Irak : Britanniques et Américains pris pour cibles

En 24 heures, plusieurs attaques ont été lancées contre des soldats de la coalition : six ont été tués et une dizaine blessés. Par ailleurs, les autorités renforcent la sécurité autour des installations énergétiques, également la cible des fidèles de Saddam Hussein.

En Irak, les attaques contre les soldats de la coalition américano-britannique se sont poursuivies, mardi. Quelque 25 attaques distinctes en 24 heures ont tué six Britanniques, cinq Irakiens et blessé une dizaine de militaires coalisés.

Pour la première fois depuis le 1er mai, des soldats du contingent britannique en Irak ont été tués dans un accrochage avec des forces fidèles à Saddam Hussein. Sans donner plus de détails, le bureau du premier ministre Tony Blair a indiqué, mardi, que six militaires britanniques ont perdu la vie près d'Al-Amarah, au nord de la ville de Bassorah.

Un second accrochage dans le même secteur, pratiquement en même temps, a fait, quant à lui, huit blessés parmi les Britanniques. Alors qu'un échange de tirs blessait un soldat, un hélicoptère appelé en renfort est tombé sous le feu irakien. Sept de ses occupants ont été blessés, dont trois grièvement.

Les positions américaines n'ont pas davantage été épargnées par les attaques-surprise des résistants irakiens.

À Ramadi, à quelque 100 kilomètres à l'ouest de Bagdad, deux barrages routiers ont été attaqués peu de temps avant l'aube, mardi. Au cours de la fusillade qui s'en est suivi, quatre assaillants irakiens ont été tués et deux soldats américains ont été blessés.

Toujours dans la nuit de lundi à mardi, une attaque au lance-roquettes a été lancée contre des soldats américains qui gardaient la centrale électrique de Falloujah, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale. Dans la même localité, le bureau du maire a aussi été pris pour cible par des tirs de RPG. Un Irakien de 28 ans, qui se trouvait sur le pas de sa porte, a été tué par les forces américaines lors des recherches pour débusquer les assaillants.

Augmentant d'autant plus le climat d'insécurité, les troupes américaines ont aussi été attaquées, toujours lundi et mardi, dans au moins trois autres villes de l'ouest irakien. Dans la capitale même, les attaques contre des positions et des convois militaires américains se sont multipliées.

Depuis la chute de Bagdad, le 9 avril, les tirs hostiles contre les forces de la coalition ont fait 53 victimes parmi les soldats américains.

Sécurité renforcée le long des oléoducs et des gazoducs

À cette insécurité permanente, à laquelle les Bagdadis sont eux-mêmes confrontés, s'ajoute la pénurie d'électricité. En effet, en raison d'une panne dans la principale station de distribution d'électricité et d'un attentat contre un gazoduc, la capitale en est privée.

Devant la multiplication des attaques contre les oléoducs et les gazoducs, les responsables des ressources énergétiques ont décidé de doubler à 6000 le nombre de gardes chargés de surveiller les installations. La tâche est démesurée, puisqu'il faut contrôler 7000 kilomètres de canalisation.

Conférence préparatoire à New York

L'insécurité a d'ailleurs été l'un des thèmes abordés lors d'une réunion informelle sur la reconstruction de l'Irak, qui a eu lieu mardi au siège des Nations unies à New York. La conférence, à laquelle participaient 52 pays et les organismes financiers internationaux, visait à préparer une conférence des donateurs prévue en octobre prochain.

La plupart des participants ont demandé à l'administration intérimaire de la coalition de présenter à cette date un budget complet. Selon un diplomate occidental, on a également insisté sur la nécessité de mettre en place au plus vite une autorité irakienne représentative.

Reportage de Daniel Coulon sur les attaques anti-britanniques et la comparution du ministre des Affaires étrangères Jack Straw devant un comité des Communes au sujet de la controverse sur les armes de destruction massive en Irak