débat non pas au niveau de la sécurité alimentaire, mais plutôt du côté du choix des consommateurs.
Pas dans mon assiette
La décision de la Commission européenne n'aura d'ailleurs initialement qu'une portée symbolique, les aliments transgéniques n'ayant pratiquement aucun marché en Europe en raison de leur rejet massif par les consommateurs.
Malgré cela, le feu vert au bt11, qui ne signifie toutefois pas que la Commission permettra la semence et la culture d'OGM en Europe, suscite l'hostilité de groupes de consommateurs et d'organisations écologistes européennes.
D'importantes lacunes scientifiques
Des écologistes estiment en effet, contrairement à ce qu'affirme le commissaire Byrne, que le dossier du maïs bt11 présente de nombreuses lacunes scientifiques et s'appuient entre autres sur un avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) qui a jugé insuffisant les tests sur les animaux.
L'un des experts français des OGM, Gilles-Éric Séralini, confiait d'ailleurs au quotidien Le Monde que les essais de 90 jours sur les animaux de laboratoire, « chers et souvent conduits a minima », ne sont pas obligatoires.
Seuls la France, l'Autriche, la Grèce, le Portugal, le Danemark et le Luxembourg avaient voté contre l'autorisation.
Le reportage de Robert Houle