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L'attentisme prévaut

Radio-Canada

Le couvre-feu destiné à éviter de nouveaux épisodes de violence entre chiites et sunnites a permis d'empêcher tout débordement au lendemain de la condamnation à mort de l'ancien dictateur irakien.

À Bagdad, la situation était calme, lundi, au lendemain de la décision du Haut Tribunal pénal irakien de condamner l'ancien dictateur Saddam Hussein à la mort par pendaison.

Le couvre-feu destiné à éviter de nouveaux épisodes de violence entre opposants chiites et sunnites a été levé à 16 h, heure locale, tant à Bagdad que dans les provinces de Diala et de Salaheddine.

Seuls les piétons peuvent déambuler dans les rues pour le moment. Les véhicules pourront circuler à nouveau à compter de 6 h mardi matin.

Le couvre-feu a également entraîné la fermeture de l'aéroport international de Bagdad et des frontières terrestres avec la Jordanie. La levée de ces deux mesures demeure incertaine.

La condamnation de Saddam Hussein, un sunnite, a été accueillie avec joie par les chiites, persécutés lors du règne du raïs irakien. De nombreux sunnites ont toutefois eu des réactions de colère.

Verdict final à venir

Malgré le prononcé de la sentence du juge Raouf Rachid Abdel Rahmane, Saddam Hussein ne sera pas pendu avant quelques semaines encore. Les statuts du tribunal prévoient un appel automatique en cas de condamnation à mort.

Les neuf juges de la Chambre d'appel doivent recevoir les dossiers du Haut Tribunal pénal irakien d'ici 10 jours et le procureur disposera de 20 jours pour soumettre sa recommandation.

La Chambre d'appel pourra ensuite prendre le temps qu'elle souhaite pour délibérer. Si elle estime qu'une erreur de procédure a eu lieu ou que des règles de droit n'ont pas été respectées, un nouveau procès aura lieu. Si elle confirme la sentence, Saddam Hussein sera exécuté dans les 30 jours suivant la décision.

Le responsable de la défense de Saddam Hussein, Khalil al-Doulaïmi, ne cache pas qu'il fonde peu d'espoir dans le processus. « Mon expérience avec ce tribunal a montré qu'on ne gagne rien en faisant appel, car il s'agit d'un tribunal politique », a-t-il dit.

Entre-temps, Saddam Hussein devra à nouveau se présenter devant le tribunal mardi. Il doit répondre, avec six de ses lieutenants, de génocide contre les Kurdes pour les campagnes militaires dites d'Anfal, en 1987-1988. Selon l'accusation, cette campagne a fait plus de 180 000 morts au Kurdistan.

Saddam Hussein a été condamné à mort par pendaison pour le massacre de 148 villageois chiites dans le village de Doujaïl en 1982. L'opération avait également donné lieu à la destruction de maisons et de cultures, et l'exil obligé, pendant quatre ans, des autres résidents du village.

Ces actions faisaient suite à une attaque contre un convoi présidentiel. Saddam Hussein a dirigé l'Irak de 1979 à 2003, soit jusqu'à l'invasion américaine qui a conduit à la chute de son régime.

Une peine contestée

La décision de mettre à mort l'ancien président irakien continue de susciter de multiples commentaires. Le président de l'Irak, Jalal Talabani, qui est opposé à la peine de mort, a fait savoir qu'il s'absenterait pour ne pas signer le décret d'exécution. La tâche reviendra donc aux deux vice-présidents, l'un chiite, l'autre sunnite.

Questionné sur la position officielle d'Ottawa, le ministre des Affaires étrangères, Peter Mackay, a répondu lundi que le Canada était traditionnellement contre la peine de mort. Toutefois, tant que le processus n'est pas terminé, a-t-il dit, la question demeure hypothétique. « Nous voulons offrir nos félicitations au gouvernement irakien pour un processus transparent et efficace », s'est contenté d'affirmer M. Mackay.

À Londres, le premier ministre britannique Tony Blair a affirmé lundi qu'il était « contre la peine de mort [...], qu'il s'agisse de Saddam ou de n'importe qui d'autre ».

Il a toutefois ajouté que le procès du raïs avait permis de rappeler la « barbarie de son régime » et aidait à « montrer la voie vers le seul avenir [...] que veut le peuple irakien, qui est un Irak non sectaire, dans lequel les gens de différentes communautés vivent ensemble et décident de leur avenir via la démocratie ».

Dimanche, la ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, Margaret Beckett, avait salué la direction du Tribunal, sans mentionner l'opposition de principe de son gouvernement à la peine de mort.

Cette position tranche avec celle des autres pays européens, qui ont presque tous affirmé leur opposition à la peine de mort. Le Conseil de l'Europe et la Finlande, qui assume la direction de l'Union européenne, ont tous deux demandé à ce que Saddam Hussein ne soit pas exécuté.

Le ministre des Affaires étrangères de l'Italie, Massimo d'Alema, en a rajouté lundi, en disant que l'exécution de l'ancien président irakien constituerait une erreur « inacceptable », qui propulserait le pays dans une « véritable guerre civile ».

Les sentences

Saddam Hussein, ancien président de l'Irak: mort par pendaison

Taha Yassine Ramadan, ancien vice-président: prison à vie

Barzan Ibrahim Al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement irakiens: mort par pendaison

Awad Ahmed Al-Bandar, ancien juge du Trinubal révolutionnaire irakien: mort par pendaison

Abdallah Kadhem Roueid, ancien responsable du parti Baas pour la région de Doujaïl: 15 ans de prison

Mezhar Abdallah Roueid, ancien responsable du parti Baas pour la région de Doujaïl: 15 ans de prison

Ali Daeh Ali, ancien responsable du parti Baas pour la région de Doujaïl: 15 ans de prison

Mohammed Azzam al-Ali, ancien responsable du parti Baas pour la région de Doujaïl: acquitté, faute de preuve

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